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Laissez tranquilles les Tunisiens, s'il vous plait!!!

Le peuple tunisien voit clair, comme les autres peuples. Il sait que tout est quasiment cousu selon la bénédiction des forces intérieures, soutenues également par les forces extérieures. Car, si ces députés tunisiens ne votent pas selon les règles des crocodiles, ils seront non seulement destitués, mais probablement éliminés de la vie politique ou de la vie tout court.
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La Tunisie avance, à feu doux vers une réussite (relativement positive) du soulèvement populaire. Ce soulèvement, initié par les forces progressistes et les jeunes a eu du mal à se transformer en une véritable révolution radicale et populaire.

Dés les premiers martyrs, les crocodiles du régime Ben Ali montaient aux barricades pour dénoncer les jeunes, en les traitant de voyous et de manipulés par des forces nébuleuses. En voyant les choses s'empirer et en notant la déconfiture des appuis des Occidentaux, les crocodiles ont su verser des larmes et jeter le blâme sur le fugitif Ben Ali, sa femme Leila et l'ensemble de la famille Trabelsi. Tout à coup, les crocodiles sont devenus des fantômes. Invisible et solubles...

«Vaut mieux une demi-perte qu'une perte globale.»

Voilà ce qu'on entendait au sein des milieux politiques et économiques pro-régime, le lendemain du soulèvement.

À l'instar des pays touchés par ledit printemps arabe et après quelques semaines de cafouillages et d'effervescences, les islamistes sont portés au pouvoir.

Tout le monde applaudit!!!

Seulement que l'applaudissement des instances internationales ne nourrit pas les estomacs. Et quand un peuple a le ventre vide, il réagit de manière percutante et devient imprévisible.

Ce peuple qui dénonçait la dictature et la collusion de l'ancien dictateur est rapidement devenu nostalgique d'un temps pas si loin où le pain était disponible, la tomate à bon marché et l'essence en quantité suffisante pour faire circuler les bolides. La démocratie et la liberté deviennent de facto une affaire d'associations, de placotages diplomatiques, voire d'artistes assez bobos.

Les gens veulent, comme partout, la prospérité et n toit chaleureux pour se prémuni face aux hivers froids, malgré qu'ils soient en méditerranée. Ensuite les débats purement idéologiques devraient retrouver leur juste mesure. On en fait trop sur ce terrain et les choses dérapent. Je plaide pour le bon sens, je veux que les Occidentaux soient solidaires de leurs frères orientaux et je veux la paix pour les peuples. Alors, s'il vous plait, cessons de savoir ou croire ce que les peuples arabes ont besoin.

Si la Tunisie a choisi d'opter pour une constitution laïque plutôt qu'islamique, c'est que les députés de l'assemblée constituante tunisienne sont conscients des défis et des demandes des Tunisiens. Notons que le Parti majoritaire au pouvoir est un parti islamiste (Ennahda) et qu'il choisit le dialogue plutôt que la confrontation. Ce même parti, à tort ou à raison, est devenu la cible de tous les courants nationaux et internationaux. Il est vrai que certains radicaux ont proféré des menaces, cela reste tout de même minoritaire et condamné par toute la classe politique.

Pourquoi? Pour la simple raison qu'on n'aime pas voir des musulmans politisés réussir un projet de société. Bien sûr, lorsqu'un parti majoritaire au gouvernement dépasse les limites de la démocratie, il est du devoir des nationaux d'abord d'y faire face et de le destituer avec des moyens légaux et pacifiques, selon les normes du pays. En cas de débordements, la communauté internationale devrait intervenir.

Mais, entre vous et moi, faites-vous encore confiance à notre communauté internationale?

Cette dernière:

- a implicitement soutenu l'apartheid sud-africain,

- a livré allègrement des armes à Saddam Hussein, pour ensuite, le condamner à mort

- livre encore des armes aux pseudo rebelles en Syrie contre Bachar Al-assad, alors que son père jouissait d'un appui irrévocable.

- a soutenu et offre encore des assises au régime Mugabe

- dénonce le wahhabisme, achète son pétrole et lui vend des armes

- dénonce l'occupation israélienne, traite Netanyahu de menteur puis évite d'appliquer les sanctions

Bref, vous avez compris!!!

Revenons au peuple et sa constituante.

Le peuple tunisien voit clair, comme les autres peuples. Il sait que tout est quasiment cousu selon la bénédiction des forces intérieures, soutenues également par les forces extérieures. Car, si ces députés tunisiens ne votent pas selon les règles des crocodiles, ils seront non seulement destitués, mais probablement éliminés de la vie politique ou de la vie tout court. En Tunisie, ils ont commencé à flirter avec l'assassinat politique et j'espère que cela ne perdurera naguère.

La Tunisie a eu un gouvernement laïque depuis 1956. La liberté de conscience n'y était pas officialisée et la laïcité imposée par le régime n'a en aucun cas apporté la démocratie, mais bien un système dictatorial, qui n'a jamais reconnu le combat des femmes tunisiennes.

Les Tunisiens ont donné la chance aux laïcs dès le premier jour de l'indépendance, et cela n'a point changé leurs destinées économiquement et socialement. Les Tunisiens, aujourd'hui et depuis 50 ans, voient ces laïcs comme des voleurs, des gens qui ont profité allègrement de la mère patrie, sans redonner au suivant. Le peuple ne donne plus de carte blanche à tous les laïcs, ni aux islamistes d'ailleurs.

Chers chroniqueurs qui n'ont jamais mis les pieds dans un pays arabe, ni pris de cours en politique internationale et qui écrivent juste des textes sur ces sujets pour capitaliser, ou se faire un nom, je vous conseille d'écrire sur la marmotte ou sur le futur concours de minimiss, parce que vous démontrez facilement votre manque de connaissances des populations arabo-musulmanes. Et sachez que plus vous attaquez la religion, quelle qu'elle soit, l'injustice augmente, l'intolérance grandit et le risque de violence devient palpable.

Où étaient les chroniqueurs pour supporter les mouvements progressistes qui réclament une enquête digne de ce nom pour Chokri Belaid?

Où étaient les chroniqueurs au début des soulèvements? Pourquoi la classe journalistique était si docile face à un régime oppresseur et inhumain?

Alors, attaquons l'intégrisme dans son fief, c'est-à-dire avec le dialogue, l'éducation et l'éradication de la pauvreté.

Tous, frères et soeurs, pour une terre sans frontières et une solidarité globale

À bon entendeur, Salam!!!

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