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Les étudiants ne peuvent pas faire la grève? Ah, oui?

Je ne suis pas spécialiste du droit du travail, je m'y connais mieux en histoire et en linguistique, mais j'en ai contre cet argument qui veut que les étudiants n'aient pas le droit de faire la grève, parce qu'ils ne sont pas des salariés. Pour appuyer ce genre de sophisme, j'ai même lu que la grève est un droit inscrit au Code du travail, donc les étudiants n'étant pas salariés ou employés d'un organisme qui reconnaît le droit de grève, leur grève n'en est pas une... Holà!
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Radio-Canada.ca

Je ne suis pas spécialiste du droit du travail, je m'y connais mieux en histoire et en linguistique, mais j'en ai contre cet argument qui veut que les étudiants n'aient pas le droit de faire la grève, parce qu'ils ne sont pas des salariés. Pour appuyer ce genre de sophisme, j'ai même lu que la grève est un droit inscrit au Code du travail, donc les étudiants n'étant pas salariés ou employés d'un organisme qui reconnaît le droit de grève, leur grève n'en est pas une... Holà! Le concept de grève existait bien avant que le Code du travail le reconnaisse et des grèves étudiantes ont eu lieu alors que les universités venaient à peine de commencer leur existence, il y a presque mille ans, au Moyen Âge.

Les syndicats et les grèves n'ont pas attendu «un droit écrit» pour exister

L'industrialisation du monde occidental a commencé à la fin du XIXe siècle et presque aussitôt, au Québec et au Canada, des premiers syndicats se sont formés dans l'illégalité (vous pouvez lire sur le site du Syndicat des étudiants employés de l'UQAM une historique). Sans l'action syndicale, les ouvriers auraient continué à risquer leur vie, à travailler de très longues heures et le travail des enfants auraient perduré. On peut aujourd'hui, enfoncés dans notre confort, contester la légitimité des syndicats, parler de la Chine comme un modèle de dynamisme économique (avec lequel semble aller de paire une dévalorisation de la vie humaine et un gaspillage des ressources), mais au Québec, les grandes grèves de 1949 et 1957, considérées illégales par Duplessis, ont permis un avancement de la société québécoise. Et ce fameux Code du travail québécois n'est arrivé que sous un autre règne, celui de Lesage en 1964. Il y a sur le site du Musée Mc Cord un petit résumé de cette époque.

Les grèves étudiantes ont cours depuis des centaines d'années!

Mais encore... Saviez-vous que des grèves étudiantes avaient eu lieu à la Sorbonne au XVe siècle, par exemple lorsqu'un étudiant avait été arrêté? Pour me le remettre en mémoire, j'ai visité brièvement Wikipédia à l'article Chronologie du mouvement étudiant (source de mise à jour toujours bienvenue), or, une grève générale avait eu lieu en 1229 à l'Université de Paris. En France, des siècles plus tard, soit à la fin du XIXe siècle, l'existence des associations étudiantes devient un droit inscrit dans une loi. Alors les petits arguments, qui se basent sur 30 ans d'histoire pour en contester des siècles, vous pouvez les laisser de côté. Pensez donc plutôt à projet de société dont vous serez fiers dans 100 ans!

Ce mépris des jeunes...

Les médias sociaux y font souvent écho, comme ils font écho à toute chose, mais au cours des dernières années j'ai vu se répandre une attitude mesquine envers la jeunesse. Les moins de 25 ans (mes excuses au 25-34 qui se trouvent jeunes, vous êtes des jeunes d'expérience) sont parfois jugés sévèrement pour leur manque d'expérience ou leur idéalisme, ce qui constitue un non-sens. Dans ce contexte, plutôt que de voir cette énergie contestataire comme une force créatrice, on prétend que l'engagement à une cause n'est pas responsable, que de prendre position contre le gouvernement est égocentrique. Donc, quand ces jeunes se soulèvent, sortent dans les rues, on dit qu'ils exagèrent, qu'ils méritent d'être remis à leur place par les forces policières. Je lis cela et je n'en reviens pas.

Je vais vous faire une confidence, j'ai vécu les premières hausses des frais de scolarité, rien de bien terrible, mais néanmoins, j'ai mis huit ans à rembourser les prêts et bourses contractés pour un certificat en enseignement et une maîtrise.

Je soutiens donc les étudiants et j'espère que leur soulèvement aura au moins l'effet de nous rappeler comment nous sommes rendus plates et sans idéal.

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