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Le pape est-il victime d'un complot?

Le pape est mort, vive le pape!... Ah bien non, le pape n'est pas mort, il a démissionné... Quoi, il a donné sa démission? Pour quelles raisons? Son âge avancé... Pourtant, la fonction de pasteur suprême de l'Église catholique est un devoir à vie... Non? Hummm, plusieurs questions me viennent à l'esprit, mais la première est celle-ci: «Se pourrait-il que la démission de Benoît XVI soit la conséquence d'un complot pour restreindre le désir de transparence et conséquemment assurer l'opacité du Vatican et des informations de la cité?».
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In this photo provided by the Vatican newspaper L'Osservatore Romano, Pope Benedict XVI poses with the Chaldean Catholic Patriarch of Babylon and the Head of the Chaldean Catholic Church Louis Raphaël I Sako, center right, and members of the Synod during a private audience at the Vatican Monday, Feb. 4, 2013. (AP Photo/Osservatore Romano, ho)
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In this photo provided by the Vatican newspaper L'Osservatore Romano, Pope Benedict XVI poses with the Chaldean Catholic Patriarch of Babylon and the Head of the Chaldean Catholic Church Louis Raphaël I Sako, center right, and members of the Synod during a private audience at the Vatican Monday, Feb. 4, 2013. (AP Photo/Osservatore Romano, ho)

Le pape est mort, vive le pape!... Ah bien non, le pape n'est pas mort, il a démissionné... Quoi, il a donné sa démission? Pour quelles raisons? Son âge avancé... Pourtant, la fonction de pasteur suprême de l'Église catholique est un devoir à vie... Non? Hummm, plusieurs questions me viennent à l'esprit, mais la première est celle-ci: «Se pourrait-il que la démission de Benoît XVI soit la conséquence d'un complot pour restreindre le désir de transparence et conséquemment assurer l'opacité du Vatican et des informations de la cité?». Voici certains faits qui m'amènent à cette interrogation.

Nous le savons tous, cela n'est pas un secret de polichinelle, l'Église catholique a, dans les dernières années, été éclaboussée par une multitude de scandales. Il y a d'abord eu le scandale des prêtres pédophiles, qui s'avère être l'une des crises les plus importantes qu'ait connues l'Église contemporaine. Les révélations d'abus sexuels sur des mineurs, de la part de prêtres, associées à l'omertà qui a prévalu dans les hautes sphères du Vatican, sont venues entacher la réputation et l'image de la chrétienté. Or, malgré la loi du silence, le pape a décidé de condamner ouvertement ces pratiques et de demander pardon aux victimes et leurs familles, en plus d'accepter publiquement le blâme au nom de l'Église catholique. Du jamais vu dans l'histoire ecclésiastique.

Par la suite, les nombreuses révélations scandaleuses, mises en lumière par l'affaire VatiLeaks et le livre de Gianluigi Nuzzi (2012)*, sont venues encore une fois discréditer une institution millénaire. Dans son livre Nuzzi raconte, grâce aux confessions du majordome du pape, de nombreux errements commis par l'Église, notamment l'implication de l'IOR (Institut pour les œuvres de religion), la fameuse banque du Vatican, dans plusieurs scandales de blanchiment d'argent et de corruption. Le livre lève aussi partiellement le voile sur l'opération «Mains propres». D'abord entreprise par Tarcisio Bertone (ancien secrétaire d'État) à la demande de Benoît XVI et ensuite poursuivie par Carlo Maria Vigano, lequel avait été explicitement mandaté par Sa Sainteté pour orchestrer un ménage dans les finances de la cité pontificale, l'Opération «Mains propres» fut sans contredit critiquée par plusieurs conseillers pontificaux prônant l'opacité plutôt que la transparence.

Le billet de Yanick Barrette se poursuit après la galerie

5. Marc Ouellet (Canada)

Les favoris pour succéder au pape Benoît XVI

Dans le même ordre d'idées, la prétention, suite aux divers scandales, du pontife Joseph Ratzinger à vouloir s'immiscer dans les différentes affaires de la Curie romaine n'a certainement pas plu à plusieurs adeptes de l'hermétisme informationnel. Il n'est donc pas étonnant que, devant les révélations scabreuses, l'aile plus radicale (les ultraconservateurs) ait affermi sa position. Bien plus, la gestion quotidienne des affaires de la cité, telle qu'effectuée par le pape, faisait souvent l'objet de critiques, dans la mesure où l'évolution du positionnement politique du Saint-Siège, entre le règne de Jean-Paul II et celui de Benoît XVI, avait affaibli le Vatican sur l'échiquier international. Cela avait mené certains à affirmer que le pape devrait, au lieu de se soucier de transparence, se concentrer à réaffirmer la position stratégique du Saint-Siège au niveau politique.

En résumé, comme toute arène politique, le Vatican est au centre de plusieurs luttes de pouvoir. Les diverses factions s'affrontent dans des jeux politiques et d'influence afin d'assurer leur contrôle de certains dossiers ou de certaines ressources (atouts) pertinentes. Mais la question qui se pose aujourd'hui est pourquoi le pape a-t-il démissionné subitement à quelques semaines de la fête Pascale, un évènement important pour l'Église et ses fidèles ? Sa gestion des dossiers épineux (scandales) serait-elle à l'origine de cette décision ? L'aurait-on forcé à la démission ? Les actions réformatrices sanctionnées par le pape, initialement jugé pourtant trop conservateur par plusieurs commentateurs, auraient-elles frappé une fin de non-recevoir de la part de plusieurs groupes et/ou individus puissants au sein de l'arène catholique ? L'arrestation de Paolo Gabriele, le majordome du pape, ainsi que les évictions de Bertone, Tedeschi et Vigano étaient-ils une forme de mise en garde à l'endroit de Ratzinger ? Surtout lorsque l'on sait que ces individus (certains étant même des laïcs près du pape lui-même) auraient agi dans l'intérêt explicite du pape (l'homme et non la fonction). Des actions qui, pour reprendre les mots de Gabriele, avaient pour objectif de protéger Sa Sainteté... Mais le protéger contre quoi ? Ou plutôt contre qui ?

La promesse de transparence de Benoît XVI, en matière d'informations et, plus particulièrement, de finances, représentait une bombe à retardement, un véritable tremblement de terre dans cette petite cité au cœur de l'Italie. Aujourd'hui, Benoît XVI a décidé d'accrocher sa soutane papale pour des raisons qui, à mes yeux, sont superficielles. Le pontificat, selon la tradition apostolique, est une fonction éternelle ; alors pourquoi le pontife - celui qui a rétabli les liens avec les juifs et les musulmans, celui qui a décrété l'entrée de l'Église dans la modernité, celui qui a promis plus d'honnêteté et de transparence - a-t-il démissionné ? En fait, la véritable question est : « La fiction de Dan Brown est-elle devenue la réalité ? »...

* Nuzzi, Gianluigi (2012), «Sa Sainteté, scandale au Vatican» Editions Privé, 350 pp

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