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«La mort des étoiles»: comme si c'était le dernier album des sœurs Boulay

«On avait envie d’aller un petit peu ailleurs, mais en même temps, je pense que ça ne nous dénature pas», résume Mélanie Boulay.

Quatre ans se sont écoulés depuis leur dernier album. Et pourtant, en écoutant La mort des étoiles, on a presque l’impression de découvrir de nouvelles sœurs Boulay, comme si plus d’une décennie avait passé. Le duo avoue être «un peu sorti de [son] nombril» pour s’attaquer à plus grand. Et ça donne un opus... grandiose.

«On s’est gâtées plus que jamais!» s’exclame Stéphanie, lorsque nous rencontrons le duo dans un bar coquet de la rue Saint-Laurent.

Les deux sœurs avouent avoir créé ce petit dernier comme si c’était le dernier, justement. «Même si ça ne sera probablement pas le dernier», s’empresse de préciser Stéphanie.

Ailleurs... mais encore là

«On avait envie d’aller un petit peu ailleurs, mais en même temps, je pense que ça ne nous dénature pas», résume Mélanie.

Ne vous inquiétez pas, vous allez très bien reconnaître les Boulay sur ce nouveau disque, qui paraît aujourd’hui. Leurs harmonies de voix sont toujours aussi magnifiques et touchantes. Mais les arrangements de cordes et de cuivres qui ponctuent une bonne poignée de chansons ajoutent aux frissons. Et les textes, toujours aussi poétiques, abordent un peu moins leurs histoires de cœur, pour laisser place à d’autres préoccupations, comme le sort de la planète, par exemple.

«Je trouve qu’il y a quelque chose dans les cordes qui fait très post-apocalyptique, et les thèmes de l’album, c’est ça, aussi», explique Mélanie.

«Cinématographique, aussi», complète Stéphanie.

«[L’album] fait le constat du fait qu’on est un peu dans la marde en ce moment... mais on est à la recherche de solutions. Il y a quand même de la lumière au travers de tout ça!» constate Mélanie avec le sourire.

Cette dernière, récemment devenue maman, ne cache pas que la maternité a changé son regard sur le monde.

«Le fait d’avoir des enfants, ça change ta perspective sur le monde, confie Mélanie. Je fais beaucoup plus d’éco-anxiété depuis que mon fils est là, parce qu’il faut qu’on trouve des solutions pour lui, pour toute cette génération-là, qui n’est pas responsable du monde dans lequel elle se trouve. Mais on leur laisse un peu la responsabilité, finalement, de trouver les solutions. Et moi, j’aimerais ça faire partie des solutions aussi.»

En ce sens, Nous après nous, La mort des étoiles, pièce éponyme de l’album, et La fatigue du nombre sont assez évocatrices. On pourrait presque croire que le refrain de cette dernière s’adresse à certains chroniqueurs qui se moquent de la jeune Greta Thunberg...

«Vous étiez jeunes avant nous
Votre feu a tout brûlé
Vous étiez frondeurs et fous
Mais vos coeurs ont oublié
Restent les braises entre nous
Nous ne ferons un brasier
C’est notre tour de briller
Non ça ne va pas changer»

La place des femmes dans la société, celle des réseaux sociaux, et l’image en général sont aussi des thèmes abordés (mais jamais plaqués) dans ce nouvel opus très réussi des soeurs originaires de la Gaspésie.

Des «retrouvailles»

Ce troisième album, c’est aussi en quelque sorte des retrouvailles entre les deux sœurs, après une courte pause, le temps pour Mélanie d’accueillir son petit Léonard (une expérience qu’elle décrit magnifiquement dans la chanson du même nom: «On a beau mettre au monde, on ne possède personne»). Pendant ce temps, Stéphanie a mis au monde un album solo (Ce que je te donne ne disparaît pas). Même si les deux soeurs étaient très occupées (chacune à leur façon), elles avaient très hâte de se retrouver professionnellement.

Mélanie et Stéphanie Boulay
Caraz
Mélanie et Stéphanie Boulay

«Pendant ma période solo, j’ai été énormément confrontée, je trouvais ça super difficile, confie Stéphanie. Je faisais beaucoup d’anxiété, j’avais de la misère à monter sur scène.»

«Je me rendais compte à quel point j’étais plus confortable quand Mel était là, ajoute-t-elle. Je me sens plus backée, je sens que mes forces sont mieux utilisées et que mes faiblesses sont moins apparentes.»

Sa sœur cadette trépignait aussi de son côté.

«Je voyais Steph qui faisait son album solo pis j’étais pas jalouse... mais j’avais hâte, renchérit Mélanie. J’avais hâte de recommencer à écrire, de retourner sur scène.»

Évidemment, la vie de chanteuse en tournée n’est pas toujours facile à combiner avec celle de maman... mais elle a aussi ses avantages, puisque quand elle n’est pas en spectacle, la jeune femme de 29 ans reste maître de son horaire.

Sa grande sœur de 32 ans découvre elle aussi la vie de famille. Elle est maintenant la belle-maman de deux jeunes filles, et s’apprête à déménager à la campagne. C’est donc peut-être une sorte de sérénité, malgré toutes les angoisses, tous les questionnements, qu’on ressent sur ce nouvel album très chargé.

Un rêve arrivé à point

Les deux sœurs avouent que cet album orchestral était un peu un rêve pour elles, mais qu’elle n’auraient pas pu le réaliser avant.

«Avant, on voulait tout mener de front, tout contrôler, être presque toutes seules sur scène, qu’il n’y ait pas beaucoup d’arrangements, que ce soit très épuré, qu’on soit vraiment à l’avant», explique Stéphanie.

«Il y avait comme un désir de laisser une empreinte sonore, complète Mélanie. Les soeurs Boulay, c’est ça: deux guitares, deux voix. C’est ça le son, c’est très précis. Et là, plus tu apprends à faire confiance à ce que tu es... Plus tu es capable d’ouvrir vers l’extérieur.»

«En fait, c’est qu’on a trouvé des gens avec qui on a envie de le faire», résume Stéphanie.

Et on peut dire qu’elles se sont bien entourées, les sœurs: Marie-Pierre Arthur, Joseph Marchand, Alex McMahon et Antoine Gratton sont quelques-uns des musiciens qui laissent leur marque sur La mort des étoiles.

Ça donne donc un album abouti, plus que les deux premiers, admettent les sœurs. Elles ont encore l’énergie de Shooters de fort et la douceur de Mappemonde, mais on les sent plus solides que jamais, les Boulay.

«Et notre public vieillit en même temps que nous, constate avec le sourire Stéphanie. Oui, il y a des nouveaux fans, mais le public qui a commencé à nous suivre à 20 ans, il y en a qui sont encore là à 30 ans, comme nous... Et c’est parfait qu’on évolue ensemble.»

La mort des étoiles est disponible dès aujourd’hui sur toutes les plateformes.

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