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Les causes (probables) de la dégringolade du PQ

Le Parti québécois ne cesse de perdre des plumes pour la simple raison qu’il fait penser à une poule sans tête qui court dans toutes les directions!
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L’optimisme de façade dont Jean-François Lisée s’entête à faire preuve ne trompe personne.
LA PRESSE CANADIENNE
L’optimisme de façade dont Jean-François Lisée s’entête à faire preuve ne trompe personne.

Deux sondages sont venus confirmer, en mai, que la formation souverainiste reste « enlisée » depuis un an dans son propre bourbier. Mais pourquoi les électeurs boudent-ils le PQ ? Voici une série d'images susceptibles d'expliquer ce qui se passe dans la tête des personnes sondées.

Comme une poule sans tête

Première explication. Le Parti québécois ne cesse de perdre des plumes pour la simple raison qu'il fait penser à une poule sans tête qui court dans toutes les directions! À le regarder aller, on éprouve le sentiment désagréable que le PQ ne va nulle part, voire qu'il fait fausse route et se dirige tout droit vers l'abattoir.

De toute évidence, l'optimisme de façade dont Jean-François Lisée s'entête à faire preuve ne trompe personne. Le chef du PQ a beau s'amuser à jouer au plus malin en persistant à lancer des idées toutes plus abracadabrantes les unes que les autres avec l'enthousiasme d'un magicien qui sortirait un lapin de son chapeau, cela démontre en réalité qu'il est à mille lieues de disposer d'une feuille de route clairement établie. Les « bonnes nouvelles » que lui et son entourage n'arrêtent pas de faire pleuvoir sur la population sentent davantage l'improvisation qu'elles ne sont le fruit d'un plan d'action bien arrêté et d'une stratégie soigneusement planifiée.

Même la plateforme électorale fraîchement pondue par le PQ donne l'impression que les militants péquistes prennent leurs désirs pour des réalités et se bercent de douces illusions.

Même la plateforme électorale fraîchement pondue par le PQ donne l'impression que les militants péquistes prennent leurs désirs pour des réalités et se bercent de douces illusions. De prime abord, il est tentant d'y voir autant de signaux positifs susceptibles de convaincre la population québécoise que le PQ ferait un « ***** de bon gouvernement » et de conforter les indépendantistes purs et durs dans leur opinion que ce parti reste malgré tout le meilleur porteur du projet souverainiste. Il serait toutefois étonnant que le mélange d'ingrédients hétéroclites qu'elle contient suffise à faire lever la pâte dans les semaines et les mois qui viennent.

Vu les circonstances, il y a peu de chance que le jovialisme du capitaine Lisée produise le résultat escompté le soir du 1 octobre. Bien que lui et son équipage rament comme des forcenés et se démènent comme des diables dans l'eau bénite dans une tentative désespérée de se sortir du pétrin, rien n'y fait. D'un sondage à l'autre, leur bateau en perdition n'avance pas, échoué qu'il est sur les écueils de leur propre turpitude.

L'art de marcher sur des œufs

Deuxième explication. Encore plus inquiétant est le fait que Jean-François Lisée a un vilain défaut qu'il traîne depuis toujours derrière lui comme un boulet. Au point où ce fardeau nuit plus que jamais gravement à la progression de l'option souverainiste. Loin d'avoir la volonté de fer qu'on serait en droit d'attendre d'un leader indépendantiste, le commandant du navire péquiste a la fâcheuse habitude de recourir – comme bon nombre de Québécois ! – à un mécanisme de défense que la psychologue Ingeborg Bosch qualifie de « faux espoirs ». Il s'agit d'un réflexe conditionné qui consiste soit à vouloir contenter tout le monde, soit ne déplaire à personne.

On a pu s'en rendre compte encore récemment lorsque M. Lisée a accepté, avec son entrain habituel, l'invitation d'un consortium de médias anglophones de débattre en anglais lors de la prochaine campagne électorale. Ce n'est ni la première ni sans doute la dernière fois qu'il tombe dans ce travers, car son attitude de complaisance envers la communauté anglophone ne date pas d'hier.

Avec Jean-François Lisée, on nage en outre en plein flou identitaire.

Avec Jean-François Lisée, on nage en outre en plein flou identitaire. Chaque fois que le sujet de l'immigration ou des signes religieux ostentatoires revient sur le tapis, on ne sait trop s'il avance ou s'il recule, tellement il a l'air de tenter d'éviter de marcher sur des œufs. Ses valses-hésitations dans ces dossiers n'ont rien pour rassurer les électeurs sur ses intentions réelles.

À vrai dire, le cafouillis généralisé qui existe au sein du PQ sur ces questions sensibles (et sur bien d'autres !) n'est pas étranger au déclin que connaît cette formation, essentiellement au bénéfice d'une CAQ plus résolue à ce chapitre, depuis la mise au rancart du projet de Charte des valeurs québécoises.

Le syndrome de la cruche cassée

Troisième et dernière explication. « Tant que l'indépendance n'est pas faite, elle reste à faire », a écrit à juste titre le poète Gaston Miron. Tout le reste est secondaire au fond. Mais alors, pourquoi tergiverser inutilement ? Pourquoi zigzaguer dans tous les sens plutôt que d'aller droit au cœur du problème ?

« Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. » Ce proverbe illustre on ne peut mieux la situation actuelle du Parti québécois. Depuis le temps qu'il s'obstine dans les mêmes erreurs de parcours, il en subit présentement les conséquences. La désaffection des électeurs à son endroit est due à un problème d'image : victime du syndrome de ce j'appelle la « cruche cassée », le PQ n'a pas su résister à l'usure du temps. Tout au long de ses cinquante ans d'existence, il a failli lamentablement à sa mission première.

Malheureusement pour l'état-major souverainiste, les Québécois connaissent déjà le scénario du « bon gouvernement » et ils n'ont visiblement plus envie de revivre les affres de l'échec des référendums de 1980 et de 1995. Par dépit ou par lassitude, ils sont donc sur le point de laisser littéralement tomber un parti qui n'a pas su parvenir en temps et lieu au but qu'il s'était fixé. Et tant pis si la cruche se fracasse au sol !

C'est la raison fondamentale pour laquelle, après avoir remplacé l'Union nationale dans le cœur des nationalistes québécois, le PQ est probablement à la veille d'être supplanté à son tour par la CAQ.

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