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Les gens d'affaires tous des crosseurs?

Certains me diront que la vie n'est pas juste, qu'elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Cependant, jamais les écarts et règles du jeu n'ont été aussi injustes.
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Occupy Wall Street, il y a trois ans... Le printemps érable il y a deux ans... Les émeutes à Baltimore depuis deux semaines... Les manifestations contre l'austérité au Québec... Tous ces événements peuvent être analysés individuellement. Mais collectivement, un message beaucoup plus fort semble se dégager. Un message qui continuera de s'intensifier si rien ne change. Ces manifestations sont le reflet d'une crise de confiance de plus en plus grande dans nos sociétés.

Ce message c'est celui de l'inégalité. Une inégalité qui ne cesse de s'accentuer. Une inégalité dans les revenus, bien entendu, mais aussi dans les chances. Il y a dix ans à peine, l'on évoquait le terme «inégalité» lorsqu'on parlait des pays pauvres. Aujourd'hui, l'on en parle dans nos sociétés développées.

Est-ce acceptable que le PDG d'une grande banque ait un salaire 600 fois supérieur à celui du salarié moyen? Est-ce éthique que la société Apple ne paye que 2 % en impôts grâce à des stratagèmes fiscaux dans plusieurs pays complaisants? Est-ce normal que ce soient toujours les Investment bankers et les milliardaires qui aient toujours un accès privilégié aux actions émises par les entreprises pour aussitôt les revendre à profit à monsieur et madame tout le monde? Est-ce socialement acceptable que les médecins s'incorporent et aient des fiducies familiales pour ultimement payer moins de 30 % en impôts? Est-ce normal que certains avocats versent la moitié de leur salaire en Alberta dans une fiducie pour payer moins d'impôts? Est-ce acceptable qu'en versant 8 000$ dans une école privée, un enfant ait une éducation trois fois meilleure et côtoie une communauté restreinte qui ne cessera de s'enrichir? Est-ce logique que de jeunes Canadiens et Européens provenant de familles relativement aisées décident de se joindre à l'État islamique?

Certains trouveront que j'exagère, mais même Joseph Stiglitz, prix Nobel de l'économie, soulève ces questions. Cette inégalité est dangereuse, proche du point de rupture. Voici quelques extraits de son livre «le prix de l'inégalité» : «Les riches s'enrichissent quand tous les autres vivent des épreuves peu compatibles avec le rêve américain. Les pauvres restent pauvres et la classe moyenne se vide peu à peu de sa substance. La richesse médiane des familles américaines a reculé de 40 % depuis la crise et est revenue à ce qu'elle était il y a deux décennies. Les inégalités ont atteint un niveau jamais vu depuis la Grande Dépression. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : En trente ans, les salaires de 90 % des Américains n'ont augmenté que de 15 %, tandis que les salaires du 1 % supérieur ont bondi de 150 %! Et ceux du 0,1 % supérieur de plus de 300 %! «La rupture du lien social et de la confiance, visible sur nos lieux de travail aura inévitablement de vastes conséquences pour la société.»

L'ouvrage se termine avec une trentaine de propositions pour arrêter la montée d'une société divisée, «le cauchemar vers lequel nous marchons lentement». Il faut que les 1 % comprennent que leur sort est lié à celui des 99 % restant.

Certains me diront que la vie n'est pas juste, qu'elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais. Cependant, jamais les écarts et règles du jeu n'ont été aussi injustes. Est-ce possible de changer ces règles et tenter de réduire ces injustices? Par ces manifestations, c'est sans doute le plus puissant des messages, plusieurs veulent y croire. L'espoir est toujours là, mais il vacille de plus en plus.

La solution viendra en partie du peuple qui pour l'instant se révolte relativement positivement et pacifiquement. Mais il n'y aura pas de solution acceptable si un certain nombre de riches et politiciens ne participent à changer les règles du jeu et à montrer l'exemple.

Nous sommes peut-être rendus au moment où des gens d'affaires, dirigeants, professionnels et politiciens se lèveront pour réinventer les modèles d'affaires et les règles du jeu. Un exemple est celui de la famille Molson. Bien entendu, celle-ci possède une immense fortune. Cependant, plusieurs membres de cette famille s'impliquent intensément, mais discrètement dans beaucoup d'initiatives sociales et ont su mettre de l'avant des principes d'investissement nobles qui ne servent pas seulement l'intérêt des actionnaires, mais aussi l'intérêt de toutes les autres parties prenantes. Un autre exemple est celui de Michel Nadeau, lequel lors de la vente de Provigo à Loblaw a réussi à faire insérer la «clause Québec». Cette clause garantissait pour une période de dix ans que Loblaw achète un minimum de 50 % de ses produits au Québec. Oui, il y a le Docteur Bolduc qui a quitté deux fois en quatre ans avec des primes de départ. Mais il y a surtout Jacques Turgeon qui était prêt à quitter le CHUM en abandonnant une année de salaire par principe, ou encore Gérard Deltell qui a renoncé à son indemnité de départ. Lorsqu'on gratte, on trouve de bons exemples, mais il en faudra encore plus et les répéter. Tout un chacun à petite échelle.

Lors du premier Sommet international de la confiance dans les organisations qui se tiendra les 21 et 22 mai prochains à Montréal, nous remettrons les prix IPSOS & ICO de la confiance. Ces prix seront remis à des personnalités qui ont contribué à hausser la confiance dans leur secteur d'activité : politique, affaires, secteur public, information et journalisme, caritatif ainsi que culturel et artistique. Comme me le disait la mairesse de Châteauguay, Madame Nathalie Simon, il est important de parler tout autant des actes de bravoure que des actes de corruption.

À votre tour, avez-vous des exemples de gestes nobles qui visent à réduire les inégalités et qui inspirent confiance?

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