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Je suis la seule célibataire parmi mes amies. C’est difficile, mais aussi libérateur

Ma vie a changé du tout au tout alors que j’étais célibataire. En réalité, elle est méconnaissable aujourd’hui.
franz12 via Getty Images

Je suis en train de regarder à nouveau la série Sex and the City. J’en suis à l’épisode où Carrie fête ses 35 ans et où toutes ses copines lui posent involontairement un lapin au restaurant. Plus tard, elle leur explique que cette expérience lui a permis de se rendre compte de sa profonde solitude. Dans la scène, ses meilleures amies l’écoutent et éclatent en sanglots.

Je m’apprête aussi à avoir 35 ans et, comme Carrie, je me réveillerai sans doute seule ce matin-là. Je ne verse pas dans le pessimisme: je suis une célibataire on ne peut plus endurcie, c’est tout.

La plupart du temps, ça ne me dérange pas: je suis indépendante, j’ai une vie sociale satisfaisante et j’ai un emploi du temps chargé. Mais, de temps à autre, il m’arrive de flancher, comme Carrie dans cette scène. Car, dans mon groupe de copines, aucune n’est célibataire. Nous ne sommes pas toutes «dans le même bateau», contrairement aux femmes à l’écran. Deux sont mariées, l’une vit avec son copain et la dernière entretient une relation sérieuse avec quelqu’un.

Peur de devenir vieille fille

J’adore mes amies, mais je dois avouer que je trouve de plus en plus difficile d’être la seule célibataire du groupe. Le mariage m’inspire des sentiments mitigés (et l’idée de partager mon lit avec la même personne jusqu’à la fin de mes jours me donne des palpitations), alors je suis gênée d’avouer que, depuis un an, un sentiment insidieux me ronge: j’ai peur de finir vieille fille.

J’ai en permanence ce poids sur la poitrine et, parfois, la peur me submerge. Comme quand une amie m’a envoyé un texto pour m’annoncer ses fiançailles. J’ai pleuré comme une madeleine sous la douche puis, en me séchant, j’ai eu profondément honte de ma réaction. Jusque-là, je n’avais versé que des larmes de joie en apprenant les bonnes nouvelles de mes proches. Je ne veux pas être ce genre de femme. Je ne veux pas être jalouse, me dire: «Pourquoi c’est jamais moi?»

Or, c’est ce que j’étais devenue.

Ce problème de célibat au sein du groupe n’a jamais été aussi pertinent que récemment: je devais bientôt partir en petite escapade avec ces amies et j’ai raconté à une autre copine célibataire que cela m’angoissait. Je craignais qu’on ne parle que de leurs relations amoureuses, et j’ai du mal à participer à ce genre de conversations.

“Plus on vieillit, plus on a de responsabilités. Elles auront bientôt des bébés, c’est inévitable, et elles ne pourront pas tout laisser tomber, même si elles le voulaient.”

Après m’avoir écoutée parler de mes inquiétudes et de la culpabilité qu’elles m’inspiraient, mon amie m’a donné un conseil tout simple, mais sévère: «Ne va pas à ce week-end et arrête de les voir aussi souvent.» Je n’ai pas pris cette idée au sérieux, mais je comprenais son point de vue. Parce que, quand je m’entoure de personnes dans la même situation que moi, je suis plus détendue.

Ma relation avec ces amies est l’une des plus importantes de ma vie, et je laisserais tout tomber sur-le-champ si elles avaient besoin de moi. Mais quand je suis particulièrement angoissée, j’ai peur que la réciproque ne soit pas vraie. Non pas parce qu’elles sont égoïstes, bien au contraire. Mais parce, que plus on vieillit, plus on a de responsabilités. Elles auront bientôt des bébés, c’est inévitable, et elles ne pourront pas tout laisser tomber, même si elles le voulaient.

Angoisse mais libération

Savoir que je ne suis la priorité de personne peut être dévastateur, mais aussi libérateur. J’en ai pris conscience dernièrement, quand quelqu’un m’a demandé des conseils pour sa fille qui, à l’approche de la trentaine, est la dernière célibataire de son groupe d’amies.

J’ai hésité. Pourquoi cette fille voudrait-elle de mes conseils, alors que je suis toujours seule à 35 ans? J’ai repensé à ce que je ressentais quand j’avais son âge: j’aurais été dégoûtée de savoir que, six ans plus tard, ma situation amoureuse n’aurait pas évolué.

Arès réflexion, je me suis rendu compte que j’avais beaucoup de choses à dire. Ma vie a changé du tout au tout quand j’étais célibataire. J’ai changé de pays. J’ai embrassé une nouvelle carrière – réalisant mon rêve de devenir une grande reporter – après avoir décroché une bourse d’études prestigieuse pour intégrer la meilleure école de journalisme du pays. J’ai passé deux mois à Berlin à un poste d’enseignante-chercheuse en journalisme.

Et, au grand dam de mon compte en banque, j’ai eu pour priorité de passer du bon temps. J’ai enchaîné les sorties sur un coup de tête et j’ai voyagé au Maroc en solo pendant un mois.

J’ai passé quelques-uns des meilleurs moments de ma vie, et de loin, quand j’étais célibataire. J’ai donc conseillé à cette dame de dire à sa fille que je ne changerais rien de ce que j’ai vécu, que je suis profondément reconnaissante de tout ce que j’ai appris et qu’elle devrait profiter de cette période de sa vie pour ne penser qu’à elle.

Plus tard, j’ai suivi l’autre conseil que m’avait donné ma copine – bien moins brutal – et j’ai confié mes craintes au sujet de notre petite escapade à une de mes amies du groupe. Loin de me juger ou de s’offusquer, elle a compris ce que je ressentais. J’en ai aussitôt éprouvé un grand soulagement.

Certes, c’est parfois dur, mais je ne changerais mes amies pour rien au monde (et cela vaut aussi pour leurs partenaires adorables). Peut-être qu’un jour, je pourrai me joindre à elles pour me plaindre moi aussi de mon compagnon et du fait que nous, les femmes, devons encore prendre en charge le ménage en 2020.

Ce blog, publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Laure Motet pour Fast ForWord, pour le HuffPost France.

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