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Avec Joe Biden, plus d’excuse pour le gouvernement fédéral

«Le gouvernement Trudeau a l’occasion de démontrer son sérieux climatique sur la scène internationale.»
Les États-Unis ont révoqué les permis pour la construction de l’oléoduc Keystone XL. (photo d'archives)
Todd Korol / Reuters
Les États-Unis ont révoqué les permis pour la construction de l’oléoduc Keystone XL. (photo d'archives)

Dès les débats présidentiels, on a vite compris que des États-Unis dirigés par Joe Biden forceraient la main du gouvernement Trudeau en matière de politiques environnementales et de lutte contre les changements climatiques.

En réponse au président sortant à savoir s’il fermerait l’industrie pétrolière, Biden avait répondu sans hésitation par l’affirmative («I would transition from the oil industry, yes»). Son adversaire pensait pouvoir capitaliser sur ce qu’il percevait comme une erreur. L’erreur était toutefois de sous-estimer l’opinion des gens sur la question.

Selon le PEW Research Center, 79% des Américains préfèrent le développement des sources d’énergies alternatives à l’expansion de la production des énergies fossiles. Chez nous, un sondage de la firme Abacus montre que 70% des Canadien.ne.s affirment que la transition énergétique est inévitable et, dans la même proportion, que le premier ministre canadien Justin Trudeau et celui de l’Alberta, Jason Kenney, devraient en faire plus pour accélérer cette transition.

La pression monte

En signant une série de décrets présidentiels ambitieux en matière climatique dès ses premiers jours au pouvoir, le président Biden et son administration ont donc grandement accentué la pression sur le gouvernement de Justin Trudeau.

Le tableau n’est toutefois pas tout noir pour le gouvernement. Dernièrement, il a réalisé quelques bons coups, avec le dépôt d’un projet de loi sur la responsabilité climatique et une révision ambitieuse de la tarification carbone.

Mais à l’aube d’un sommet climatique organisé par les Américains en avril, le gouvernement fédéral a tout intérêt à accroître son ambition climatique et à profiter du momentum pour que les plans et idées se matérialisent en actions.

Ne pas manquer le bateau

Les voyants qui se sont allumés sur l’écran radar des premiers ministres fédéral et provinciaux depuis la campagne et l’élection américaine sont autant de défis que d’opportunités pour ceux-ci.

En révoquant les permis pour la construction de l’oléoduc Keystone XL, l’administration américaine a enlevé une épine du pied du gouvernement Trudeau. C’est maintenant l’heure de montrer de l’ambition si on ne veut pas manquer le bateau de la transition et les emplois qui l’accompagnent.

Pour la première fois depuis quatre ans, le dirigeant de notre pays voisin est un chef d’État crédible qui prend ses responsabilités climatiques au sérieux, assurons-nous que cela sert nos intérêts.

Un grand pas en transport?

On sait d’ailleurs que l’administration Biden mise beaucoup sur l’électrification des transports pour créer des emplois et bâtir une économie plus sobre en carbone. Le Canada frapperait donc un grand coup en rehaussant son ambition, conjointement avec notre voisin du sud, en réglementant la vente de véhicules pour obtenir une meilleure offre de véhicules électriques.

Pourquoi? Parce que l’industrie automobile, comme bien d’autres, aime la prévisibilité. De sorte que si des mesures réglementaires claires des gouvernements en faveur de l’électrification sont annoncées et qu’un minimum annuel de ventes de véhicules zéro émission est imposé dans les deux pays, elle aura de moins en moins avantage à produire des véhicules polluants, comme c’est le cas actuellement.

Un grand pas aura été franchi et ce serait gagnant-gagnant pour le climat et l’économie!

Le prochain gros test: faire face à ses responsabilités

Le gouvernement Trudeau a aussi l’occasion de démontrer son sérieux climatique sur la scène internationale.

Dévoilé en novembre dernier, le projet de loi C-12 sur la carboneutralité, qui permettrait au pays de se doter de mécanismes de reddition de compte pour atteindre ses cibles climatiques, sera étudié et débattu cet hiver.

Ce premier projet de loi gouvernemental était attendu par les citoyens et les groupes écologistes et constitue un excellent point de départ, mais des amendements sont nécessaires, car C-12 manque de mordant.

Il faut intégrer des mesures de contrainte en cas de non-respect des obligations légales et donner plus de pouvoir au comité aviseur. Alors qu’une élection pointe son nez à l’horizon, il est aussi raisonnable de s’attendre à ce que la prochaine cible climatique soit fixée en 2025 et non en 2030, tel que stipulé dans l’actuel projet de loi.

Si un éventuel gouvernement majoritaire était tenu à rendre des comptes en fonction de cette loi, ce devrait être à l’échéance de son mandat en 2025. S’il y a un moment pour envoyer un signal fort pour répondre à cette menace existentielle qu’est la crise climatique, c’est maintenant.

À VOIR: Biden s’attaque aux changements climatique

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