ESPACE - Est-ce la fin du paisible ciel étoilé? Alors que le second lancement de soixante satellites de la mégaconstellation Starlink a eu lieu le 11 novembre dernier, les amateurs d’astronomie tirent la sonnette d’alarme. L’élément déclencheur, ce fut une pluie de météorites très attendue dans la nuit du 21 au 22 novembre, pendant laquelle certains observateurs ont été surpris par une nuée d’objets brillants dans le ciel: les fameux satellites, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article.
Ce n’est pas la première fois que les observateurs du ciel rencontrent inopinément Starlink: en mai dernier, peu de temps après le lancement de la première salve, plusieurs satellites avaient été observés à l’oeil nu, en file indienne dans le ciel nocturne. Cette fois, plusieurs astronomes ont publié, furieux et inquiets, les zébrures apparaissant sur leurs photos du ciel, accusant la constellation de fausser leurs résultats d’études.
S’il est resté silencieux sur la question cette fois, au printemps dernier Elon Musk avait répondu que sa société travaillait à réduire les reflets de ses satellites (voir le tweet ci-dessous), ajoutant que ceux visibles à l’oeil nu étaient encore en train de s’élever vers leur orbite définitive, pour atteindre les 550 kilomètres d’altitude, à la suite de quoi ils ne seraient plus une pollution visuelle.
“J’ai envoyé une note à l’équipe Starlink la semaine dernière pour leur demander spécifiquement de réduire les reflets. Nous en aurons une meilleure estimation quand ils auront atteint leur orbite et que la constellation se sera adaptée au soleil.”
Il faut espérer que les ingénieurs de SpaceX, le maître d’oeuvre de Starlink trouvent une solution efficace contre ces reflets, car à y regarder de près, l’explication de l’altitude n’est pas vraiment rassurante. L’astronome américain de l’université d’Harvard Jonathan McDowell a suivi les satellites repérés en mai: si depuis, ils sont largement moins repérables, ils restent à certains moments de la nuit visibles à l’oeil nu.
7500 satellites en très basse orbite
Plus inquiétant pour le monde de l’astronomie: le second lancement n’a pas servi à placer les satellites à une orbite de 550 kilomètres d’altitude...mais à 346 kilomètres, soit à une orbite dite de “très basse altitude”. Pas question alors pour Musk d’invoquer un problème temporaire: les satellites dont s’est officiellement plainte l’Association des universités peut la recherche en astronomie sont là pour rester.
À ce sombre tableau, il faut apporter un bémol: comme l’a démontré dans une étude l’astronome Patrick Seitzer; de l’université du Michigan, les satellites incriminés ne polluent le ciel nocturne qu’au crépuscule et juste avant l’aurore: c’est à ce moment que les rayons du soleil, se reflétant dans les panneaux solaires, les transforment en objets brillants.
Mais la démesure du projet Starlink, comme le souligne l’étude elle-même ainsi que de nombreux acteurs du secteur spatial, menace de rendre caduques ces nouvelles rassurantes. Le chiffre fluctue rapidement en fonction de la volonté d’Elon Musk, ainsi que l’altitude visée, mais aux dernières nouvelles, l’Américain voudrait placer 7500 satellites sur cette orbite de très basse, chiffre qui pourrait encore augmenter à l’avenir. Dans de telles proportions, même une pollution visuelle marginale a de quoi devenir un problème de très grande ampleur.
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