Dans un monde idéal, nous devrions pouvoir nous confier à nos médecins à propos de tous nos soucis en matière de santé. Toutefois, pour de nombreuses personnes vivant avec des troubles cutanés, comme un Canadien sur cinq qui souffre d’acné, il peut être gênant et même honteux de parler à un médecin de problèmes de santé mentale reliés à ceux-ci.
Un sondage récent effectué par la British Skin Foundation (BSF) a révélé que neuf dermatologues sur 10 disent que les professionnels de la santé ne prennent pas assez au sérieux les problèmes de santé mentale liés à un problème de peau.
«Les patients atteints de troubles cutanés ont souvent l’impression de ne pas être écoutés ou compris par leurs médecins. Les occasions où ils sont véritablement écoutés et compris sont rares et extraordinaires», a déclaré le Dr Alexandra Mizara, psychologue consultante et porte-parole de la BSF dans un communiqué.
La blogueuse beauté Lex Gillies a confié à Refinery29 que lorsqu’elle a dit à son médecin ce que la rosacée lui faisait ressentir, elle n’a pas reçu beaucoup de soutien de sa part. Elle s’est sentie «dévastée» et «comme si elle avait gaspillé le temps du docteur avec quelque chose de si superficiel».
Gillies n’est pas la seule à avoir vécu cette expérience. De nombreuses personnes se sont plaintes sur Twitter des réactions de leurs médecins face à leurs problèmes de peau.
Le traitement des problèmes cutanés peut avoir en soi un impact négatif sur la santé mentale. Les médicaments contre l’acné comme l’isotrétinoïne, qu’on connaît davantage sous le nom de la marque «Accutane», ont été associés à la dépression et à une augmentation des pensées suicidaires.
La Dre Anjali Mahto, dermatologue et auteure de The Skincare Bible, souhaite que le public soit plus informé des conséquences néfastes de ces affections sur la santé mentale, que les médecins négligent souvent.
En mai, Mahto a écrit sur son compte Instagram: «L’acné est associée à la dépression, à une faible estime de soi, à une mauvaise image corporelle, à l’intimidation, à la honte, à l’exclusion en milieu de travail et même aux idées suicidaires. Pourtant, même si nous sommes en 2019, les affections cutanées sont bien souvent encore considérées comme de simples problèmes esthétiques.
De la prévention dirigée par un médecin
Le stress psychologique ressenti par les personnes souffrant de problèmes de peau peut être grave. Une étude menée en 2018 par Isabelle Vallerand, une chercheuse de Calgary, a révélé que les gens avaient 60% plus de risques d’avoir une dépression un an après avoir eu de l’acné que les personnes à la peau lisse et saine.
«Il s’agit de la première étude démontrant de manière concluante que l’acné peut être plus qu’une imperfection cutanée et avoir un impact réel sur la santé mentale sous la forme d’une dépression clinique», a déclaré Vallerand à CBC News.
Vallerand exhorte les médecins à choisir la voie préventive en ce qui a trait à l’état psychologique de leurs patients. Elle estime qu’ils «devraient encourager chacun de leurs patients souffrant d’acné à se sentir à l’aise de signaler tout problème de santé mentale, car ceux-ci doivent être pris au sérieux».
Cette intervention en amont permettrait d’envoyer le patient vers des services de psychologie.
Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l’anglais.
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