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L'empathie est un super-pouvoir, rappelle cette affiche qui a conquis Facebook

Dès 14 mois, la science a montré que les bébés ont la capacité de venir en aide aux autres, de manière spontanée, sans influence extérieure. Ce super pouvoir peut être cultivé.
C'est quoi l'empathie, illustration d'Élise Gravel
Elise Gravel
C'est quoi l'empathie, illustration d'Élise Gravel

Montrer aux enfants que l’empathie est une force, que celle-ci permet de faire plus attention aux autres, d’être plus tolérants, plus généreux, plus solidaires et moins individualistes. C’était le projet de l’illustratrice Elise Gravel et elle a visé juste avec son affiche. Près de 20 000 personnes ont partagé son travail publié mi-septembre sur Facebook.

La quadragénaire espérait que cette affiche puisse intéresser le personnel éducatif et les parents, un très large public a finalement été touché par ces quatre dessins.

Originaire du Québec, l’illustratrice qui travaille de sa passion depuis plus de seize ans a toujours fait des livres pour les petits. «J’essaye d’atteindre les enfants avec mes messages à travers le dessin, j’en profite pour partager avec eux mes points de vue, sur l’écologie, la différence, le racisme, etc.», explique l’illustratrice au HuffPost.

La quadragénaire déplore vivre dans un monde de plus en plus dénué d’empathie et de compassion. «Le traitement que de nombreux pays, en particulier mes voisins les États-Unis, réservent aux migrants en détresse, me rend très triste».

Étant elle même maman, la dessinatrice constate à quel point les stéréotypes sont ancrés dès le plus jeune âge et s’aperçoit du manque de ressources mis en place pour expliquer certains concepts aux enfants. «Je suis aussi convaincue que c’est la génération montante qui pourra faire avancer les choses ; on est plus ouverts d’esprit quand on est jeune et c’est le bon moment pour apprendre.»

Grâce aux messages transmis au travers de ses illustrations, Elise Gravel fait aujourd’hui partie des finalistes au prix Droits et Libertés 2019 organisé par le Québec, pour ses affiches gratuites.

L’empathie reste encore un sujet sensible sur lequel les idées divergent. La définition d’empathie ne fait pas consensus et même les experts ne sont pas tous d’accord. L’illustratrice a ainsi été forcée de préciser qu’elle avait illustré une certaine forme d’empathie, l’empathie émotionnelle.

«La science, montre qu’il est possible d’exercer son empathie et de l’augmenter», déclare l’illustratrice, «comme il est plus difficile de s’ouvrir une fois adulte, je crois qu’il est important de travailler ce concept beaucoup plus tôt.»

Freud a souvent mis en avant l’égocentrisme de l’enfant, le rendant incapable de se soucier des sentiments d’autrui - donc démuni d’empathie - mais de nombreuses études, prouvent aujourd’hui le contraire.

En 2007, Felix Warneken & Michael Tomasello ont démontré que, dès 14 mois les bébés ont la capacité de venir en aide aux autres, de manière spontanée, sans influences extérieures.

L’empathie c’est quoi ?

«Quand vous regardez l’étymologie d’empathie/sympathie/compassion, dans les trois cas, la signification veut dire “souffrir avec”», explique Jacques Lecomte au HuffPost; «même l’étymologie ne nous aide pas.»

Si l’on confond souvent l’empathie et la sympathie, Jacques Lecomte - auteur de La Bonté humaine - a une technique bien à lui pour s’y retrouver.

Une personne tombe dans un puits, que faites-vous?

  • Soit, vous l’aidez en vous jetant dedans et vous vous retrouvez tous les deux au fond du puits. «Ce qui s’appelle la proximité émotionnelle avec fusion, donc la sympathie».
  • Soit vous allez chercher une échelle, la tendez à la personne et celle-ci va réussir à sortir du puits grâce à votre aide. «Et ça, c’est la proximité émotionnelle sans fusion, qui est l’empathie».

Comment ça marche

Notre cerveau, est composé d’environ 90 milliards de neurones et parmi eux se trouvent les neurones miroirs, découverts dans les années 90 par l’équipe du chercheur Giacomo Rizzolatti, neurologue de l’Université de Parme.

«Les neurones miroirs sont le fondement biologique de l’empathie», assure Jacques Lecomte. «Par exemple, si vous regardez quelqu’un courir, que cette personne tombe devant vous et se fait mal. Et bien, à ce moment-là, des zones cérébrales de la douleur vont certes s’activer chez la personne en souffrance, mais aussi dans votre cerveau.»

Il existe une autre activité cérébrale qui joue sur la sympathie; la stimulation des zones de la satisfaction ou de la récompense. «Lorsque nous faisons quelque chose de très agréable, ces zones s’activent». En ayant découvert cela, les chercheurs se sont demandé quelles étaient les situations les plus susceptibles de favoriser ce genre de stimulation, plus particulièrement dans les relations interpersonnelles.

Ils se sont rendu compte que les relations de compétition ne favorisaient absolument pas les zones de la satisfaction. En revanche, des activités avec de la générosité, de l’empathie, de l’altruisme ou encore de la coopération, stimulaient la zone de la satisfaction ou de la récompense.

«Nous sommes biologiquement prédisposés à nous réjouir du bien que nous faisons à l’autre», souligne le docteur en psychologie. Jacques Lecomte, tient à préciser au HuffPost que s’il utilise le mot «prédisposé» et pas «programmé», c’est parce que, même si l’empathie est «innée», celle-ci va évoluer en fonction de l’influence sociale et du libre arbitre, qui jouent un grand rôle sur le développement de l’empathie. «On peut très bien vivre dans une famille maltraitante et devenir prix Nobel de la paix», assure-t-il.

Ne reste plus qu’à cultiver cette empathie et ce, dès le plus jeune âge.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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