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Message d'un solidaire aux péquistes

Militants et électeurs péquistes, c'était facile quand il n'y avait que deux partis. Il y avait les bons et les méchants, comme à la lutte.
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Je n'écris pas ce billet dans le but de mettre de l'huile sur le feu. Non, je crois qu'il est temps de sortir le lance-flammes des deux côtés et de faire brûler toute la maison au complet une fois pour toutes! J'ai observé que nous avons la fâcheuse tendance entre solidaires et péquistes à se taper mollement sur la gueule à l'année longue et d'y aller à fond pendant les élections. On devrait faire changement et se chamailler immédiatement. Si nous sommes chanceux, nous serons épuisés mentalement dans trois ans et quelque chose de positif en ressortira peut-être d'ici là. Sinon, il restera moins de péquistes qui sont surpris ou enragés de la situation. Personne ne peut être perdant dans ce genre d'exercice!

Je vais tenter de répondre aux questions, que j'entends depuis des années, des péquistes sur Québec solidaire, et tenter d'offrir la seule solution possible à mon avis. En aucun cas, je ne parle au nom du parti. Je ne suis qu'un simple membre, sans être actif à l'intérieur de celui-ci, et je ne le représente pas du tout. Une militante féministe ou quelqu'un travaillant directement à l'aide aux plus démunis en aurait probablement plus long à dire que moi en n'utilisant aucune de mes opinions. J'invite d'ailleurs péquistes et solidaires à faire de même. Défoulez-vous!

La plus grande des incompréhensions que les péquistes ont concernant le parti orange est son appui à l'indépendance, que certains qualifient de «mou» jusqu'à fabuler des complots, tel celui que nous soyons des fédéralistes en mission pour briser le bateau du PQ.

Québec solidaire n'est pas un groupe homogène et les motivations pour encourager ce parti sont très variées. Quand les péquistes accusent Québec solidaire ne pas avoir fait de l'indépendance leur priorité numéro un, c'est plutôt vrai pour le parti tant que chez les militants, dont plusieurs ont le féminisme comme cause première à défendre. Les miennes, ce sont les thèmes économiques dont seul Québec solidaire parle, dont je ne pense pas qu"il faille attendre le «grand soir» pour régler. C'est aussi simple que ça. Votre accusation aurait cependant plus de poids si un parti comme Option nationale n'existait pas, car votre parti ne fait plus son travail sur la question nationale depuis des années. Ils sont en grève à cause de vos hésitations, je vous le rappelle.

Ce qui m'amène à un problème d'une extrême gravité: vous nous proposez l'offre alléchante de saborder Québec solidaire afin de donner un appui au Parti québécois pour, peut-être, faire l'indépendance. Super! Mais personne n'est dupe, et la suite est assez facile à deviner. Vous demanderez également notre appui en cas de mise au placard de l'indépendance pour quatre autres années, parce que les conditions ne sont pas favorables, cette fois dans le but de battre les libéraux pour faire élire vos politiciens sans saveur. En cas de défaite, vous changerez de chef et arriverez avec d'autres idées prémâchées, en nous redemandant le même chèque en blanc, éternellement.

Je le sais que le bipartisme et notre système électoral sont des plaies, mais ai-je besoin de rappeler quel parti a déjà eu l'occasion de faire des changements et a depuis abandonné l'idée? Votre parti, vos chefs, ont depuis 40 ans décidé d'adorer ce système électoral, car l'alternance entre eux et les libéraux y est facile. C'est votre décision. Ne nous accusez jamais de tenter de jouer le même jeu. Et, vous aussi militants et électeurs péquistes, ça fait votre petit bonheur ce système électoral. C'était facile avant, quand il n'y avait que deux partis. Il y avait les bons et les méchants, comme à la lutte.

Je ne crois pas que ce soit un hasard si plusieurs péquistes ont comme réflexe de repousser les enjeux gauche-droite dans la semaine des quatre jeudis alors qu'ils se font, depuis longtemps, duper par ce système. C'était la facilité d'obtenir des votes pour le PQ qui vous a rendu paresseux sur ces questions.

