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La sursécurité, les déchets et le monde de la santé

N’avons-nous pas une obligation morale de faire le maximum pour limiter la facture environnementale au strict minimum requis pour les normes de sécurité et d’hygiène?
Pramote Polyamate via Getty Images

Ces derniers mois, j’ai eu l’occasion de penser et d’échanger avec différents professionnels de la santé sur nos pratiques professionnelles en matière environnementale.

En tant que pharmacienne, l’importance de l’hygiène et de la sécurité est une priorité pour moi. Mais il y a des pratiques qui semblent imposer une forme de sursécurité qui semble trouver ses racines ailleurs que dans l’hygiène ou la salubrité.

Dans plusieurs milieux, de nombreux professionnels sont déçus du manque de proactivité environnementale des institutions qui les emploient. Si je devais résumer en quelques mots la raison ou parfois l’excuse invoquée pour justifier l’incroyable quantité de déchets générés, ce serait que les alternatives ne «seraient pas sécuritaires».

Cet argument sonne souvent comme la fin de la discussion pour ces personnes qui veulent changer les choses. Après tout, qui dit sécurité dit norme, qui dit norme dit ordres professionnels et personne ne souhaite avoir de problèmes... On préfère donc le statu quo, quitte à générer des tonnes de déchets qu’on aurait pu éviter.

Mais n’avons-nous pas une obligation morale de faire le maximum pour limiter la facture environnementale au strict minimum requis pour les normes de sécurité et d’hygiène? Je pense que oui dans l’état actuel de notre planète. Ce n’est pas parce qu’on perd de vue les déchets que l’on crée qu’ils disparaissent.

La facture environnementale est payée par des populations ailleurs dans le monde et sera payée par nos enfants à qui l’on va léguer des océans avec plus de plastique que de poissons...

Les moins jeunes se rappellent encore bien d’un monde où le concept du jetable était quasi inexistant. En un demi-siècle, nous avons réussi à créer des dépotoirs à dimension continentale. Alors oui, parlons sécurité, mais de la vraie sécurité s’il vous plaît.

Celle du droit de ne pas être empoisonné par des perturbateurs endocriniens à activité oestrogénique qu’on retrouve dans la plupart des plastiques. Parlons de la sécurité alimentaire de pouvoir trouver des aliments de qualité provenant de la mer. Parlons de la sécurité associée à l’air sain. Parlons de la désertification et de l’accès à l’eau potable.

Quand un hôpital opte pour du matériel de laboratoire jetable en plastique alors qu’il y a des alternatives en verre qui peuvent être désinfectées. Quand on ne recycle pas.

Quand des habits lavables sont remplacés par des options jetables. Quand des contenants réutilisables sont remplacés par des contenants à usage unique.

Est-ce vraiment la sécurité qui nous motive ou plutôt le manque de personnel et le côté pratique du jetable? À mon humble avis, la sécurité a parfois le dos large.

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