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La vérité si je mens

Après une enfilade de rendez-vous avec des hommes pas à mon goût, pas honnêtes, sans manières ou tout simplement pas pour moi, j'ai fait ce que bien des filles ont dit, ou à tout le moins pensé faire un moment donné, j'ai déclaré: «Bon ben là j'ai mon voyage des hommes... Je vais sortir avec une femme!!!»
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Après une enfilade de rendez-vous avec des hommes pas à mon goût, pas honnêtes, sans manières ou tout simplement pas pour moi, j'ai fait ce que bien des filles ont dit, ou à tout le moins pensé faire un moment donné, j'ai déclaré :

« Bon ben là j'ai mon voyage des hommes... Je vais sortir avec une femme!!! »

Parce que oui, depuis quelques années, faire ça avec une fille fait presque partie de la to-do-list de ce qu'on doit faire au moins une fois avant de mourir. On en a fait des topos complets dans bien des revues pour femmes, on voit ça dans nombre de films et avouons-le les girls, on en vient parfois tout simplement à se dire : « Je ne les comprends juste pas les hommes... Peut-être que je comprendrais mieux les femmes? Tsé... J'en suis une après tout! »

J'ai jonglé avec l'idée pendant un bout pour finalement décider de me faire une fiche « bisexuelle » sur un réseau très populaire. Une fiche, ça n'engage pas à grand-chose (merci mon dieu!), n'importe qui à est allé sur des sites de rencontre le sait très bien. J'ai donc fait une fiche simple, mais claire et j'ai commencé ma recherche d'une première femme à rencontrer.

Pour la première fois de ma vie de célibataire sur les Internets, j'ai un peu compris ce que c'est que d'être de l'autre côté, j'ai vécu ce « magasinage » à travers les yeux des gars. Les fiches des femmes, c'est différent, c'est sûr, mais ça a tout de même pris un méchant bout avant que je trouve quelqu'un de mon goût sur papier, comme sur papier photo.

Vous savez ce qu'on dit : plus ça change...

Après une recherche somme toute assez étrange (avec les hommes, on critique, mais avec les femmes, on critique ET on se compare), je suis finalement tombée sur Sophie*. Elle me plaisait : belle plume, jolie, grande féminine, de la répartie, je me suis dit : « Allez hop, allons souper! »

J'ai été très claire avec elle, elle savait que j'étais une hétéro un peu tannée et tout le reste. Ce qu'on appelle, dans le jargon de la jungle du web dating : une bi-curieuse.

On se rejoint donc au resto et, en arrivant, je réalise qu'elle est vraiment plus grande que ce que je croyais! Je fais près de 5'8'' et elle me dépasse : ça vous donne une idée. Mais peu m'importe, je n'ai pas d'expérience avec les femmes, ma liste de critères est pas encore longue, mettons... Être une femme, être de mon goût, c'était pas mal ça.

On commande, on mange, il y a quelque chose qui me titille, mais je ne sais pas quoi. Alors, je laisse aller. À un moment donné, elle commence à avoir l'air nerveuse, mal à l'aise. Je lui demande ce qui ne va pas et là, elle me dit :

« Écoute, Anne-Marie : t'es vraiment mon genre et c'est pour ça que je ne me sens pas à l'aise de ne pas être complètement honnête avec toi. Il y a quelque chose qu'il faut vraiment que je te dise... »

Je me dis : « Bon ça y est! Même avec les femmes, pas moyen que ça se passe bien jusqu'au freaking dessert sacrament, qu'est ce qu'il y a encore?!! »

Je m'autocensure et lui dit plutôt : « Ah bon? Ben... vas-y! Je t'écoute. »

À ce moment précis, je n'ai aucune idée de ce qu'elle peut bien avoir à me dire et je m'attends à pas mal tout et n'importe quoi. Mais faut croire que je n'avais pas l'imagination assez fertile.

Et pourtant!

Là, elle me dit, comme si le calvaire de mon questionnement n'était pas assez long : « Ah... Je ne suis pas capable de te le dire! »

boy, la soirée va être longue... Je la regarde, estomaquée, je ne comprends pas, ma tête aurait besoin d'une boussole, et là elle me dit : « Pose-moi des questions. »

Hein? C'est rendu un quiz? C'est donc ben compliqué ce souper-là! J'te dis que pour une fréquentation plus simple, on repassera!

Et là, je flashe.

Ça me saute aux yeux tout d'un coup. Boum.

Moi et mon pas-de-filtre, tout ce qu'on a trouvé à dire, c'est : « Euh... Ben dis-moi, est-ce que tu t'es toujours appelée Sophie? » Et là, elle m'a fait Non de la tête.

Tout d'un coup j'ai vu la pomme d'Adam, aussi sablée soit-elle, les mains, juste un brin trop massives, les mollets, galbés puissance 1,5...

Sophie était une transsexuelle en transition. Pas encore opérée, mais bourrée d'hormones féminines, donc avec des attributs de femme ET d'homme. Mais croyez-moi, elle avait vraiment l'air d'une femme à quelques détails près. Et loin de moi l'idée de juger les transsexuels : avoir l'impression de vivre dans le mauvais corps, ce qui est généralement le cas, ça doit être l'enfer. Et surtout, sa vie personnelle ne me concerne pas! Mais disons que ce n'est pas du tout ce que j'imaginais pour mon premier rendez-vous à vie avec une femme.

Pantoute.

On a terminé notre souper et je lui ai expliqué que ça n'irait pas plus loin. Déjà que je n'étais même pas certaine de vouloir être avec une femme, là c'était juste trop pour moi.

Ce qui me fâche là-dedans, c'est l'omission d'un maudit gros détail. Disons que c'est le genre d'affaire assez importante, non? Si t'es allergique aux champignons, non, t'es pas obligé de mettre ça sur ta fiche, mais un changement de sexe, je trouve ça assez capital comme information!

Faut l'faire pareil! Maudit que c'est juste à moi que ça arrive des affaires comme ça! J'vous l'avais dit qu'y'en aura pas de facile, hein!

Pis là, il y en a sûrement qui se demandent si j'ai répété l'expérience, hein?

Ben faudra continuer de me lire pour le savoir!

* Ben non, Sophie ce n'est pas son vrai prénom!

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