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«Mafia inc.»: le rêve de petit garçon de Podz

«Le rêve, puisque je suis devenu un citoyen, s’est transformé en manière de parler [...] du fait que, dans la structure de société qu’on s’est créée, le crime est essentiel.»
Les Films Séville

Mettre en scène un film de mafia, c’est un peu le rêve de tous les réalisateurs – ou du moins tous ceux qui ont consommé les Parrains et autres Affranchis dans leur enfance ou leur adolescence. Podz le confie d’emblée: ces films mythiques ont été sa porte d’entrée vers un univers qui le fascine. Mafia inc., c’est le fruit de ce rêve de petit garçon devenu grand, qui réalise aujourd’hui que sa ville et sa société ne se sont pas façonnées sans crimes.

Mafia inc. est inspiré du livre du même nom, écrit par les journalistes André Noël et André Cédilot, qui raconte la véritable histoire des chefs mafieux Nicolo et Vito Rizzuto. Le film de Podz (de son vrai nom Daniel Grou), qui prendra l’affiche le 14 février, raconte d’abord l’histoire de deux familles vivant dans le même quartier dans les années 1990.

Les Gamache, tailleurs de père en fils, «habillent» le clan Paterno depuis trois générations. Alors que Vince Gamache (Marc-André Grondin) est rejeté par ses parents (Gilbert Sicotte et Geneviève Rochette) après avoir flirté avec la criminalité, il se met à travailler pour la famille mafieuse, et devient même le bras droit du parrain, Frank Paterno (Sergio Castellitto)... jusqu’à ce qu’il voie trop grand pour essayer d’impressionner son père adoptif, et que cela cause une guerre au sein du clan.

Écoutez Marc-André Grondin, accompagné de ceux qui incarnent ses deux pères dans le film, Gilbert Sicotte et Sergio Castellitto, nous parler de leur personnage (le texte se poursuit après la vidéo).


Mais à travers ces histoires de famille (ça prend ça dans un film de mafia, pas le choix!), on découvre aussi toute la
business de la mafia. Et cette dimension était très importante pour le réalisateur (qu’on connaît, entre autres, pour les fabuleuses séries 19-2 et Minuit, le soir, ainsi que les films L’affaire Dumont et Les 7 jours du talion).

«C’était ce qui était fascinant dans le livre», explique Podz.

Lui-même a été frappé, pendant sa lecture, de réaliser à quel point la mafia et le crime organisé font partie intégrante de la société en général, et de sa ville, Montréal.

Et c’est à ce moment qu’a commencé à prendre forme dans sa tête un projet qui mêlerait l’action, les guns, la mafia… et une critique de la société.

«C’est un rêve de petit garçon, oui... Mais le rêve, puisque je suis devenu un citoyen, s’est transformé en manière de parler de ma ville par un sujet qui m’intéresse. De passer par une avenue qui, je trouve, n’est pas souvent exploitée. Le fait que, dans la structure de société qu’on s’est créée, le crime est essentiel.»


Des «monstres» attachants

Au travers de cette fresque mafieuse qui dure plus de deux heures, nous découvrons des personnages plus grands que nature que, même s’ils commettent des crimes odieux, nous nous surprenons à aimer – une des grandes forces de ce film. C’est particulièrement vrai pour le personnage de Vince, porté avec brio par Marc-André Grondin.

«C’est un peu ça le défi, de prendre ce monstre-là – il commet des gestes qui sont horribles – et de faire en sorte que le monde ait envie de se tenir avec», résume l’acteur.

«Il faut qu’il ait du sex appeal, qu’il soit magnétique, que tu aies envie de le regarder et de prendre pour lui, et de te dire: “C’est un esti trou de cul, mais fuck, je sais pas pourquoi, me semble que j’irais prendre une grappa avec”», ajoute-t-il en riant.

«Un foutu beau cadeau»

Marc-André Grondin précise d’ailleurs que ce rôle a été un vrai cadeau pour lui, près de huit ans après L’affaire Dumont, un autre film de Podz dans lequel il tenait le rôle principal.

