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La solitude est difficile pendant les Fêtes, mais heureusement, j’ai ma deuxième famille

Je n’ai plus de famille au Québec. Mais à Noël, je retrouve la chaleur humaine et ça me fait du bien.
Thérèse Cafatsakis
Courtoisie/Thérèse Cafatsakis
Thérèse Cafatsakis

Les propos de ce témoignage ont été recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.

Je suis née en Égypte. Mon père était grec et ma mère était italienne. Nous étions sept frères et soeurs. J’étais la dernière de la famille.

J’ai profité de ma jeunesse. Nous faisions toujours de belles fêtes dans ma famille. Nous étions très, très unis. Tout le monde venait toujours chez nous. Tous les jeudis après-midi, des amis venaient et mon frère jouait du piano, et des amis arrivaient avec toutes sortes d’instruments de musique. On dansait, on chantait, on s’amusait.

Pendant le temps des Fêtes, ça se passait aussi chez nous. On cuisinait et on recevait toute la famille. C’était une grande tablée.

Ma soeur aînée s’est établie en France avec son mari après la guerre, en 1945. Mes frères sont tous partis s’installer en Nouvelle-Zélande et mon autre soeur est partie au Canada avec son mari en 1957, après la guerre du canal de Suez.

Ma soeur installée en France voulait que je la rejoigne, mais mes papiers étaient prêts pour le Canada. Je parlais déjà français puisque j’étais allée à l’école française. Je suis arrivée ici avec ma mère et je ne l’ai pas regretté.

J’ai passé mon premier Noël au Québec chez ma soeur. Ce soir-là, quand ma mère et moi avons quitté après le souper, j’ai vu à travers les fenêtres de la cage d’escaliers qu’il neigeait. J’ai donc vu ma première neige le 24 décembre 1966. C’était très beau.

Durant toute ma vie au Québec, ma mère a vécu avec moi. Au travail, j’avais l’habitude de l’appeler le matin et le midi. Si j’étais retardée le soir, je lui téléphonais pour ne pas qu’elle s’inquiète. Nous étions tout le temps en communication.

Elle est décédée en 1985. Après son décès, il m’arrivait encore de me dire qu’il fallait que je l’appelle quand j’étais au bureau. Et depuis ce temps-là, je ne me suis jamais rassise à la table pour manger, quand je suis seule. Sa présence me manque.

Mon conjoint québécois, je l’ai rencontré au travail. Il est décédé il y a 25 ans. En 2003, ma soeur qui habitait au Québec et son mari sont aussi décédés.

“Quand on est toujours entouré de la famille, et puis qu'on se retrouve seul tout d'un coup, c’est difficile.”

Je suis souvent allée en Nouvelle-Zélande voir un de mes frères. Il a fait des pieds et des mains pour que je m’installe là-bas, depuis que je suis seule. Mes nièces en France m’ont aussi proposé de m’installer là-bas avec elles. Je leur ai dit que non: j’aime le Canada, j’aime Montréal et je ne vais pas bouger d’ici.

Ç’a été dur de me retrouver toute seule. Quand on est toujours entouré de la famille, et puis qu’on se retrouve seul tout d’un coup, c’est difficile.

Puis, il y a dix ans, j’ai fait des démarches pour rejoindre les Petits Frères. J’ai trouvé ma grande famille.

Pour Noël, je participe chaque année au dîner qu’ils organisent. Je retrouve les Grands Amis et les bénévoles. J’ai de la belle compagnie.

Les bénévoles nous prennent dans leurs bras, ils nous embrassent. Je retrouve la chaleur humaine. Je me dis que je suis avec ma famille. Ça me fait du bien. J’ai hâte à ce jour-là. Il y a de la musique et on danse.

Quand ils nous reçoivent, je retrouve une famille. On a le coeur plein de joie quand on va là-bas. Et après, pour quelques jours, on a encore le sourire aux lèvres.

Je n’attends pas le temps des Fêtes avec allégresse. Ça me rappelle trop de souvenirs. Les moments que je passais avec ma famille pendant cette période me manquent énormément.

Je pense aux beaux jours et je me console comme je peux.

Mais le jour de Noël, je ne serai pas seule. Ça vaut de l’or pour moi et ça met un baume sur mon coeur.

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

Propos recueillis par Florence Breton.

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