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Journée Mondiale de la paix: réfléchir avec François sur l'esclavage au Canada

Le premier janvier n'est pas que le lendemain des célébrations du Nouvel An, c'est aussi la journée mondiale de la paix. Or la paix n'est pas que l'absence de guerre.
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Le premier janvier n'est pas que le lendemain des célébrations du Nouvel An, c'est aussi la journée mondiale de la paix. Or la paix n'est pas que l'absence de guerre. En cette occasion, le pape François invite à lutter contre les diverses formes d'esclavage dans son message : Non plus esclaves, mais frères.

Il y a eu des époques dans l'histoire de l'humanité où l'institution de l'esclavage était généralement acceptée et régulée par le droit. Même s'il était plus fréquent chez nos voisins du sud, il y a bel et bien eu de l'esclavage dans notre histoire. Le chercheur Marcel Trudel a recensé 4 185 esclaves au Québec entre la deuxième moitié du 17e siècle et l'abolition de l'esclavage en 1834. De ce nombre, les trois quarts étaient d'origine amérindienne et le quart était d'origine africaine.

Aujourd'hui, l'esclavage a été formellement aboli dans le monde et la liberté est reconnue dans le droit international. Et pourtant...

Et pourtant, des millions d'enfants, de femmes et d'homme sont privés de liberté et contraints à vivre dans des conditions assimilables à celles de l'esclavage.

Le visage de l'esclavage en 2015

Quel est le visage de l'esclavage aujourd'hui? Il y a des travailleurs et travailleuses, mêmes mineurs asservis dans divers secteurs économiques tels que le travail domestique, l'industrie manufacturière, le travail agricole, le secteur minier, etc.

Il y a les nombreux migrants qui, dans leurs parcours, sont privés de liberté, dépouillés de leurs biens ou abusés. Arrivés à leur destination, ils sont souvent détenus dans des conditions inhumaines. Ils acceptent alors de vivre et de travailler dans des conditions indignes puisqu'ils sont sans papiers et ne peuvent travailler de façon légale.

Il y a l'esclavage relié à la sexualité. Des personnes, en particulier des mineurs, sont contraintes de se prostituer et devenir des esclaves sexuels. Il y a aussi des femmes vendues dans des mariages forcés.

On peut aussi mentionner les enfants soldats et les prisonniers de groupes terroristes parmi les types d'esclaves contemporains.

Pas au Canada!?!

La tentation est grande de penser que l'esclavage ne se passe que dans les autres pays. Au contraire, ici comme ailleurs, il y a des sans-papiers prêts à tout pour survivre, des jeunes enrôlés par des gangs de rue pour des fins de prostitution ou de commerce de drogue et des mariages forcés. Selon Walk Free Foundation, un organisme spécialisé dans la lutte à l'esclavage moderne, le Canada est parmi les pays qui a le plus faible pourcentage de sa population vivant dans des conditions d'esclavage. Parmi les 36 millions de victimes d'esclavage dans le monde, ils en recensent environ 4600 au Canada.

Mais avant de se féliciter trop rapidement, il y a aussi un visage moins connu de l'esclavage auquel nous contribuons largement. Nos achats de biens et services proviennent souvent de compagnies qui utilisent l'esclavage sans que nous le sachions. Par exemple, le cacao utilisé au Canada provient de pays de l'Afrique de l'Ouest tels que le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Nigéria qui le récoltent à l'aide d'enfants vivant dans des conditions inhumaines d'esclavage. Lorsque nous achetons une barre de chocolat (non équitable), nous contribuons directement à leur esclavage sans nous en rendre compte. (À voir, le documentaire La Face cachée du chocolat)

Un autre exemple, nos fonds de pension encouragent le travail des enfants dans des mines en Amérique Central. Plus de la moitié des compagnies minières du monde ont leur siège social au Canada. Les profits qu'ils font par leur exploitation des ressources reviennent dans les poches de leurs actionnaires : nous. Et plusieurs rapports montrent que cette exploitation fait fi de l'environnement et des droits des personnes qui y travaillent. (Pour en savoir davantage, voici une campagne d'Amnistie internationale à ce sujet)

Non plus esclaves, mais frères!

L'appel du pape François est signifiant, autant pour les croyants que pour les non-croyants. En effet, il utilise la métaphore de la fratrie pour nous rappeler les liens qui unissent tous les êtres humains. Pour lui, nous sommes comme des frères et des sœurs. Ainsi, nous devons respecter la dignité, l'autonomie et la liberté des autres pour contrer l'exploitation de l'homme par l'homme. La fraternité n'est pas qu'un idéal, ce symbole porte aussi les marques de la difficulté de relation même entre des personnes d'une même famille. D'ailleurs, la Bible donne comme premier exemple Caïn et Abel, une relation fraternelle qui finit dans le sang. Ce texte du livre de la Genèse porte une excellente question : Qu'as-tu fait de ton frère? (Gn 4, 9-10)

En ce début de 2015, que pouvons-nous faire pour lutter contre l'esclavage? Les États doivent continuer à ce que leurs législations soient appliquées pour lutter contre l'exploitation des personnes. Les entreprises doivent garantir à leurs employés des conditions de travail dignes et des salaires convenables. Mais la responsabilité ultime est nôtre. Nous sommes des consommateurs qui pouvons exercer un réel pouvoir par nos achats. Savez-vous où et dans quelles conditions a été produit le linge que vous portez? Est-ce que vous savez où vous procurer des produits équitables comme le café, le chocolat et les bananes? Connaissez-vous le contenu de vos fonds de pension?

Au lieu des résolutions moralisantes ou concernant la perte de poids, je vous invite à vous engager à faire une différence dans votre façon de consommer. En achetant des produits qui n'ont pas été fabriqués par l'exploitation d'autres personnes nous pouvons construire un monde de fraternité et de solidarité.

Engageons-nous ensemble à faire que cette journée mondiale de la paix se poursuive au cours de l'année!

Paix, peace, pace, paz, salam, shalom, shanti, friede :)

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