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Marc-André Grondin: l’hiver, la télé et les retrouvailles avec Podz

«Quand on t’offre un rôle dans une série de Serge Boucher, je ne sais pas qui dirait non. C’est un beau cadeau...»
Radio-Canada

Marc-André Grondin se trouve dans une belle période de sa vie. S’il se dit très heureux et épanoui dans son travail, c’est sans doute parce que les beaux projets se multiplient pour l’acteur, qui avait vécu une année et demie plus tranquille avant d’enchaîner les tournages hivernaux. Celui de l’énigmatique nouvelle série de Serge Boucher, Fragile, du prochain long-métrage de Podz, Mafia Inc., et du premier film Netflix québécois, Sur le déclin. Rencontre avec un acteur qui se dit bien plus simple qu’on pourrait le penser.

L’hiver comme une métaphore de la vie

Marc-André Grondin le dit lui-même : il a la réputation d’être gêné et de ne pas donner beaucoup d’entrevues. Pourtant, en cette journée de visionnement des premiers épisodes de Fragile, le comédien affirme en riant qu’il aimerait vraiment pouvoir en dire plus sur ses bien mystérieux projets et personnages.

«Comme j’ai fait deux séries où je ne peux rien dire (Fragile et L’imposteur) , je fais des entrevues où je tourne en rond et où je ne peux pas parler. Donc, j’ai encore l’air du gars ténébreux qui ne veut pas parler… Mais c’est seulement que, malheureusement, je ne peux rien dire.»

Ce qu’il peut aborder, toutefois, c’est son bonheur de jouer dans une série finement écrite par Serge Boucher, cet auteur exceptionnel qui nous avait donné les bien secrètes séries Aveux, Apparences et Feux.

«Quand on t’offre un rôle dans une série de Serge Boucher, je ne sais pas qui dirait non, dit-il. C’est un beau cadeau, c’est le fun. C’est la première fois que je lisais un scénario de Serge Boucher et découvrir, en tant que lecteur, tout ce qui se passe, quand tu arrives à la dernière page du dernier épisode, tu te dis : ″Il faut que je relise tout!″ À la relecture, tu te rends compte à quel point il y a une finesse d’écriture, de développement d’intrigue et de revirements. C’est impressionnant!»

C’est plongé dans l’hiver québécois que son personnage de Félix tente de se reconstruire à sa sortie de prison, de devenir une meilleure version de lui-même. Un défi de taille pour celui que les gens autour jugent et condamnent du regard.

«Il essaie de prendre les bonnes décisions et de faire les bonnes choses, ce qui n’est pas évident. Il tente de vivre avec le fardeau de ce qu’il a commis avant. Il a l’aide de sa sœur (interprétée par la bien juste Monia Chokri) et de Dom, qu’il vient de rencontrer et qui a beaucoup d’empathie pour lui, ce que les autres n’ont pas.»

Radio-Canada

Pour l’acteur, qui multiplie les scènes à vélo en plein blizzard, l’hiver omniprésent dans Fragile se veut une métaphore de la quête d’identité de son personnage. Un jeune homme qui a commis des erreurs, s’est retrouvé en prison, a grandi, vieilli et se questionne spirituellement sur qui il est.

«Il sort de prison changé, mais les gens continuent de le voir comme il était avant, ajoute l’acteur. On le voit comme le mouton noir. Mais quand il roule à vélo avec son casque et son foulard, il n’est personne tout d’un coup, il est juste lui-même à l’intérieur de sa tête. La neige, la blancheur et le fait que tu ne vois pas à l’horizon, c’est comme si tu ne savais pas ce qui s’en venait. Je le vois comme ça : une métaphore où on ne comprend pas bien ce qu’il y a derrière et où on ne voit pas ce qu’il y a devant. Et c’est vraiment cela tout au long de la série.»

Heureux qu’on ait pensé à lui pour tenir ce rôle dans une série, Marc-André Grondin croit que les gens assument souvent – à tort – qu’il est trop occupé pour faire de la télé. Ou qu’il ne serait pas intéressé.

«J’adore faire de la télé, lance celui qui précise n’avoir jamais refusé un rôle pour une raison de cachet. Oui, je suis difficile, mais je ne suis pas si difficile que ça. Les gens pensent que je ne suis pas intéressé à embarquer sur un truc qui va durer quatre ans, mais c’est faux, j’en serais bien heureux. Ça fait longtemps dans ma vie que je n’ai pas eu un salaire régulier. C’est le fun de pouvoir respirer. Mais je n’ai pas à me plaindre, car même si je ne travaille pas beaucoup, je fais de foutus beaux projets!»

L’un d’eux? Un petit rôle» dans le film Sur le déclin de Patrice Laliberté. Le premier film Netflix québécois dont il vante l’énergie de la toute jeune et différente équipe ainsi que la beauté du tournage en forêt.

«Je suis content pour eux et je trouve que ça lance aussi un message à tout le Québec. Tout le monde peut bien dire «il faut se battre contre Netflix», mais tout le monde pitche tout de même à Netflix de l’autre bord. Que Netflix ait choisi ce projet, que ce soit des jeunes de 32 ans qui font leur premier film, un film de genre en plus, ça lance un message aux institutions, d’ouvrir, de faire confiance et d’essayer des choses.»


Les retrouvailles avec Podz

Sur le plateau de Mafia Inc., le comédien s’est transformé en Vincent Gamache, un Italien québécois s’étant lié d’amitié avec le fils du parrain de la mafia montréalaise, gravissant les échelons peu à peu. Il explique que, loin d’être un film suivant la quête d’un personnage principal, c’est plutôt un film sur un état, une période et un milieu dans lequel gravitent de nombreux personnages interprétés par plusieurs bons acteurs… inconnus.

Sur ce même plateau, il a retrouvé avec grand bonheur le réalisateur Podz, avec qui il avait travaillé sur le film L’affaire Dumont.

«Podz a fait un travail extraordinaire. C’est un gros film, ambitieux. Podz est l’un de nos grands directeurs d’acteurs, il a un œil extraordinaire et une sensibilité pour diriger. Il a une proximité avec ses acteurs et une finesse de direction. C’est vraiment une question de psychologie, car un bon directeur d’acteurs est en fait un bon psychologue.»

Le comédien confie d’ailleurs que Podz l’a «beaucoup confronté» sur le plateau L’affaire Dumont. «C’est ce qui a fait en sorte que j’ai lâché un peu ma carapace et la retenue que je pouvais garder inconsciemment, dit-il. Podz fait toujours cela avec ses acteurs et c’est pour ça que les acteurs sur ses projets se retrouvent en nominations. Tous les acteurs se laissent aller avec lui.»

Ce film, croit-il, viendra élargir le spectre de genres de films faits au Québec. «Je pense qu’on va se rendre compte qu’on peut faire des films où ça parle italien, français et anglais et qu’on comprend, que ça va bien, qu’il y a des gens de partout et ce ne sont pas juste des vedettes. Je pense que ça va montrer qu’on peut faire quelque chose d’un peu différent et qu’il est possible de repousser ses limites.»

Fragile sera offert ce jeudi 21 novembre, sur ICI Tou.tv Extra.

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