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La bêtise humaine ne prend pas de vacances

Des propos racistes, haineux, misogynes, il y en a tous les jours, dans tous les coins du monde. Le pire dans tout ça? Les gens ne se cachent même plus.
«Commençons par Trump qui y va de ses tweets infectes.»
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«Commençons par Trump qui y va de ses tweets infectes.»

En tant que jeune femme racisée, mère, et de surcroît, réfugiée, je rage intérieurement de voir toutes les insanités qui sont légitimées ce mois-ci par des personnes influentes et en autorité de ce monde (*mais pas seulement, comme vous le lirez plus bas!).

Commençons par Trump qui y va de ses tweets infectes, semblant mener une «campagne de haine» - dixit ses opposants. Parmi ses cibles récentes? L’élu démocrate Elijah Cummings.

Que dire de ses propos complètement délirants de renvoyer «dans leur pays» d’autres élues démocrates – surnommées «La Brigade», pour la plupart nées aux États-Unis (Alexandria Ocasio-Cortez de New York, Ilhan Omar de Minnesota, Ayanna Pressley du Massachusetts et Rashida Tlaib du Michigan)? Elles représentent pourtant un souffle nouveau pour l’électorat américain.

Or, depuis quand la loi territoriale est-elle devenue suprémaciste au point de rendre toutes personnes non-issues d’un pays non-légitimes? Les femmes de couleur seraient-elles devenues les nouvelles cibles de Trump?

Les femmes de couleur sont-elles devenues les nouvelles cibles de Trump?
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Les femmes de couleur sont-elles devenues les nouvelles cibles de Trump?

Toutes ces manœuvres du président américain et de ses supporteurs ne suscitent qu’une réaction en chaîne de propos et d’actes xénophobes et racistes. Tout cela vient appuyer un mouvement sournois: le «droit» à la haine et au dénigrement des autres.

La preuve: Alexandria Ocasio-Cortez avait été ciblée à la suite d’une menace de mort par un policier américain (il suggérait de la «tirer» sur Facebook), déclaration que le corps policier a immédiatement condamné en le démettant de ses fonctions.

“Jusqu’où peut-on laisser une personne en autorité sous-entendre des propos clairement racistes et xénophobes et qui seront, par la suite, portés par d’autres comme une traînée de poudre?”

Rendre l’impardonnable possible, c’est laisser libre cours aux influences banalisant le mal.

Le cerveau humain

Il existe une étude menée en 2018 par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie, qui cherchaient à comprendre certains mécanismes du cerveau humain, notamment ceux permettant des actes de divisions de groupes sociaux.

Ils cherchaient à comprendre comment le «nous» et «les autres» se forment dans l’esprit humain (clairement l’une des stratégies du président républicain) et si cette racine pouvait provenir d’une émotion comme la haine.

Or, la haine et la déshumanisation ne seraient pas reliées ensemble; ce qui ressort de l’étude, c’est que notre cerveau classerait ces deux concepts de façon tout-à-fait distinctes.

On constate une grande déconnexion de l’humanité partout sur notre planète.
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On constate une grande déconnexion de l’humanité partout sur notre planète.

Au nom de valeurs puristes et d’une meilleure société, certains appliqueraient le processus de déshumanisation envers des personnes parce qu’elles ne les considèreraient pas comme humaines (elles les verraient même inférieures à des animaux) du fait qu’elles ne partageraient pas les mêmes valeurs qu’elles.

Les actes de violence, ainsi que leur répétition, seraient donc banalisés, et par le fait même, rendus légitimes, par pur principe et conviction profonde… C’est simple: ces personnes croient véritablement au bien-fondé de leurs pensées.

Avouez que ça fait peur, surtout dans un contexte où chaque société contient ce type d’individu.

“La haine, tant qu’à elle, découlerait d’un sentiment antipathique qui peut mener jusqu’au souhait de la mort d’une tierce personne…”

Ce que je déplore, c’est la grande déconnexion de l’humanité qui se passe un peu partout sur notre planète, chez nos voisins américains tout comme chez nous.

Pour l’avoir vécu personnellement, pour être intimement liée au sort tragique d’un peuple qui s’est vu s’entretuer et se diviser, j’observe certains comportement et je ne peux comprendre comment certains acceptent de séparer des enfants de leur famille, de mettre des migrants en prison et de démoniser des communautés entières au regard de leurs origines culturelles (comme le cas des Roms présentement, pris dans des camps d’urgence par milliers en Italie).

Et au Québec, on n’est toujours pas sortis du bois!

Ne venez surtout pas me dire qu’il est normal qu’un homme qui s’abaisse à la hauteur d’une petite fille de 3 ans pour l’insulter en lui disant: «Demande à ta maman si je peux fourrer ta mère, enfant de salope?» est légitime! Bien sûr que non - mais ça s’est réellement passé, capté sur vidéo par une autre femme témoin de cet incident, pas plus tard que quelques jours, ici, à Montréal.

“Sans crier gare, l’homme (visiblement frustré de la vie) est allé attaquer verbalement une mère et sa fille parce qu’elles parlaient en arabe…”

A-t-il pensé aux conséquences psychologiques d’une telle altercation? Clairement non.

Il a été porté par sa colère, il a pris en otage pendant plusieurs minutes ces deux victimes, il a déversé sa haine sur autrui et ne s’en est même pas caché parce qu’il est probablement convaincu qu’il a raison de ne pas vouloir entendre de langue étrangère dans la rue (et qui sait quelles autres frustrations il avait en tête ce jour-là)!

Et quelles seront les conséquences sur lui? Je suivrai cette affaire et ses répercussions, qui seront j’espère exemplaires, question de me rendre moins cynique envers notre système de justice.

Les gens ne se cachent plus

Des propos racistes, haineux, misogynes, il y en a tous les jours, dans tous les coins du monde, et ce, proliférés par n’importe qui. Du plus commun des mortels, sans tribune ni statut particulier aux représentants des pays les plus puissants sur la planète. Le pire dans tout ça, c’est qu’ils ne se cachent même plus.

Des gens prennent d’assaut la place publique, les réseaux sociaux, les rues pour des terrains de jeux où la pire insulte peut survenir.
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Des gens prennent d’assaut la place publique, les réseaux sociaux, les rues pour des terrains de jeux où la pire insulte peut survenir.

Des gens prennent d’assaut la place publique, les réseaux sociaux, les rues et même les médias, les voient comme des terrains de jeux où la pire insulte peut survenir, question d’élargir notre tolérance aux insanités, et ce, au nom d’une pensée qui ne fait pas de sens et qui discrimine plusieurs personnes.

“La place de la femme racisée, minoritaire dans son milieu, qui veut s’exprimer et qui cherche l’équité, elle est où dans ce grand melting pot de cette violence banalisée?”

Thank God qu’il y a des mouvements qui se créent contre ça et qui le dénonce. Chaque injustice, chaque violence peu importe sa teneur, se doit d’être décriée mais aussi réprimandée.

Pourquoi? Parce que la contamination des pensées se fait plus rapidement que ce que l’on croit, elle se transmet sans répit… car la bêtise humaine ne prend jamais de vacances!

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

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