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Luc Picard et les nombreux défis d'interpréter le tueur à gages Gérald Gallant

«Je me suis entraîné comme un débile dans les mois précédant le tournage pour être en forme et pouvoir passer au travers...»
Christal Films Productions Inc.

Dans la cuisine d’une maison située dans un quartier résidentiel de la Rive-Sud de Montréal, on tourne une scène de célébrations à la suite d’une sortie de prison. Nous sommes sur le plateau de tournage de Gallant: Confessions d’un tueur à gages, dans lequel Luc Picard prête ses traits à l’un des tueurs les plus prolifiques du Québec. Entre deux scènes partagées avec David La Haye, Eveline Gélinas et Maxim Gaudette, le comédien s’est confié sur son double rôle d’acteur principal et de réalisateur de ce long-métrage qui prendra l’affiche en 2020.

Un rôle physique

Luc Picard a les traits tirés. Sans doute parce que ce rôle de tueur lui a demandé beaucoup de travail – physique notamment – en amont et durant le tournage. Parce que l’acteur est aussi le réalisateur de ce film dont l’histoire est tirée du livre éponyme écrit par les journalistes Éric Thibault et Félix Séguin (publié en 2015).

«C’est un gros film, explique-t-il. C’est 180 scènes, 60 lieux de tournage et je ne sais plus combien de scènes de cascades et de tueries. C’est un film vraiment lourd à réaliser. Je me suis entraîné comme un débile dans les mois précédant le tournage pour être en forme et pouvoir passer au travers.»

Son personnage de Gérald Gallant, il le décrit comme un tueur à gages et un homme ayant eu une enfance difficile. Quelqu’un ayant souffert de sa maigreur et de ses problèmes cardiaques. Un homme qui vivait une vie très rangée, aussi, dans son patelin, à Donnacona.

«On n’aurait pu le soupçonner de rien, ajoute-t-il. Il avait une vie très ordinaire, il ne buvait pas, ne prenait pas de drogue, il n’avait pas une vie de bandit. Ça reste peut-être le tueur à gages le plus prolifique de l’histoire du Québec. Il a assassiné 28 personnes et il a 14 tentatives de meurtres à son actif. C’est un gars à la morale douteuse qui se voit comme un soldat. Mais on peut facilement douter qu’il ait été soldat; on voit bien que c’est un tueur.»

Ce personnage tout en contrastes, l’acteur se doit de l’aborder dans toute sa complexité. Gallant fragile dans la vie (il est maigre et s’exprime de façon un peu timide) et infiniment méthodique lorsque vient le temps de tuer.

«Quand il tue, il ne fait pas d’erreur, précise-t-il. Il est froid et est capable de faire ce que la plupart des êtres humains sont incapables de faire. Gallant est précis et méthodique. Il est capable de tuer sobrement, sans perdre la carte.»

Afin de se préparer à interpréter un rôle aussi complexe et dense, l’acteur s’est fait un devoir de visionner tous les interrogatoires («des heures et des heures d’interrogatoires», précise-t-il) et de lire tout ce qu’il y avait à lire sur Gérald Gallant.

Il avoue aussi que le fait d’interpréter une personne ayant déjà existé apporte «un certain inconfort».

«Tu sais que cela va être vu par ces gens, même s’ils ne se reconnaîtront probablement pas, car tu ne peux jamais reproduire la réalité de quelqu’un, explique-t-il prudemment. Tu es obligé d’en inventer. On ne prétend pas, avec notre film, faire un documentaire sur Gérald Gallant ou sur cette bande. C’est inspiré de. Cela dit, on s’est quand même tenu le plus près possible de la réalité, mais ça reste de l’art. L’idée est d’amener un point de vue sur ce milieu. On s’est donné ces libertés-là.»

Acteur et réalisateur

Jouer et réaliser à la fois : le mandat est double pour l’acteur, qui s’était déjà prêté à l’exercice pour les films L’audition et Babine. Il confie que pour lui, le plus grand défi qui en découle reste physique.

«Je me suis entraîné très fort pour ce projet spécifiquement. À l’inverse de L’audition, par exemple, ce personnage en est un de composition. Il est aussi extrêmement présent dans le film.»

Il raconte aussi que lorsqu’on l’a approché pour prendre part au projet, sa première question était de savoir s’il pouvait jouer et réaliser le film. «Je ne pouvais pas passer à côté de ce rôle, lance-t-il. Pour moi, ça allait de pair, jouer et réaliser.»

Le comédien ajoute qu’il prend aussi plaisir à s’inspirer du modèle précis (le «vrai» Gallant) pour créer sa propre version du personnage. «Tu ne veux pas l’imiter, mais c’est sûr que tu peux t’en inspirer. C’est ce je l’avais fait pour Michel Chartrand.»

Questionné à savoir s’il était anxieux de se voir, à l’instar du cinéaste Quentin Tarantino, reprocher de faire l’apologie de la violence avec Gallant: Confessions d’un tueur à gages, le réalisateur affirme n’avoir absolument aucune inquiétude.

«Le scénario est construit pour berner le spectateur. Oui, il y a des moments où on ne peut s’empêcher de le trouver sympathique, mais il y a aussi des moments où on le trouve abominable. L’idée est de créer une ambiguïté, mais il n’y a aucune envie de glorifier le tout. Les scènes de violence, vous allez voir, ne sont vraiment pas glorieuses.

Gallant: Confessions d’un tueur à gages prendra l’affiche au cours de l’année 2020.

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