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À toi qui mérites une médaille de déshonneur

Je déjoue l’adversaire, mais toi tu le nourris. Quand je l’affaiblis un peu, tu lui donnes de l’eau, quand je réussis à le faire reculer, tu viens lui pousser dans le dos.
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C’est comme si je te disais que j’ai besoin de toi pis que tu venais pas, comme si j’avais besoin de te parler, mais que tu m’écoutais pas.

Tu me laisses tomber ? Tu me laisses tomber dans notre combat, tu fais comme si ça te concernait pas. Moi je suis là, à me battre, à me dire que je vais gagner. J’essaie de me motiver pis quand je plie les genoux, fatiguée, blessée, je te tends la main pis tu détournes le regard, me laissant seule devant l’adversité qui en profite pour frapper plus fort.

Je pensais, pourtant, qu’on était du même clan. Je pensais que toi pis moi on était des alliés, jamais j’aurais pensé que tu te rangerais dans le camp de l’autre côté.

Si on était en guerre, tu serais le déserteur par manque de conviction ou par manque d’honneur, tu te cacherais dans les bois ou dans les montagnes pour éviter les attaques. Tu serais celui qui abandonne la partie avant qu’elle soit finie, préférant renier la cause au lieu de risquer la perdre.

Toi, tu te caches dans ce que tu connais, tu t’accroches, trop craintif pour te ranger du côté de l’imprévu, tu t’acharnes à faire comme si tu voyais rien, tu t’entêtes à continuer ton chemin sans passer par les obstacles. Moi, je suis au front, les barbelés me déchirent la peau, les buissons m’écorchent, les grillages me fendent le cœur. Je vois les victimes tomber, les innocents payer, je vois les enfants aussi qui prennent part aux assauts pis les vieillards qui font leur part même s’ils ont peur.

“Pendant que je suis déjà épuisée, tu rajoutes du poids, pendant que je tente de reprendre mon souffle, tu voles mon air.”

Toi tu danses, tu chantes, non seulement t’assistes de loin à la partie, mais tu lui nuis. Pendant que je suis déjà épuisée, tu rajoutes du poids, pendant que je tente de reprendre mon souffle, tu voles mon air. J’essaie d’avancer, je fais des stratégies pour gagner du terrain. Je déjoue l’adversaire, mais toi tu le nourris. Quand je l’affaiblis un peu, tu lui donnes de l’eau, quand je réussis à le faire reculer, tu viens lui pousser dans le dos.

Non, mais me niaises-tu?

“Toi, tu marches à contre sens parce tu refuses de te ranger, c’est ta façon de dire que t’en as assez.”

T’as pas de cape d’invisibilité ni de boule de cristal, t’es pas dans le bon scénario mon ami. Pour gagner ici, faut se tenir la main pis avancer au même rythme, en même temps. Tous unis contre le même ennemi. Toi, tu marches à contre sens parce tu refuses de te ranger, c’est ta façon de dire que t’en as assez. Ben sache que c’est ton opposition qui fait que c’est beaucoup plus long, ben oui toi, parce que tu veux pas le vivre, tu fais en sorte qu’on va tous le subir encore plus longtemps.

Tu refuses de prendre ton rang, convaincu que toi tu sais comment gagner sans faire d’effort, alors tu triches pis tu magouilles en pensant que tout va entrer dans l’ordre.

Ça te tente pas d’emboiter le pas ?

Parce que tant que règne la divergence, nous, on subit toutes les conséquences, toi aussi, en passant.

Quand on racontera l’histoire dans cinquante ans, tes descendants comprendront rapidement que tu faisais partie de ceux qui ont fui devant l’ennemi au lieu de prendre part à la bataille. Ils se demanderont pour quelles maudites raisons t’as pas contribué à la victoire.

Tu vas être dans le clan des méchants, on retiendra ton indifférence comme facteur aggravant, tu seras la réponse à la question quand, dans l’examen final, on demandera aux jeunes d’expliquer pourquoi toute cette crise aura duré si longtemps.

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