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Comparer le salaire du PDG à celui de ses employés revient à comparer des pommes et des oranges.
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Très peu de temps après cette déclaration, plusieurs groupes, dont Québec Solidaire, se sont indignés en rappelant à la population que le salaire de certains PDG était parfois plus de 300 fois supérieur à celui des employés. Cette comparaison économiquement tordue ne tient pas la route.

Je crois qu’il est important de rappeler quelques principes économiques fondamentaux pour éviter ce type d’amalgame douteux qui alimente le mépris envers ces entrepreneurs et qui contribue à miner la cohésion sociale.

Cessons de comparer des pommes et des oranges

Dans une économie de marché comme la nôtre, les salaires ne sont pas déterminés en fonction de la sueur sur notre front – les infirmières seraient probablement milliardaires dans ce cas! En réalité, ce sont l’offre et la demande qui les déterminent.

Trivialement, des individus comme vous et moi offrons notre force de travail, alors que les entreprises demandent des travailleurs. Lorsque le bassin de travailleurs est restreint, comme c’est le cas en ce moment avec la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs, les salaires sont tirés vers le haut dû à ce phénomène de rareté. À l’inverse, quand de nombreux individus appliquent pour un même poste, l’entreprise détient un certain pouvoir et peut se permettre d’être plus sélective ou d’offrir un salaire moins élevé.

Ainsi, pour un emploi de commis-vendeur chez Couche-Tard, par exemple, le nombre de travailleurs possédant les aptitudes et qualifications nécessaires pour le métier est énorme. Toutefois, pour un PDG qui doit composer avec un stress continu et prendre des décisions de plusieurs millions, voire milliards de dollars, le bassin de candidat potentiel est extrêmement restreint. Sans oublier que les grandes entreprises sont en compétition afin d’attirer les meilleurs PDG. Comparer le salaire du PDG à celui de ses employés, surtout dans le cas de Couche-Tard, revient à comparer des pommes et des oranges.

D’ailleurs, le CIRANO a publié une étude dans les derniers jours expliquant que la masse salariale des PDG des entreprises du S&P 500 équivalait à 0,5% de celle de tous les employés. Autrement dit, un employé moyen contribue annuellement pour 273$ au salaire du PDG. Une «subvention» assez bénéfique lorsqu’on sait que le PDG détient un énorme pouvoir sur la croissance de la firme et ainsi sur le bien-être en général des employés!

L’éducation et la redistribution ont bien meilleur goût

Tout cela n’implique pas que les inégalités – qui sont réelles et inquiétantes dans plusieurs pays- ne devraient pas être adressées; au contraire! Toutefois, à la place de constamment chercher à niveler vers le bas et à faire des comparaisons farfelues, il faudrait se concentrer sur des solutions plus rationnelles et bénéfiques. L’enrichissement des individus plus démunis passe notamment par la formation et par des politiques de redistribution ciblées.

Ce n’est plus un secret de dire que l’éducation contribue à sortir plusieurs personnes de situations précaires. Que ce soit par l’obtention d’un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou d’une maîtrise, nous devrions encourager et inciter les individus à acquérir une formation, qu’elle soit de niveau universitaire ou non. Ils auront ainsi de meilleurs outils pour décrocher des emplois mieux rémunérés et avec de meilleures conditions.

De plus, des politiques de redistribution de richesse bien réfléchies et visant les ménages les moins nantis devraient être priorisées. Dans ce cas, elles deviennent beaucoup plus efficaces que de tenter de réduire le revenu des PDG et de contraindre les entrepreneurs à innover.

Il est toujours tentant de sombrer dans les discours populistes et émotifs en partant en croisade contre les «maudits» PDG, mais j’ose espérer que les groupes qui surfent sur cette vague sauront faire la part des choses en proposant de bonnes politiques publiques non partisanes qui aideront réellement les individus dans le besoin.

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