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Le voyage longue durée: échappatoire à la vraie vie ou mode de vie alternatif?

Autant le dire d'emblée, je n'ai pas la réponse à la question en titre de ce billet. Bien que cette série de blogues se voulait centrée sur les leçons apprises en voyage solo, je réalise que je me questionne autant que j'apprends. Et la question qui revient toujours: voyage-t-on durant une période de temps prolongée pour éviter la vraie vie, ou a-t-on compris quelque chose qu'ignorent ceux qui ont un mode de vie «traditionnel»?
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Autant le dire d'emblée, je n'ai pas la réponse à la question en titre de ce billet.

Bien que cette série de blogues se voulait centrée sur les leçons apprises en voyage solo, je réalise que je me questionne autant que j'apprends. Et la question qui revient toujours: voyage-t-on durant une période de temps prolongée pour éviter la vraie vie, ou a-t-on compris quelque chose qu'ignorent ceux qui ont un mode de vie «traditionnel»?

J'ai posé la question à beaucoup de voyageurs rencontrés sur mon chemin. Plusieurs m'ont avoué ne jamais s'être questionné à ce sujet. Ils voyagent, tout simplement.

La plupart de ceux qui voyagent pour une durée de temps prolongée viennent de terminer l'université, ou sont retraités. La tranche de gens entre 30 et 50 ans est quasi-absente. Ces gens qui ont l'âge d'avoir une carrière, une routine, une famille.

Alors, est-ce que voyager lorsqu'on est jeune adulte est une peur de la vraie vie? Est-ce que le mode de vie nomade, ou semi-nomade, est irréaliste? Ou est-il plutôt simplement différent?

Il serait facile de débattre à ce sujet.

D'un côté, ceux qui ont un emploi 9 à 5, une famille, des responsabilités, une hypothèque, ne pourraient peut-être pas quitter leur «vraie vie» pour un voyage prolongé, car la vie vient avec des responsabilités, pas seulement des rêves que l'on désire réaliser.

De l'autre côté, doit-on avoir un emploi 9 à 5 et une famille à 30 ans pour être heureux? Doit-on être propriétaire et endetté pour savoir ce qu'est la vraie vie? Il faut vivre pendant qu'on est vivant. Oui, la vie ne peut pas être uniquement une partie de plaisir, mais peut-on choisir de positionner notre bonheur comme priorité numéro un? Est-ce que la vie a à être routinière et casanière?

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Pour certains, le bonheur est certainement cette vision de la «vraie vie». Mais tout comme certains désirent devenir avocat ou écrivain ou mathématicien ou mécanicien, certains ressentent le besoin de découvrir, de partir à l'aventure, plus que tout.

Est-ce qu'on peut qualifier ce que devrait être la vraie vie, le chemin que l'on devrait emprunter? Est-ce que le fait que la plupart de la population choisit un mode de vie similaire signifie que ce mode de vie est le bon?

Certains pays ont un système scolaire qui fait en sorte que des jeunes se voient presque forcés de voyager, car ils ne peuvent entreprendre des études supérieures en raison de leurs résultats scolaires et doivent obtenir «de l'expérience de vie».

Mais plusieurs, comme moi, diplôme universitaire et expérience dans leur domaine en poche, choisissent de faire des jobines pour lesquelles ils sont trop qualifiés, pour voyager plus longtemps.

Et ceux qui choisissent la «vraie vie» nous jugent. «Petits enfants de riches! Travaillez donc au lieu de penser qu'à vous amuser!» Certainement, ce n'est pas tout le monde qui émet ce commentaire. Mais il revient souvent.

Que diront-ils lorsqu'ils apprendront que la personne qui a cueilli les raisins qui se trouvent dans leur vin est une scientifique d'Allemagne qui en avait simplement assez de la routine? Ou une universitaire d'Angleterre qui ne voulait pas de chômage lorsqu'elle ne trouvait pas d'emploi dans son pays? Ou des amis Taïwanais qui refusent de se donner à leur travail comme ils ont vu leurs parents le faire?

(Ces personnes existent réellement, mais ont plutôt cueilli des pommes. Mais la comparaison n'était pas aussi puissante.)

Beaucoup de backpackers travaillent pour financer leurs aventures au fur et à mesure, au lieu de s'endetter. Ils ne vivent pas par dessus leurs moyens. Loin de là. Ils tentent de comprendre ce qu'ils devraient faire maintenant qu'ils ont compris que leur «vraie vie» était trop stressante, trop demandante, ne leur permettait plus de vivre comme ils désiraient vivre. Ne leur permettait pas de vivre, simplement.

Alors, qu'est ce qu'est la vraie vie? Peut-on trouver une définition qui ira à tous?

Et surtout, a-t-on à juger les gens qui vivent une vie qui est bien évidemment vraie, juste parce qu'elle ne correspond pas à notre vision de ce qu'elle devrait être?

Il y a une citation en anglais qui va comme suit: «We travel not to escape life, but for life not to escape us.» (Nous ne voyageons pas pour éviter la vie, mais bien pour que la vie ne nous échappe pas).

Je crois que c'est ma vision du voyage longue durée. Ou de la vie.

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