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En prenant du recul, il nous faut voir le visage de ces victimes comme celui de toutes celles restées dans l’ombre.
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Il nous faut cependant, en tant que société, assurer un changement à long terme dans la mentalité du peuple québécois.
Mateusz Sawicki / EyeEm via Getty Images
Il nous faut cependant, en tant que société, assurer un changement à long terme dans la mentalité du peuple québécois.

Les récents événements entourant Harvey Weinstein ont levé le voile sur un enjeu social trop souvent passé sous silence. Sur toutes les tribunes, on pointe du doigt le tristement célèbre producteur. Certes, bientôt déjà, on tournera la page, commençant un nouveau chapitre à neuf et laissant croire à tort que les problèmes d'abus de pouvoir, de machisme, de harcèlement au travail et d'abus sexuels seront réglés une fois l'attention médiatique portée ailleurs. Il ne faut toutefois pas en rester là.

Qu'en serait-il s'il avait abusé de femmes normales, vivant loin de la vie publique, plutôt que le gratin de Hollywood? S'il avait abusé d'une enseignante ou d'une infirmière? Notre perception serait-elle différente? Elle ne devrait pas l'être. Le cas Weinstein ouvre la porte à un enjeu de société important qui touche de nombreux domaines professionnels.

Les échos se font d'ailleurs ressentir ici aussi, alors qu'on accueille une nouvelle vague de dénonciation. La ligne ouverte temporaire de la sureté du Québec et le mot-clic #MoiAussi, deux initiatives qu'on se doit par ailleurs de saluer, nous rappellent que les gestes d'inconduites sexuelles sont bel et bien présents dans de nombreuses sphères professionnelles de la société québécoise. Ils nous affectent tous, et ce sans égard au sexe, à la race, à l'orientation sexuelle ou à la religion.

Au nom de notre carrière, on choisit le silence plutôt que de dénoncer ces inconduites.

Bien trop fréquemment, on tend à banaliser ces gestes pourtant lourds de conséquences. Au nom de notre carrière, on choisit le silence plutôt que de dénoncer ces inconduites. Rappelons par ailleurs à ceux qui ont abusé que de ne rien dire ne veut pas dire que l'on consent. C'est ici toute la définition de consentement sexuel qui est à revoir. Cependant, ces derniers jours nous aurons appris qu'ensemble, il nous est possible de faire avancer les choses.

Pour sa part, le gouvernement Couillard a pris la décision d'injecter 1 million dans un fonds d'urgence visant l'aide aux victimes, une décision qui, en soi, n'est pas mauvaise considérant la vague déferlante de dénonciations. Il est toutefois déplorable qu'il ait fallu de tels événements pour motiver le gouvernement en place à prendre des mesures afin de limiter les événements du genre.

Il nous faut cependant, en tant que société, assurer un changement à long terme dans la mentalité du peuple québécois.

À court terme, on l'espère, ce fonds d'urgence pansera un tant soit peu les dommages moraux faits aux victimes. Il nous faut cependant, en tant que société, assurer un changement à long terme dans la mentalité du peuple québécois. Ce changement, comme nous l'a fait remarquer Denis Coderre, passe par la jeunesse. Selon lui, offrir des cours de sexualité plus tôt aura un impact durable contre la stigmatisation entourant les abus sexuels au travail.

En prenant du recul, il nous faut voir le visage de ces victimes comme celui de toutes celles restées dans l'ombre. Le discours de ceux qui ont osé parler n'est pas seulement le leur, c'est aussi celui de toutes ces victimes persécutées par un capitalisme sale où la loi du plus fort règne en maître et qui ne peuvent faire entendre leur voix haut et fort.

Il faut se rappeler de ces femmes et de ces hommes comme ceux qui auront eu le courage de ne pas se soumettre et ensemble, agissons !

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