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Juste pour rire: la complicité et la folie du duo Julien Lacroix-Adib Alkhalidey

En plus de profiter de la soirée Carte Blanche pour se faire plaisir en invitant sur scène de bons amis humoristes, il s’est surtout chargé de nous donner envie de les revoir très bientôt et plus longuement sur scène ou à l’écran.
(Eric Myre)

Difficile de ne pas tomber sous le charme de l’énergie contagieuse et de la belle folie des comiques Julien Lacroix et Adib Alkhalidey. Si le duo, qui s’est vu confier l’animation de leur premier gala Juste pour rire, a profité de la soirée Carte Blanche de vendredi pour se faire plaisir en invitant sur scène de bons amis humoristes, il s’est surtout chargé de nous donner une folle envie de les revoir très bientôt et plus longuement sur scène ou à l’écran.

Le rire à travers la discorde

Julien Lacroix et Adib Alkhalidey se sont disputés toute la soirée. Une querelle parfaitement orchestrée truffée de connivence avec un public déjà bien épris d’eux. À partir du moment où ils ont foulé les planches de la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts jusqu’à la conclusion du spectacle, la paire allait se disputer ainsi, joyeusement, jamais méchamment, malgré les fausses insultes et le ridicule des propos comme des situations.

Ce ne sont pas les sujets de discorde qui manquaient pour meubler leur fort réussi premier numéro. La culture québécoise, le racisme, l’avortement, les vaccins, le réchauffement climatique, les réseaux sociaux: la paire s’est joyeusement contredite sur chacun des thèmes abordés.

(Eric Myre)

Prétendant être désireux de se servir de sa notoriété et de l’humour afin de traiter de causes sociales, Adib a essuyé nombre de reproches et de refus de coopérer de la part de son ami tout au long du numéro (et du gala). Une dynamique ingénieuse pour un duo d’animateurs hors norme que l’on sentait paradoxalement des plus complices.

«Voyons, où c’est qu’il a appris à sacrer l’esti de tamoul», a jeté l’un.
« Tu n’as pas besoin d’être Guy Nantel…»
« Tant mieux, je tiens à ma vie sexuelle », a renchéri l’autre.

C’est ainsi que Julien Lacroix l’indiscipliné et Adib Alkhalidey le sérieux sont parvenus à discourir, sans trop le faire paraître, de sujets importants comme la peur de l’étranger dans un numéro d’ouverture qu’on aurait souhaité encore plus long.

Aborder des thèmes sérieux

Au contraire du duo d’animateurs qui a, lors de chacune de ses apparitions sur scène, a su révéler un talent et un pouvoir de faire rire toujours égal, les humoristes invités ne sont pas tous parvenus à provoquer d’égaux éclats de rire.

Le vétéran de l’humour Louis-José Houde a, fidèle à sa réputation, livré un numéro à la fois comique et touchant portant sur ses préoccupations de «gars dans la quarantaine, à mi-parcours dans la vie.» La rédaction de son testament («Si je meurs, ma famille pleure 15 secondes») et la peur de s’en aller - donnant envie de profiter de la vie au maximum - l’ont ainsi poussé à se questionner: «As-tu la ride heureuse? Des rides qui doivent valoir la peine d’être ridé…» Une question existentielle qu’il s’est posée à travers des anecdotes toutes simples de planche à neige, de ski, de parachute («des rides de ciel»), de poubelles jetées ailleurs que chez soi (bonjour «gangster des ordures») et d’éternuements sous l’eau!

Louis Morissette et Yannick de Martino (à droite)
(Eric Myre)
Louis Morissette et Yannick de Martino (à droite)

Coup de cœur de la soirée pour plusieurs, l’humoriste Yannick De Martino est parvenu à voler la vedette à son producteur Louis Morissette lors d’un numéro partagé sur le thème du plagiat et de l’envie. Souhaitant reprendre le spectacle Les Morissette, De Martino s’est fait offrir quelques conseils par le mari de Véro. «Règle numéro 1, en humour, on ne refait pas le spectacle des gens… sauf si on est Français», a-t-il lancé avant d’ajouter que «Mike (Ward) m’a dit que ça ne lui dérangeait pas que tu reprennes le numéro du petit Jérémy.» Le plus jeune aura eu raison du plus vieux, qui inversera les rôles afin que Louis personnifie un moment sa célèbre épouse.

Maude Landry
(Eric Myre)
Maude Landry

Découverte lors du dernier gala Les Olivier, Maude Landry a proposé l’un des numéros les plus surprenants de la soirée. Elle y a dénoncé l’aspect tabou d’un sujet toujours bien présent dans notre société: les menstruations. «La vie est un cycle», a rappelé la jeune femme à l’humour plutôt cru avant de discourir sur les chansons de Noël «qui se chantent bien dans une camisole de force.»

L’humoriste Mehdi Bousaidan a aussi été chaleureusement accueilli par un public accroché à ses lèvres alors qu’il abordait l’épineux sujet du contrôle des armes à feu aux États-Unis. Revenant sur la «bonne idée de Donald Trump de munir de fusils les enseignants», il a affirmé que «même Hitler trouverait cela un peu exagéré». Comme il se plaît souvent à le faire, le numéro de l’artiste s’est conclu par une chanson où il personnifiait à la perfection, à lui seul, les sept rappeurs du groupe inventé.

Outre les deux hilarantes vidéos mettant en scène les deux «fausses familles» de Julien et d’Adib, le sketch présentant Ti-Guy Lemay (ce personnage interprété par Julien Lacroix qui se plaît à imaginer sa popularité) a aussi bien fonctionné (et pas uniquement grâce à la brève participation de Barbu des Denis Drolet).

Quant aux numéros de Didier Lambert et de Martin Perizzolo, ils ne se sont malheureusement pas montré à la hauteur, malgré leur bonne volonté d’aborder des thèmes importants tels la culture du viol, le racisme et l’égalité.

La série des Soirées Carte Blanche Juste pour rire se termine ce soir avec la Carte Blanche de Jay Du Temple.

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