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Le G7 s’effondrera-t-il à Québec?
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Christinne Muschi / Reuters

Et puis quoi? Dans un monde qui en a assez d'un président américain incontrôlable — tant sur le plan personnel que politique— et d'un Congrès qui n'a pas la décence de l'arrêter, devrions-nous simplement attendre, la tête enfouie dans le sable, que cela fasse son temps, afin que la noble Amérique reprenne le dessus sur la méchante Amérique?

Nous ferions mieux de regarder la réalité bien en face. Un grand nombre d'Américains ont non seulement voté en faveur de Donald Trump, ce dernier bénéficie toujours de leur appui. Après son départ, comment la confiance pourra-t-elle être rétablie en Amérique alors que nous savons pertinemment que la prochaine fois, ou la fois suivante, on pourrait se retrouver avec un autre président du même acabit, voire pire que lui?

Cela indique clairement que le problème va au-delà de Donald Trump, bien au-delà : la société américaine est dangereusement déstabilisée, ironiquement un peu dans le même sens que l'étaient les régimes communistes de l'Europe de l'Est, simplement à l'autre extrémité du spectre politique. Le secteur public dominait ces régimes; le secteur privé domine l'Amérique.

Ce problème couve depuis que Thomas Jefferson a dit : « J'espère que nous allons écraser dans sa naissance l'aristocratie de nos sociétés capitalistes qui osent déjà contester notre gouvernement pour un essai en force et offre de défier les lois de notre pays. » Malheureusement, les pères fondateurs ont abordé un autre problème, celui qui a entraîné leur révolution : le pouvoir excessif du gouvernement. Par conséquent, ils ont imposé des freins et des contrepoids sur le secteur public, sans instaurer des contrôles similaires qui auraient pu restreindre le pouvoir de tout autre secteur de la société.

Un demi-siècle plus tard, la Cour suprême des États-Unis a reconnu les corporations comme des « personnes » au sens de la loi, et a tout fait basculer en 2010 avec une décision élargissant les droits de ces personnes et des personnes réelles de financer les campagnes politiques autant qu'elles le désirent. En effet, la Cour suprême de l'Amérique a légalisé la corruption aux États-Unis, et le pays n'a plus jamais été le même.

À qui la faute? Hillary Clinton a jeté le blâme sur les « déplorables » qui ont appuyé Donald Trump. Étaient-ils plus déplorables que les gens en place qui ont poussé tant d'entre eux à le soutenir? C'est non seulement Hillary Clinton et les gens de Goldman Sacks, mais c'est aussi tous ceux qui profitent des avantages fiscaux, de l'antisyndicalisme, des maigres salaires pour les employés et ainsi de suite. Si je veux voir ce genre de cas déplorables, même ici au Canada, je regarde dans le miroir.

C'est dans ce bourbier qu'est arrivé Donald Trump, soi-disant pour l'assécher. Il s'est plutôt vautré dedans, offrant ainsi aux États-Unis la médecine habituelle, et non la moindre!

Une société saine établit un équilibre entre le pouvoir collectif des gouvernements dans le secteur public, les intérêts commerciaux des entreprises dans le secteur privé et les préoccupations communes des citoyens dans le secteur pluriel (ou la « société civile » si vous préférez). Dans une telle société, les trois secteurs exercent un contrôle les uns sur les autres tout en coopérant en matière de changement constructif. Le Canada maintient un meilleur équilibre que les États-Unis, tout comme l'Allemagne, la France et le Japon, tous membre du G7, ainsi que les pays scandinaves, la Nouvelle-Zélande, l'Uruguay, le Costa Rica, peut-être la Corée du Sud et éventuellement le Brésil, s'il reprend le contrôle. Le G8 a perdu la Russie; ce G7 perdra probablement l'Amérique, d'une manière ou d'une autre. Il ne s'agit pas d'une crise, mais plutôt d'une occasion à saisir.

Imaginez une ville avec un gouvernement faible et sans service de police. Les bandes rivales traînent dans les rues et s'affrontent ou encore se taillent une place bien à elles. Voilà notre « village mondial » dominé par trois grandes puissances. Un G6 a la possibilité de commencer à contrer cette situation, possiblement avec l'aide d'autres pays démocratiques qui ne briguent pas un statut de grande puissance et qui n'ont pas d'antécédents récents de belligérance. C'est impossible? C'est à peine impossible. Nous le constatons dans la naissance du partenariat [commercial] transpacifique qui se dessine sans les États-Unis. Il nous faut trouver des solutions qui semblent impossibles jusqu'à ce qu'elles deviennent évidentes.

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