Celui qu’on associe encore beaucoup à son rôle de Zachary dans C.R.A.Z.Y. (un film dont on célébrera le 15e anniversaire cette année) affirme même avoir mieux compris ses capacités en tant qu’acteur, depuis qu’il a été dirigé par ce réalisateur.

«Podz, quand il m’appelle, c’est jamais pour des personnages… pour lesquels on penserait à moi en premier!» s’exclame-t-il.

«Encore une fois, c’est un personnage qui était un rôle de composition, qui m’amenait ailleurs, dans des zones où je n’étais jamais allé, explique-t-il. Et il m’a poussé à essayer des choses. C’est un foutu beau cadeau, un personnage de même. C’est un personnage qui a plusieurs couches, plein de choses à jouer, avec un gros background, super émotif. Et en même temps, tu fais aussi un genre de film d’action on the side... C’est rare d’avoir les deux, comme ça.»

L’interprète de Vince Gamache affirme que déjà, à la première lecture du scénario, le personnage se dessinait dans sa tête. Mais surtout, ajoute-t-il, il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des costumes, du maquillage, de la perruque… et des bijoux!

Il se rappelle un moment du tournage, alors qu’il devait tourner une scène avec son collègue Sergio Castellitto (et qui est en fait la seule scène à deux que les deux acteurs partagent) après près de deux semaines d’absence sur le plateau.

«J’étais en train de me faire maquiller, et je me disais: “Esti, j’ai oublié mon personnage... mon dieu seigneur, qu’est-ce que je vais faire?” Et je suis arrivé dans ma loge après pour m’habiller... Je mets les bijoux, et finalement: “Ah! ok, je l’ai!” À la minute où j’ai mis les bagues et la chaîne, c’est comme revenu. Et le coat... la lourdeur du coat de cuir sur les épaules.»

«Tu peux faire beaucoup de recherche, et tout, mais l’importance des costumes, du make up, des accessoires... La création de personnage est vraiment là», ajoute celui qu’on peut également voir dans la superbe série Fragile, disponible sur Tou.tv Extra.

Les Films Séville

Un parrain étonnant

L’interprète du père Paterno, Sergio Castellitto, est une belle découverte. On avait surtout vu cet acteur italien dans des films européens (Paris, je t’aime, notamment)... et des rôles aux antipodes de ce parrain de la mafia.

«Le producteur et moi, on voulait un Italien (pour ce rôle), explique Podz. Sergio a fait des choses plus légères, des comédies… Mais je ne sais pas, il y avait quelque chose dans son oeil qui me disait… ok, ça va marcher!»

Un oeil qui paraît, effectivement, parfois attendrissant, mais furieux à la fois…

«Et charmant, ajoute Podz. C’était important. Parce que les gens dans ces positions-là d’habitude, ils te charment… il te disent: “je vais te donner ça, ne t’inquiète pas, je te comprends…”»

On pense en particulier à une scène où le père de Vince, Henri (Gilbert Sicotte) vient menacer le père Paterno en lui demandant de laisser sa famille tranquille… mais qu’il se fait finalement amadouer, plutôt habilement.

Un défi angoissant

Le réalisateur ne cache pas qu’il a eu peur de se planter, plus d’une fois. Même s’il n’avait pas la prétention de faire un film de la trempe du Parrain, il reste que les fans de films du genre ont certaines attentes. Podz considère qu’il évoque certains codes, mais qu’il en sort, aussi… un peu comme il s’était éloigné de certaines normes en plongeant dans l’univers des policiers, avec 19-2.

«Il y a aussi le fait que j’ai le goût de faire des trucs que, quand tu sors, une image ou un moment te reste en tête. C’est hyper important pour moi. J’aime ça marquer... un peu.»

Force est de constater que sa mission semble accomplie… puisque certaines scènes du film nous hantent encore, quelques jours après la projection.

Alors que l’angoisse laisse tranquillement place à la sérénité, à quelques jours de la sortie du film, Podz espère pouvoir tourner une suite à cette fresque... qui possède effectivement de nombreux éléments propices à une saga.

Mafia inc., scénarisé par Sylvain Guy et réalisé par Podz, prend l’affiche le 14 février.

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