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Un livre personnalisé pour aider les tout-petits à apprivoiser le deuil

«La petite cabane au creux de mon coeur» offre aux enfants une histoire adaptée à leur réalité, où ils peuvent se réfugier et se remémorer l'amour et les souvenirs de la personne aimée.

En ce contexte de pandémie, la majorité des rituels funéraires auxquels la population a normalement accès ont été mis sur pause, distanciation sociale oblige.

Beaucoup de familles dont les parents ou les grands-parents sont décédés de la COVID-19 ne peuvent donc pas accéder à ces moyens de vivre la mort ensemble et d’avancer dans leur deuil.

«Aujourd’hui, les enfants sont beaucoup plus près de leurs grands-parents que ce que c’était à une certaine époque. Pour plusieurs enfants, la perte d’un grand-parent va souvent être leur premier contact avec la mort», affirme au HuffPost Québec l’autrice Nathalie Bossé.

La résidente de Windsor, en Estrie, offre avec son livre «La petite cabane au creux de mon coeur» un moyen aux enfants de cheminer dans leur deuil, tout en se retrouvant dans une histoire à laquelle ils peuvent véritablement s’identifier.

L’écrivaine raconte que l’idée de ce livre personnalisé a commencé à germer dans son esprit lorsqu’elle a elle-même dû faire face au deuil de son conjoint il y a trois ans, alors que ses enfants avaient respectivement 2 et 4 ans.

Nathalie Bossé et ses enfants, Théo, 7 ans et Jasmine, 5 ans.
Courtoisie Nathalie Bossé
Nathalie Bossé et ses enfants, Théo, 7 ans et Jasmine, 5 ans.

«En tant que maman qui devait les accompagner dans ce deuil difficile-là au jour le jour, j’ai cherché à faire du mieux que j’ai pu, en lisant beaucoup sur le sujet du deuil des tout-petits, en essayant de trouver des livres appropriés, pour faire des parallèles, pour parler de la mort», témoigne-t-elle.

Mais elle a vite constaté qu’un certain manque persistait: une façon de faire le parallèle entre ce qui se passait dans le livre et ce que l’enfant vivait concrètement - parce qu’il ne s’agissait pas du même membre de la famille décédé, par exemple.

Plutôt que d’écrire un livre en mode thérapie, l’autrice a voulu aller au-delà du fait de raconter sa propre histoire, ou celle de ses enfants, pour créer un récit dans lequel «chaque enfant pourrait se retrouver, retrouver la bonne situation, le bon contexte».

À la suite de plusieurs recherches, elle est tombée sur une maison d’édition située à Saint-Jean-sur-Richelieu - d’où son conjoint était d’ailleurs natif -, Ton livre, ton histoire, par Chapeau Melon. Son éditrice a expliqué à Mme Bossé qu’elle avait justement déjà eu de la demande de la part de sa clientèle pour avoir un livre qui abordait le sujet délicat du deuil.

La collaboration entre l’autrice et la maison d’édition s’est donc concrétisée, appuyée par l’expertise de l’organisme Deuil-Jeunesse et les images profondes, toutes en douceur de Pascale Crête.

Courtoisie
Ton livre, ton histoire par Chapeau Melon
Courtoisie

Se bâtir un «coffre aux trésors»

On ne peut supposer que «chaque enfant va avoir les mêmes réactions, les mêmes questionnements, les mêmes pensées», par rapport à un deuil.

C’est en cherchant à trouver une façon de personnaliser l’histoire pour qu’elle s’applique à tous que l’idée d’un personnage extérieur, le colibri, est venue à l’écrivaine. Dès le début du livre, celui-ci vient se poser à la fenêtre de l’enfant et lui raconte qu’il a vécu la perte de la même personne - que ce soit la mère, le frère, la grand-mère, etc. À travers ce que le colibri a vécu, l’enfant va pouvoir y faire le parallèle avec ses propres émotions.

Le colibri peut «dire à l’enfant que c’est normal qu’il vive de la peine, que ça ne dure pas pour toujours, que ça fait partie du deuil», explique Mme Bossé.

Ce personnage va aider le petit à se bâtir un «coffre aux trésors», un «petit nid au creux de son coeur»; «c’est l’endroit où il va se réfugier quand il a besoin de penser à la personne qu’il a perdue», précise-t-elle.

«Ce symbole-là, c’est vraiment l’endroit où tout l’amour qu’on a pour cette personne et les souvenirs de la personne, qui ne disparaîtront jamais, vont devenir le refuge de l’enfant», dit-elle.

Le poids des (bons) mots

Avant la publication du livre, Nathalie Bossé a demandé à la travailleuse sociale et fondatrice de l’organisme Deuil-Jeunesse Josée Masson d’en faire la lecture. Il était capital pour l’écrivaine de faire approuver le contenu par cette spécialiste en accompagnement des enfants endeuillés, afin de s’assurer que tout y était neutre, que tous les éléments essentiels figuraient dans le livre, qu’on utilisait les bons mots.

«Il y a beaucoup de choses qu’on va raconter aux enfants, mais la portée de nos mots a vraiment un impact majeur sur comment les enfants peuvent voir la mort ou imaginer la personne décédée», détaille l’autrice.

«Il y a cet objectif-là aussi dans le livre, qui est de venir défaire un peu certaines choses qu’on va dire qui peuvent nuire aux enfants sans qu’on s’en rende compte.» Ainsi, le fait de dire à un enfant que son papa est «au ciel» peut faire en sorte «qu’il va vouloir monter sur le toit de la maison et essayer de s’envoler pour aller le rejoindre».

Pour l’autrice, le fait de dire la vérité est très important, «parce qu’il y a les croyances et il y a les faits; ce qui entoure la mort est souvent relié à des croyances, mais il faut faire attention de ne pas transmettre ces croyances aux enfants», dit-elle.

L’écrivaine considère son livre comme un «moyen pour l’enfant de se rapprocher de la personne aimée, tout comme une photo ou un objet» qui lui a appartenu, et comme un outil pour l’adulte qui accompagne.

«Chacun a son nom à lui dans son livre, son propre souvenir. C’est vraiment très personnel et une façon de se rappeler ce souvenir.»

Pour commander «La petite cabane au creux de mon coeur et le personnaliser, visitez le site web de la maison d’édition.

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