Ensuite, le point qui mystifie complètement les péquistes et qui pourrait être à lui seul l'objet d'un billet est la petitesse de Québec solidaire. Qu'il est donc difficile à comprendre que des gens puissent voter pour un parti qui n'a aucune chance de prendre le pouvoir. Certains péquistes tentent même de nous alarmer, calculatrice en main, en nous disant qu'à ce rythme, Québec solidaire sera au pouvoir en 2245 en faisant élire un député supplémentaire à chaque élection. Merci du scoop, les amis, mais je pense qu'on avait compris ça depuis longtemps et que nous le faisons délibérément. Revenons en arrière, car je suis de plus en plus surpris que ça vous surprenne.

Les péquistes ont eu leur premier électro-choc en 2012 quand ils ont réalisé que, même après six mois de manifestations contre le gouvernement libéral et trois mandats de Jean Charest, des gens n'allaient toujours pas se jeter vers le parti qui avait le plus de chance de battre le gouvernement en place. Le deuxième électro-choc est venu l'an dernier, quand ils ont vu qu'une réélection des libéraux 18 mois plus tard ne nous faisait toujours pas broncher. Le troisième électro-choc est en cours depuis la nomination du nouveau chef péquiste.

Pierre Karl Péladeau n'y changera rien et Martine Ouellet ne m'aurait pas fait prendre une carte du PQ non plus. Mon vote est encore bien au chaud chez Québec solidaire, dans une circonscription où le parti ne récolte même pas 6% des suffrages, alors que lutte entre la CAQ et le PQ se poursuit jusque dans les dernières boîtes de scrutin dépouillées. Le 7 avril 2014, j'avais plus de chance de me faire frapper par une météorite en allant voter que de voir le candidat solidaire gagner le banc. Je l'ai fait, je ne suis pas le seul et je vais recommencer.

Lorsque je donne mon vote ou mon appui à un parti politique, je regarde trois choses: les idées du parti, les personnes qui le transportent, et les gens qui supportent ce parti.

Comme un puzzle, les trois morceaux doivent bien être collés ensemble et former un joli dessin, sinon je reste chez moi. Je suis de plus en plus critique avec la troisième partie: lorsque je rencontre des inconnus qui supportent Québec solidaire, c'est fantastique de voir à quel point je me trouve rapidement un lien philosophique avec ces gens. Je m'y sens comme dans une famille. On n'est pas d'accord sur tout, mais on va vers la bonne direction. C'est une validation que je suis dans le bon parti. Et que Québec solidaire récolte 3% ou 11% d'appuis, cela m'importe peu. Je suis fier d'être dans le groupe qui souhaite affronter le néo-libéralisme, non pas en élire un membre élite comme chef. Je suis fier qu'un parti ouvertement socialiste récolte près de 10% en Amérique du Nord («le cœur de la Bête», comme disait Che Guevera) et j'ai envie que l'aventure se poursuive, peu importe comment ou quand ça va se terminer.

J'aimerais bien qu'on soit majoritaire, mais ce n'est pas le cas et je ne pense pas que des grands changements doivent s'imposer de la part de Québec solidaire. La proposition différente est là, tout le monde est libre de la rejeter ou d'attendre les conséquences en suivant les trois autres partis.

Un des arguments péquistes les plus faux consiste à dire qu'on doit s'unir temporairement au PQ afin de battre les libéraux, avec ou sans indépendance. J'ai une mauvaise nouvelle pour ceux qui tiennent ce discours. Je ne sais pas comment les choses se sont bousculées dans vos esprits pour en arriver à un tel constat, mais vous vous trompez. Ils sont là pour rester, peu importe ce qu'on fera. On dirait que certains s'imaginent qu'en cas de victoire du PQ et d'une ascension vers l'indépendance, le Parti libéral du Québec disparaîtrait par enchantement en même temps que La Presse.

