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Le Bloc québécois devrait devenir un parti pancanadien

Si vous croyez que ce billet se veut une nouvelle profession de foi fédéraliste, détrompez-vous et continuez à lire.
Yves-Francois Blanchet, chef du Bloc québécois
La Presse canadienne/Graham Hugues
Yves-Francois Blanchet, chef du Bloc québécois

Afin de s’éclairer sur ce texte, il me semble important de définir les termes fédération et confédération qui ont, à tort, souvent été confondus.

Fédération: terme pour définir l’organisation d’un État. Selon la Constitution de l’État, la fédération se définit par le pouvoir d’élaborer des lois réparties entre un gouvernement central et des assemblées législatives régionales (provinces) ayant pleine compétence dans certains domaines (exemple: le Canada).

Confédération: terme pour définir l’organisation d’États. Les États membres de la confédération conservent leur souveraineté (voter des lois, prélever des impôts et signer des traités), mais se dotent d’un pouvoir central pour établir des politiques communes qui doivent être adoptées à l’unanimité.

Le Bloc québécois ne peut aspirer à devenir un parti qui formera le prochain gouvernement, car il n’a des candidats qu’au Québec. D’ailleurs, c’est l’argument numéro un des adversaires du Bloc: «Pourquoi voter pour un parti qui sera assurément dans l’opposition? C’est comme perdre son vote».

Je crois, foncièrement, que le Bloc a omis d’actualiser son discours depuis sa fondation par Lucien Bouchard.

Tout d’abord, le Bloc québécois devrait s’appeler simplement «Le Bloc» et présenter des candidat(e)s dans toutes les circonscriptions canadiennes. Voici à quoi pourrait ressembler sa plateforme.

“Lors de ces négociations, le Bloc pourrait aller de l’avant avec l’abolition de la monarchie et du Sénat.”

Le Bloc devrait entamer une ronde constitutionnelle avec les autres provinces canadiennes. Lors de ces négociations, le Bloc pourrait aller de l’avant avec l’abolition de la monarchie et du Sénat. La fédération canadienne serait abolie afin d’établir l’Union canadienne.

L’impôt fédéral serait aboli et seules les provinces pourraient établir des lois et signer des traités. Le programme de péréquation serait également aboli. Les élections législatives canadiennes seraient abolies et les provinces pourraient aller de l’avant avec la signature d’une union économique (les provinces peuvent conserver le dollar canadien si elles le désirent).

Le Bloc pourrait proposer également l’abolition de l’armée canadienne et par le fait même le retrait de l’OTAN. L’argent économisé de l’abolition de l’armée pourrait servir à la lutte aux changements climatiques et à un réinvestissement massif dans les communautés autochtones.

Finalement, le Bloc pourrait inclure dans la nouvelle Constitution un critère au droit à la dignité des peuples autochtones. Les États membres devraient fournir des infrastructures décentes aux peuples autochtones (système d’aqueduc, écoles, établissements de santé, etc.)

En fin de compte, le gouvernement canadien devient comme le Conseil européen (les chefs des États membres de l’Union canadienne se rassembleraient sporadiquement dans le but de définir les grands axes économiques de l’Union).

Ce projet de nouvelle Constitution pourrait, à la fin du processus, être soumis par référendum à la population canadienne.

“Pour l’ensemble des propositions faites par les différents partis pendant cette campagne électorale, il existe une disparité probante entre le Québec et le reste du Canada.”

Le Bloc Québécois a, à tort, toujours fait valoir l’argument que l’indépendance du Québec ne se fera pas à Ottawa, mais au Québec. Cet argument ne se vaut plus, car les mouvements indépendantistes sont présents partout au Canada. Si le Bloc québécois veut présenter une plateforme cohérente, il se doit de définir une proposition décente d’une Confédération / Union canadienne. Force est de constater que pour l’ensemble des propositions faites par les différents partis pendant cette campagne électorale, il existe une disparité probante entre le Québec et le reste du Canada.

Juste au niveau de l’énergie, le Parti conservateur du Canada peut imposer un oléoduc de pétrole au Québec parce que la Constitution canadienne le prévoit. Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres d’incohérence de la Constitution canadienne: le gouvernement fédéral peut imposer une décision qui n’a pas d’acceptabilité sociale dans une province, ce qui est totalement inacceptable. L’Union canadienne vient répondre à ce besoin: la souveraineté de l’État-membre prévaut simplement.

Faites juste imaginer leur premier slogan de campagne: «Le Bloc peut prendre le pouvoir.»

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