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«La Maison-Bleue»: un drôle de monde parallèle

Le générique de cette nouvelle série comique assumée, qui se situe quelque part entre «Top modèles» et «À la Maison-Blanche», donne le ton.
La Maison Bleue
Radio-Canada
La Maison Bleue

Imaginez un Québec souverain, dont Mario Tremblay a été le fier troisième président, qui possède une armée (aux effectifs un peu réduits) et qui s’apprête à vendre une partie du Grand Nord aux Américains en échange d’un bout de Floride… Bienvenue à La Maison-Bleue, une nouvelle série humoristique signée Ricardo Trogi.

«Un monde parallèle d’absurdité»: voilà comment Louis Morissette – qui a collaboré aux textes écrits par Ricardo Trogi et Daniel Savoie, et qui produit la série pour KOTV – décrit cette nouvelle comédie assumée, qui sera disponible ce jeudi sur Tou.tv Extra. Le générique, qui se situe quelque part entre Top modèles et À la Maison-Blanche donne d’ailleurs le ton.

On y suit le quatrième président de la République du Québec, Jacques Hamelin (l’inégalable Guy Nadon), dont la cote de popularité est au plus bas, et qui est à la recherche d’un projet de société pour redresser sa présidence. Sa femme Mireille (Anne-Marie Cadieux) lui reproche de ne pas passer assez de temps avec elle, tandis que leur fille Gabrielle (Anyjeanne Savaria, une belle découverte) est la plus lucide de la maison, du haut de ses 18 ans.

C’est à ce moment que le président américain entre en scène pour proposer une entente (complètement surréaliste, a-t-on besoin de le spécifier) à Jacques: échanger une partie du territoire du Grand Nord québécois contre un bout de Floride – «On a écrit ça avant de savoir que Donald Trump voulait acheter le Groenland!» précise Louis Morissette. Notre président québécois voit cette opportunité comme ce qui pourrait bien le sauver, en vue des prochaines élections.

Si la trame de fond est la politique, l’essentiel des intrigues repose sur la famille et l’entourage du président. Car il faut dire qu’hormis sa directrice des communications (Geneviève Schmidt) et son conseiller principal (Simon Beaulé-Bulman), cet entourage ne vole pas très haut, ce qui donne évidemment lieu à des scènes délicieuses!

Que ce soit son garde du corps Stéphane (Dominic Paquet), qui n’arrive à s’exprimer en anglais qu’en déclamant des phrases tirées de chansons pop des années 1990; sa femme plus intéressée au condo qu’elle pourrait acheter en Floride et à son professeur d’anglais qu’à ce que vit son mari; son vice-président (Claude Despins), content de se débarrasser des «exquimaux»; son voisin «douche» (Karl Farah) ou le président américain qui a des motivations plutôt surprenantes… Notre cher président Hamelin n’est pas nécessairement bien entouré, c’est le moins qu’on puisse dire.


«On joue sur les deux niveaux»

Si les auteurs ont campé l’action dans un monde parallèle, les références au monde réel sont abondantes, ce qui a un effet comique réussi, on doit le souligner. Ainsi, dans ce Québec souverain, le président et sa femme (friands de poutine le soir) sont préoccupés par les éliminations d’Occupation Double, Pierre-Yves McSween a réussi à se faire enlever l’étiquette de «l’homme le plus cheap du Québec», et les Cowboys fringants ont été retenus à la frontière canadienne parce qu’ils ont écrit une toune dont le titre est «Octobre».

«On joue sur les deux niveaux, explique Louis Morissette. Les quêtes et les enjeux ne sont pas vrais; je ne voudrais pas parler d’intégration comme le fait la CAQ présentement. Ça aurait été beaucoup trop niché. La Floride, c’est le meilleur exemple. La quête principale de la saison, c’est l’échange entre le Grand Nord et la Floride, quelque chose qui n’arrivera jamais. Et dans le détail, pour rendre les personnages vrais et réalistes, ils vivent des enjeux que M. et Mme Tout-le-monde vivent.»

Et force est de constater que ça fonctionne plutôt bien, puisque plusieurs scènes nous ont décroché de sincères éclats de rire.

Guy Nadon, un homme politique pour qui on aurait envie de voter!

Au premier rang, il y a bien sûr Guy Nadon, cet acteur immense, dont on a découvert le délectable talent comique, entre autres, dans Série noire (on retiendra, notamment: «on y fucke le pH!»).

Tout de suite, il s’est imposé comme le quatrième président de la République du Québec, affirme Ricardo Trogi, qui a co-écrit la série, en plus de la réaliser.

«Il a la tête la plus sérieuse au monde, et quand il dit des conneries, le clash est assez difficile à supporter. Ça devient drôle systématiquement.»

Quand on lui a offert de jouer le président du Québec, Guy Nadon affirme toutefois qu’il n’a pas été plus étonné ou impressionné qu’il faut.

«Non pas que je me suis habitué à ce genre de rôles-là, mais ça fait 46 ans que je fais ça. Ricardo m’a demandé sur le plateau, un moment donné: “Pis Guy? Comment c’est, jouer un président?” J’ai dit: “Tsé Ricardo, j’ai déjà joué des rois!”» raconte-t-il en riant.

Mais il avoue avoir pris un grand plaisir à jouer Jacques Hamelin, qu’il voit comme un «grand candide», qui veut continuer de faire avancer son peuple. Et c’est d’ailleurs ce qui rend le personnage aussi attachant.

Dès qu’il a lu les premiers épisodes, Guy Nadon était ravi qu’on ait pensé à lui pour camper le personnage principal.

«D’abord, je riais, et ensuite je me suis dit: “Parfait, merci la vie. Je ne veux pas que personne d’autre à Montréal touche à ça!”» relate-t-il dans un éclat de rire.

D’ailleurs, pour lui, La Maison-Bleue est un peu le même genre de plaisanterie que Série noire: «Cette fois-ci, c’est un arrière-plan politique, alors que l’autre était un arrière-plan de la télé. Mais ça ne veut rien dire de la télé comme tel, Série noire. C’est juste une série très drôle à propos de deux gars qui font de la télé. [La Maison-Bleue], c’est une série très drôle, je pense, à propos de gens qui font de la politique dans une affaire qui n’existe pas. C’est un monde parallèle, c’est une pure fiction!»

Les auteurs de la série travaillent déjà à l’écriture d’une deuxième saison, qui devrait voir le jour, si tout se passe bien.

Les dix épisodes de 22 minutes de La Maison-Bleue seront disponibles ce jeudi 13 février, sur ICI Tou.tv Extra.

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