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Les Petits Rois des Grands Ballets: un pas à la fois vers l'autonomie

Des jeunes adultes lourdement atteints de déficience intellectuelle participent à un projet de stage aux Grands Ballets, visant à les préparer au marché du travail.

Lundi matin, il est 9h15. Les bureaux impressionnants des Grands Ballets canadiens de Montréal sont plutôt calmes. Une cohorte de Petits Rois descendent doucement les escaliers pour se rendre à leur local. Peu à peu, des sourires se composent sur leur visage et on entend quelques exclamations. Ils vont porter leur sac à dos et leur agenda au bon endroit, guidés par les éducatrices. La journée de travail commence.

Depuis le 29 avril, sept jeunes adultes (ils seront bientôt huit) vivant avec des limitations intellectuelles profondes participent à un stage d’une durée de cinq ans aux Grands Ballets pour les préparer à la vie professionnelle et à l’autonomie. Deux jours par semaine, ils viennent faire quelques tâches comme remplir la photocopieuse, arroser les plantes ou déchiqueter des documents (voyez notre vidéo plus haut).

«L’importance d’avoir un programme comme celui-là, c’est parce que rendue à 21 ans, cette clientèle qui est beaucoup plus vulnérable a tendance à être sur une liste d’attente très longtemps. C’est une clientèle qui a besoin de beaucoup de ressources autour d’elle pour pouvoir intégrer le marché du travail ou pour aller à l’école ou à un centre de jour», explique Vânia Aguiar, la présidente et fondatrice de la fondation Les Petits Rois, qui accompagne les enfants atteints de déficience intellectuelle. C’est elle qui a mis sur pied ce projet en collaboration avec le CIUSSS Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, les Grands Ballets canadiens de Montréal et le centre de formation pour adultes Centre Champagnat.

*Les jeunes ne sont donc pas payés, mais l’objectif est de les préparer, pendant cinq ans, au marché du travail, pour qu’ils puissent éventuellement l’intégrer et développer leur autonomie.

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C’est que ces jeunes sont souvent oubliés par le système, lorsqu’ils atteignent 21 ans. Tout d’un coup, ils n’ont plus accès à l’école et se retrouvent à la maison, sans stimulation. Ceux qui ont une déficience trop lourde n’ont pas accès aux différents programme d’intégration au travail qui existent. Un des parents doit souvent quitter son emploi pour rester avec son enfant, explique Vânia Aguiar, elle-même mère d’un jeune homme de 23 ans atteint de déficience intellectuelle.

«À bout de souffle»

«Les parents sont vite à bout de souffle, précise-t-elle. Moi-même, je ne serais pas capable. Mon fils a besoin d’aide 24 heures par jour, et si je reste une année toute seule avec cet enfant, avec tout l’amour que j’ai pour lui... Je suis convaincue que je ne serais pas capable de rester avec lui sans perdre la boule, à un moment donné.»

Son fils Henri-Louis participe d’ailleurs à un autre projet de stage à Loto-Québec.

Cette expérience de stage est très bénéfique pour les Petits Rois et se reflète aussi à la maison, dans le comportement des jeunes, selon Mme Aguiar.

Des effets collatéraux

Mais elle est également bénéfique pour tous ceux qui côtoient les Petits Rois, constate Christian Sénéchal, directeur du Centre national de danse-thérapie des Grands Ballets.

«Il n’y a qu’à voir les sourires [des employés] quand ils se promènent sur les étages... Ça vaut 1000 mots. Il y a des effets collatéraux qui sont extraordinaires.»

D’ailleurs, le projet semble faire des petits, puisque plusieurs entreprises se montrent intéressées à faire de même, selon Vânia Aguiar.

«On est vraiment victimes de notre succès. À chaque semaine, j’ai des courriels d’entreprises qui veulent me rencontrer pour qu’on puisse commencer un nouveau plateau de travail avec eux», se réjouit-elle.

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