Le même bon vieux PLQ, avec les mêmes corporatistes dans ses rangs, avec la même organisation dopée aux stéroïdes pour faire voter des gens de l'âge d'or et les mêmes électeurs mous seraient encore à l'œuvre dans un Québec libre et indépendant. Je suis même capable de vous entendre dans le futur nous dire qu'on doit rester fidèle à ce PQ et s'unir dans le but «de bloquer des "étrangers" canadiens à la tête de notre pays» parce que ces traîtres vont «vendre le Québec au Canada». Je connais une seule façon de les bloquer éternellement d'une majorité absolue: le scrutin proportionnel que vous avez abandonné!

J'ai aussi constaté depuis quelques temps un nouvel argument péquiste qui est assez déprimant. Certaines personnalités publiques commencent à le dire d'une façon détournée, mais c'est plus clair chez les électeurs: vous voulez un pays avant de mourir, peu importe le prix ou les conséquences. Je sympathise à votre douleur d'avoir rêvé à cette cause durant toute votre vie, mais je n'achèterai pas cette pitié qui vient tardivement. Ou étiez-vous depuis 20 ou même 40 ans? En train de profiter de ce système capitaliste, votant machinalement pour le parti bleu parce que vous n'aimiez pas l'équipe des rouges. Vous avez encouragé le PQ à devenir des professionnels de l'alternance au pouvoir. Cette situation d'être toujours pris avec le moins pire des partis, vous l'avez également créée par l'abandon du scrutin proportionnel, par votre inaction à défendre la cause indépendantiste avec des faits, des idées et un vrai projet, et par les opportunistes que vous avez envoyé au Parlement durant des décennies. Tout le monde est coupable, ne regardez pas seulement les chefs du parti!

Cessez également de nous présenter les liens entre Gesca et le PLQ comme si c'était nouveau, que ce soit une raison pour appuyer PKP en se prenant un abonnement au Journal de Montréal pour avoir aussi une machine de guerre. «Allô!?», comme dirait Richard Martineau. Il faut vraiment être rendu aveugle et désespéré pour essayer de partir une guerre de médias aussi pauvre. De plus, la désinformation comme la série du Québec dans le rouge, les tribunes données à des faux libertariens de Québec, les petits poisons de l'IEDM publiés par l'empire PKP, sans parler de Sun News, ont fait beaucoup plus de ravage contre le Québec, contre le modèle québécois et la cause indépendantiste dans les 15 dernières années que la propagande d'André Pratte.

Il ne reste qu'une seule solution possible à mes yeux: Pierre Karl Péladeau, les portes-paroles de Québec solidaire et possiblement François Legault doivent s'asseoir ensemble et s'échanger les circonscriptions une par une, comme des cartes de hockey, pour l'élection de 2018. Je te donne celle-là, toi tu me laisses le champ libre ici et là-bas, etc. Il y aura des mécontents dans tous les partis et des candidats devront rester sur la touche pour le bien de la cause. J'aime mieux voir des mécontents du côté des professionnels de la politique que chez les gens. Il y a tellement de candidats «poteaux» dans tous les partis, ça ne ferait pas de mal à personne de se concentrer sur la qualité au lieu de la quantité.

Dans ce cas, il me ferait plaisir de donner mon vote à un candidat péquiste en sachant que ce geste donnera un solidaire de plus ailleurs. Je n'en demande pas 27, quelques-uns de plus à Montréal et peut-être Rimouski, c'est tout. Voilà ce que j'appelle de la solidarité. Une union des forces en utilisant les règles du système à notre avantage pour battre notre ennemi commun, sans toutefois être obligé de bêtement me ranger derrière vos erreurs en détruisant notre petit projet. Ensuite, on va tous aller dans la rue s'il le faut, mais l'instauration d'un changement du mode de scrutin doit être fait, de gré ou de force, pour ne plus jamais revivre cette situation et que tous travaillent à convaincre, chacun de son côté, sans se piller dessus, éliminant toute chance de revoir un jour un gouvernement majoritaire libéral au passage, je le répète.

Les libéraux crieraient au geste antidémocratique. Leurs supporteurs prendraient peut-être la rue, qui sait? Ce que je sais, par contre, c'est que nous aurions un plaisir monstre à les regarder et les ignorer tous ensemble!

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