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J'ai ma fille en garde partagée avec un homme qui n'est pas son père biologique

Ce n’est pas parce que ma relation de couple n’a pas fonctionné que la relation de ma fille avec mon ex est un échec, bien au contraire.
Valérie Lavoie, son ex-conjoint et sa fille.
Courtoisie/Valérie Lavoie
Valérie Lavoie, son ex-conjoint et sa fille.

Mère d’une fille de 10 ans, j’ai été pendant plusieurs années seule à m’occuper d’elle. Je me suis séparée du père de ma fille lorsqu’elle était très jeune et nous n’avons plus de contacts avec lui depuis 2012.

Lorsque ma fille avait trois ans et demi, j’ai rencontré un homme, qui est devenu mon conjoint plus d’un an plus tard. Cet homme a rapidement pris une place importante dans la vie de ma fille. Je peux vous dire qu’il a été présent pour elle, tant dans les moments magiques que dans les moments difficiles.

Quelques années plus tard, nous nous sommes séparés, notre couple n’ayant pas fonctionné. Ma fille avait huit ans à l’époque. Ça a été une période difficile pour chacun d’entre nous. Cependant, lors de notre séparation, nous avons convenu de continuer à prendre soin de ma fille ensemble.

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Sans être un couple, nous sommes restés des parents, bien que cet homme n’ait aucun droit et aucune responsabilité légale sur ma fille. Cela m’a demandé et me demande encore beaucoup de travail sur moi, entre ce que je pense que je devrais faire et ce que je pense qu’il est le mieux de faire.

Plus de deux ans plus tard, notre équipe parentale est, selon moi, très efficace. Ma fille va quatre jours sur 14 chez lui, en plus des moments où il peut me dépanner. Nous nous consultons pour prendre les décisions importantes et chacun agit dans les domaines où il est meilleur que l’autre. Nous partons aussi en vacances tous les trois et faisons régulièrement des activités ensemble. Plus encore, nous venons de passer les mois de confinement tous les trois dans la même maison. Malgré quelques accrochages, cette situation a renforcé nos liens.

“Faut-il écouter le «bon sens» qui dicte que, lorsque les relations amoureuses se terminent, cela signe aussi la fin des relations parentales?”

Dernièrement, on m’a rapporté certains jugements et opinions sur notre modèle familial. Ils portaient principalement sur une vision «utilitaire» de notre situation. Ces personnes croient que mon ex est un homme formidable puisqu’il continue de m’aider à assumer mes responsabilités... Ces responsabilités étant... ma fille! Bien que je sois d’accord sur le fait que cet homme est formidable, cela m’a rendue triste et m’a amenée à réfléchir.

D’abord, un enfant est beaucoup plus qu’un ensemble de responsabilités. L’analyse de ces personnes ne tient absolument pas compte des émotions, des désirs et des besoins de chacun. Faut-il écouter le «bon sens» qui dicte que, lorsque les relations amoureuses se terminent, cela signe aussi la fin des relations parentales? Il me semble préférable d’être à l’écoute de la vérité de chacun, particulièrement des enfants, qui sont sans pouvoir lorsqu’arrive une séparation.

Il est complètement clair pour moi que ma fille aurait vécu des conséquences très négatives face à une rupture de relation avec son beau-père. Je me permets d’affirmer, sans peur de me tromper, que son beau-père en aurait souffert aussi.

L’aspect relationnel est également absent de cette analyse. Même quand les familles (recomposées ou pas) ne fonctionnent pas, les liens demeurent. Ce n’est pas parce que ma relation de couple n’a pas fonctionné que la relation de ma fille avec mon ex est un échec, bien au contraire. Ces deux-là partagent des choses que je n’ai jamais partagées, ni avec l’un, ni avec l’autre. Et c’est très bien! Il est de ce fait fondamental de respecter ces liens qui se sont formés et de créer des conditions favorables à leur épanouissement.

Ces deux-là partagent des choses que je n’ai jamais partagées, ni avec l’un, ni avec l’autre. Et c’est très bien!
Courtoisie/Valérie Lavoie
Ces deux-là partagent des choses que je n’ai jamais partagées, ni avec l’un, ni avec l’autre. Et c’est très bien!

C’est une grande responsabilité de laisser se créer des liens entre notre nouveau conjoint et nos enfants. Ces liens deviennent des relations à part entière, indépendantes de la relation amoureuse entre les deux adultes. Il est donc important de le faire avec réflexion, ouverture et sensibilité.

Lorsque la relation amoureuse ne fonctionne pas, cette sensibilité et cette ouverture sont encore plus importantes pour déterminer ce qui est le mieux à faire. Le réflexe est probablement de laisser nos blessures parler à notre place et de rompre toute relation. Mais, est-ce vraiment ce qui est le mieux?

Je pense qu’abandonner le désir de contrôle peut mener à des chemins inconnus, riches en apprentissages, tant pour les parents que pour les enfants. Lorsque les choses sont faites avec cœur et en se souciant du bien-être de chacun, c’est étonnant ce que la vie peut nous proposer!

Le concept de diversité est plutôt à la mode actuellement dans notre société. N’ayons pas peur d’être créatifs et de valoriser aussi la diversité des modèles familiaux!

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