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Laïcité à l’école: et si on laissait les Québécois choisir?

Dans certains pays, les parents peuvent choisir entre les écoles qui interdisent les signes religieux à leurs enseignants et celles qui les acceptent. Pourquoi le Québec ne ferait-il pas la même chose?
Et si on laissait le choix aux Québécois de décider de la façon dont leurs enfants devraient être éduqués?
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Et si on laissait le choix aux Québécois de décider de la façon dont leurs enfants devraient être éduqués?

L’adoption du projet de loi n°21 sur la laïcité de l’État a fait couler énormément d’encre dans les derniers jours. Que ce soit concernant la manière dont il a été adopté, son contenu et ses conséquences désirables ou indésirables, les Québécois ne semblent pas unanimes sur ce sujet des plus polarisants.

Malgré l’attention médiatique générée et le nombre d’heures de discussions au Salon bleu, toute cette épopée m’apparaît comme étant ce que j’appellerais un «problème de surface». Autrement dit, j’ai l’impression que nous nous attaquons aux conséquences du problème, et non à la cause.

Et si le choix individuel était la solution?

Au Québec – je ne vous apprendrai rien en disant cela – nous aimons décider en «gang» et trouver une solution commune à nos problèmes qui passe par de nouvelles politiques publiques ou des lois de l’État. Dans certains cas, c’est la solution optimale. Dans d’autres, le fait de faire un choix de société engendre des coûts indésirables tant sur des individus que sur l’ensemble des Québécois. La laïcité en éducation en est un parfait exemple. Comment pourrions-nous éviter ce type de problème?

“Dans notre province, les établissements scolaires publics reçoivent directement une subvention de l’État et environ 65% des écoles privées en sont aussi bénéficiaires.”

Ce financement vient avec une certaine perte d’autonomie – les décisions du gouvernement ont un impact direct sur les choix des directions des écoles publiques et même parfois celles des écoles privées. Nous avons appris à vivre avec cette réalité qui est devenue banale et acquise. Toutefois, dans plusieurs pays, dont la Suède, ce ne sont pas les établissements qui sont financés, mais bien les parents, qui bénéficient d’un montant fixe par enfant.

Ces systèmes de «chèque-éducation», en plus de permettre aux parents d’avoir un réel libre-choix sur l’école qui sera fréquentée par leurs enfants, introduisent une saine concurrence entre les établissements scolaires. Ceux-ci sont incités à offrir une éducation de plus grande qualité afin de se démarquer des compétiteurs et de répondre à la demande, soit aux préférences des parents et élèves. Ils sont aussi plus autonomes quant aux embauches et à l’offre de leurs services.

Ainsi, une école peut décider d’offrir une éducation complètement laïque en interdisant les signes religieux ou bien elle peut laisser le choix à ses enseignants. De leur côté, les parents peuvent décider d’envoyer leurs enfants à un établissement qui correspond davantage à leurs valeurs.

Plus de choix, moins de problèmes

Étant donné que les écoles sont, dans ce système, incitées à attirer plus d’enfants, il est tout à leur avantage de bien cerner ce que les clients désirent. Si réellement 69% des Québécois s’opposent au port de signes religieux en milieux éducatifs, ce ratio se reflétera dans le choix des directions des différentes écoles.

Certains établissements ayant décidé d’être non-laïques continueraient à engager des professeurs qui s’identifient à ces valeurs tandis que les parents qui s’y opposent enverraient leurs enfants dans les écoles laïques.

“En fait, tout le monde y gagne, puisqu’il s’agit d’un choix individuel selon les préférences propres à chacun.”

Dans notre cas, le gouvernement a décidé, logiquement, d’y aller avec les préférences de la majorité des Québécois, laissant la minorité des individus s’opposant à la loi sur la laïcité mécontents. Certains enseignants se disent ainsi brimés et déçus du projet de loi.

Tout en continuant de subventionner l’éducation, le marché aurait pu facilement remédier à ce problème en offrant le choix à chacun des Québécois de décider de la façon dont leurs enfants devraient être éduqués.

Depuis la Révolution Tranquille, nous avons souvent le réflexe de réfléchir à la manière dont l’État pourrait générer une solution, ce qui est parfois une bonne idée. Toutefois, dans d’autres cas, plusieurs problèmes pourraient se régler en laissant une plus grande place aux choix des individus.

Tout le débat entourant l’interdiction du port de signes religieux en est un bon exemple et ce type de problématique risque de survenir à nouveau si nous continuons d’accorder autant d’importance aux problèmes de surface, alors qu’il s’agit de problèmes de fond.

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