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Meurtre de Marylène Lévesque: plus que jamais, une enquête externe est nécessaire

Ce n’est rien de moins que la protection de la société canadienne qui est en jeu, ultimement, si l’on veut éviter un autre drame comme celui-ci!
Marylène Lévesque a été assassinée le 22 janvier dernier.
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Marylène Lévesque a été assassinée le 22 janvier dernier.

Ce 22 juin, il y a exactement cinq mois que Marylène Lévesque, 22 ans, a été brutalement tuée dans un hôtel de Sainte-Foy avec plus de 30 coups de couteau par le délinquant fédéral en semi-liberté, Eustachio Gallese.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, ce meurtre tragique est tombé aux oubliettes, tout comme l’enquête interne menée par le Service correctionnel du Canada (SCC) et la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC), reportée aux calendes grecques.

La semaine dernière, dans le cadre des travaux du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, nous apprenions que l’enquête interne sur les circonstances qui ont mené au meurtre de la jeune femme était littéralement suspendue depuis le milieu du mois de mars en raison de la pandémie.

Conséquemment, il n’y a eu aucune action de la part du SCC et de la CLCC dans ce dossier depuis trois mois. De notre point de vue, cela est tout à fait inacceptable, car cette enquête est excessivement importante pour une revue des pratiques au SCC, à la CLCC et du processus de nominations des commissaires par le gouverneur en conseil, mais surtout pour les victimes et la famille de Marylène Lévesque, qui attendent, avec raison, des réponses.

Nous sommes en 2020 et les moyens technologiques existants auraient facilement permis de poursuivre l’enquête interne. D’ailleurs, ces mêmes moyens technologiques, tels que la visioconférence, sont pleinement utilisés par le SCC et la CLCC dans le cadre des audiences en libération conditionnelle de délinquants. Ils auraient pu être facilement utilisés pour poursuivre l’enquête tout en respectant les règles sanitaires en vigueur.

“Le meurtre de Marylène Lévesque par le délinquant Eustachio Gallese est survenu en raison de nombreuses problématiques qui se sont succédé à partir de 2017”

Le meurtre de Marylène Lévesque est loin d’être un simple fait divers. Ce meurtre a été commis par un criminel qui fut sentencié à une peine de pénitencier à vie pour le meurtre de son ex-conjointe. Ce meurtre a été commis lorsque le délinquant était en semi-liberté et que sa réinsertion sociale ainsi que sa surveillance étaient assurées par le SCC. Ce meurtre a été commis lorsque la CLCC a rendu une décision de libération conditionnelle en omettant d’analyser la totalité de l’information, incluant une stratégie permettant au délinquant d’assouvir ses besoins sexuels avec des travailleuses du sexe. Ce meurtre a été commis parce que les commissaires de la CLCC manquaient d’expérience face à des dossiers de cette complexité. Ce meurtre a été commis parce que le gouvernement libéral de Justin Trudeau a procédé à une véritable purge en 2018 au sein des commissaires d’expérience nommés par le gouvernement précédent.

En fait, le meurtre de Marylène Lévesque par le délinquant Eustachio Gallese est survenu en raison de nombreuses problématiques qui se sont succédé à partir de 2017, et dont il s’avère nécessaire d’en faire une évaluation approfondie et de mettre en place les correctifs qui s’imposent. Ce n’est rien de moins que la protection de la société canadienne qui est en jeu, ultimement, si l’on veut éviter un autre drame comme celui-ci!

Depuis le tout début, nous recommandons haut et fort que la seule et unique façon de faire la lumière dans son entièreté sur les manquements dans cette triste affaire soit par l’entremise d’une enquête externe. Cette enquête doit être menée par des juges à la retraite et/ou des ex-commissaires de la CLCC, qui auront une liberté d’action et un devoir de communiquer publiquement tous les résultats de leur enquête.

Plus que jamais, en raison de la suspension de l’enquête interne, une enquête externe représente la seule manière de progresser, d’obtenir l’heure juste sur les manquements dans l’affaire Gallese et de les corriger. Il y a toute une logique et des avantages à se tourner vers des experts externes pour procéder à une enquête de cette importance au même titre que les corps policiers le font lorsqu’une erreur survient.

Cette enquête externe représente aussi la seule manière pour les victimes et la famille d’obtenir toutes les réponses à leurs questions dans un délai raisonnable pour ainsi tenter de faire le deuil de leur être cher. Pour celles-ci, la Terre s’est arrêtée de tourner le 22 janvier 2020 et il s’avère néfaste de prolonger sans raison valable leurs souffrances.

Ce texte est cosigné avec le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, militant pour les droits des victimes d’actes criminels.

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