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Un lama en Belgique pourrait fournir la clé du traitement de la COVID-19

Des chercheurs ont isolé un anticorps du lama qui pourrait grandement contribuer à la lutte contre la maladie.

En regardant un lama, vous ne pensez probablement pas immédiatement à «cet animal pourrait détenir la clé pour traiter la pire pandémie en cent ans».

Mais peut-être vous trompez-vous.

Il s’avère que les bêtes duveteuses à long cou sont remarquables pour d’autres raisons que simplement parce qu’elle sont mignonnes, qu’elles crachent sur les gens et qu’elles s’enfuient comme des hors-la-loi à la «Bonnie and Clyde».

Une nouvelle étude en Belgique, publiée la semaine dernière dans la revue scientifique Cell, a révélé que les lamas pourraient en fait contenir des anticorps clés susceptibles d’aider à traiter la COVID-19.

Des chercheurs du Centre belge VIB-UGent pour la biotechnologie médicale et de l’Université du Texas à Austin ont découvert qu’un groupe de lamas, dans une ferme de recherche, produit un type spécial d’anticorps qui pourrait être utilisé pour neutraliser le coronavirus responsable de la COVID-19.

La recherche a en fait commencé en 2016, alors qu’ils étudiaient les effets des anticorps de lama sur le traitement du SRAS et du MERS — également des maladies causées par des coronavirus. Ils étaient en train de conclure l’étude lorsque l’épidémie de COVID-19 a commencé, fin 2019.

«Cette étude était un projet parallèle en 2016. Nous pensions que c’était peut-être intéressant», a déclaré Xavier Saelens, co-auteur de l’étude, à Reuters. «Puis le nouveau virus est arrivé et [cette étude] est devenue potentiellement plus cruciale, plus importante.»

La recherche s’est concentrée sur une femelle de quatre ans nommée Winter, qui en plus d’être adorable, pourrait également être un héros médical.

Winter le lama, qui vit toujours dans une ferme dans la campagne belge, dans une photo d'archives.
Tim Coppens
Winter le lama, qui vit toujours dans une ferme dans la campagne belge, dans une photo d'archives.

Winter vit actuellement dans une ferme belge, aux côtés de 130 autres lamas et alpagas. Mais quand elle avait neuf mois, dans le cadre d’un processus similaire à celui des humains recevant des vaccins pour les immuniser contre un virus, elle a reçu une injection de protéines de pointe stabilisées provenant des virus qui ont causé le SRAS et le MERS.

Les chercheurs ont pu isoler en Winter des anticorps qui l’ont immunisée contre le SRAS et le MERS. Ensuite, en reliant deux copies d’anticorps qui pourraient entraver le virus du SRAS, ils ont pu trouver un nouvel anticorps qui se lierait et neutraliserait le coronavirus qui cause la COVID-19.

«C’était excitant pour moi parce que je travaillais sur ce sujet depuis des années», a déclaré Daniel Wrapp, étudiant diplômé, co-auteur de l’étude, dans un communiqué. «Mais à ce moment-là, il n’y avait pas encore un grand besoin pour un traitement contre les coronavirus. Ce n’était que de la recherche fondamentale. Maintenant, cela peut aussi potentiellement avoir des implications translationnelles.»

Comment ça fonctionne? Eh bien, les coronavirus sont nommés ainsi en raison des pointes en forme de couronne qui dépassent de leur surface. Les anticorps du lama sont suffisamment petits pour se lier à la pointe du virus et l’empêcher d’infecter les cellules, se mettant en travers de son chemin.

Sur les réseaux sociaux, la nouvelle a emballé bien des gens.

Mais ce n’est pas totalement nouveau — les lamas ont déjà été utilisés auparavant pour combattre des maladies en raison de leur capacité à produire des anticorps spécialisés appelés nanocorps.

Ces nanocorps sont beaucoup plus petits et plus agiles que les anticorps produits par l’homme. Et ils peuvent être plus efficaces dans la lutte contre les virus. Les requins et d’autres camélidés comme les chameaux et les alpagas peuvent également produire des nanocorps.

Les nanocorps de lama ont été utilisés dans le passé pour développer des traitements contre le sida et la grippe.

Un traitement pour la COVID-19 créé à partir des anticorps de lama prendrait probablement la forme d’une injection ou d’un inhalateur.

«Les vaccins doivent être administrés un mois ou deux avant l’infection pour assurer la protection», a déclaré Jason McLellan, co-auteur principal de l’étude, dans un communiqué. «Avec les thérapies par anticorps, vous donnez directement à quelqu’un les anticorps protecteurs et donc, immédiatement après le traitement, ils sont normalement protégés. Les anticorps pourraient également être utilisés pour traiter quelqu’un qui est déjà malade afin d’atténuer la gravité de la maladie.»

Mais tout ça est encore loin. Les scientifiques commencent actuellement des essais sur des hamsters, et pourraient ensuite passer aux essais cliniques sur les humains, s’ils s’avèrent efficaces. Mais qui sait! Peut-être pourrons-nous remercier Winter lorsqu’un traitement fera son apparition.

Avec des informations de Reuters.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l’anglais.

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