Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Doit-on rendre obligatoire le port du masque dans le métro et les autobus?

Pour Ensemble Montréal, c'est «une question de vie ou de mort».
Métro de Montréal, 22 avril 2020
Paul Chiasson/PC
Métro de Montréal, 22 avril 2020

Ensemble Montréal veut obliger les usagers du transport en commun à porter un masque ou un couvre-visage artisanal pour utiliser les services de la Société de transport de Montréal (STM) afin de limiter la propagation de la COVID-19. Le parti déposera une motion à cet effet lors de la séance du conseil municipal du 25 mai prochain.

Selon le chef de l’opposition officielle à la Ville de Montréal, Lionel Perez, le port du masque dans le métro et les autobus est une «nécessité» et il ne suffit pas de le «recommander fortement», comme le fait présentement l’administration Plante.

«Pour nous ce n’est pas assez. Si on veut une adhésion de la population, il faut être clair, il ne faut pas d’ambiguïté», estime le conseiller municipal. «La loi fait la norme. Alors pourquoi l’administration tarde-t-elle?»

“Pour la grande majorité de la population, une fois qu’on a une loi, ça devient la norme.”

- Lionel Perez, chef de l’opposition officielle à la Ville de Montréal

Il rappelle que l’Organisation mondiale de la Santé, Santé Canada, la Direction générale de santé publique du Québec et la Direction de la santé publique de Montréal recommandent toutes de façon unanime le port du masque dans les situations où il est difficile de maintenir une distance physique de deux mètres, principalement pour protéger les autres.

Dans un communiqué diffusé mardi, le ministère des Transports, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) indiquaient que «le port du couvre-visage est fortement recommandé et ne remplace pas les autres recommandations, notamment le respect de la distanciation physique lorsque cela est possible».

Le président du conseil d’administration de la STM, Philippe Schnobb, a admis que cette distanciation sera virtuellement impossible à imposer dans les rames de métro et les autobus lorsque l’achalandage recommencera à augmenter. «On aurait besoin de 8000 bus et 800 rames de métro», illustrait-il en entrevue à Radio-Canada le mois dernier.

«On parle de centaines de milliers de personnes où il y a un risque de propagation du virus», estime M. Perez. «C’est un enjeu de vie ou de mort. Les personnes infectées qui sont asymptomatiques ne le savent pas toujours donc ne savent pas qu’elles peuvent infecter d’autres personnes. »

La STM a refusé de commenter la motion d’Ensemble Montréal, mercredi.

«Nous suivons les recommandations des autorités sur le port du couvre-visage ou [du] masque artisanal dans le transport collectif et pour le moment, son port est fortement suggéré pour les clients et les employés lors de leurs déplacements en transport collectif et nous soutenons cette consigne», a écrit le porte-parole Philippe Déry dans un courriel au HuffPost Québec.

Rassurer les usagers

Selon Lionel Perez, certains Montréalais ont une «perception négative du transport en commun» depuis le début de la pandémie de COVID-19, puisqu’ils craignent d’y être contaminés. Il estime que le port du masque obligatoire contribuerait à rassurer les usagers frileux.

«Si on ne met pas des mesures pour rassurer la population, ça va retarder le retour au transport en commun. Ce serait mal avisé d’attendre, sinon les gens vont simplement éviter le transport en commun», craint-il.

“Dès le début on voulait que ce soit obligatoire. Si ça ne l’est pas, le virus va continuer à se propager dans le transport en commun.”

- Renato Carlone, président du Syndicat des chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et employés des services connexes au transport de la STM

Chose certaine, une telle mesure contribuerait à rassurer les chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro de la STM, qui la réclament depuis plus d’un mois.

«Dès le début on voulait que ce soit obligatoire. Si ça ne l’est pas, le virus va continuer à se propager dans le transport en commun», estime Renato Carlone, président du Syndicat des chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et employés des services connexes au transport de la STM.

Il avertit toutefois que les chauffeurs d’autobus ne «joueront définitivement pas aux policiers» et que ce sera aux autorités de déterminer comment elles feront respecter la nouvelle règle.

Un problème qui n’inquiète pas outre mesure Lionel Perez. «Je ne vois pas pourquoi on pense que cette règle est différente que d’autres règles à faire respecter», dit-il. «Au même titre que lorsque quelqu’un entre dans l’autobus sans payer, ce n’est pas au chauffeur de l’interpeller.» Il juge que la sensibilisation et l’éducation populaire iront loin pour convaincre les usagers de se plier à l’exigence.

«Pour la grande majorité de la population, une fois qu’on a une loi, ça devient la norme», croit-il. «Mais lorsqu’on parle de recommandations, ça laisse place à beaucoup d’ambiguïté. À moins que ça devienne obligatoire, les gens ne vont pas nécessairement porter le masque. »

Le cabinet de la mairesse Plante n’a pas répondu aux questions du HuffPost Québec.

Plusieurs pays dont l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont rendu le port du masque obligatoire dans certains endroits publics, dont les transports en commun. En France, il sera imposé dans les transports en commun dès lundi et les contrevenants s’exposeront à une amende de 135 euros, soit un peu plus de 200 dollars canadiens.

À VOIR: Où se procurer un masque réutilisable au Québec?

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.