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Je suis bispirituelle, et voici ce que ça veut dire

Ma-Nee est bispirituelle, ou «Two-spirit» en anglais, elle représente le 2 dans l’acronyme LGBTQ2+. Et elle en est fière!
courtoisie

«Je suis bispirituelle, lesbienne, et très fière de l’être!», lance Ma-Nee Chacaby, élevée dans une communauté ojibwé-crie du nord de l’Ontario par sa grand-mère.

Après des années d’obstacles et de difficultés, elle est aujourd’hui heureuse, en paix avec elle-même.

«Pour moi, être bispirituelle signifie que dans mon corps, dans mon esprit, et dans mon âme, je suis à la fois une femme, et un homme. Je le sais simplement: j’ai un côté masculin et un côté féminin. Cela représente qui je suis, comme personne, spirituellement. Ça n’a rien à voir avec ma vie sexuelle.»

Alors qu’elle est encore petite, à Ombabika dans l’Ontario, sa grand-mère le ressent déjà et lui dit: «Tu as deux esprits en toi, tu as une partie homme et une partie femme. Tu auras une vie difficile, en raison de qui tu es.»

Elle lui explique également que bien avant sa naissance, sept générations avant elle, les bispirituels existaient déjà et vivaient normalement chez les Premières Nations, un terme qu’elle aime utiliser au-dessus de tous les autres.

«Je n’aime pas utiliser les termes ″aborigène″, ″Autochtone″ ou ″Indien″; nous sommes les Premières Nations, nous étions les premiers à vivre ici au Canada, avant que les Blancs viennent et fassent de nous ce qu’ils veulent. Mes ancêtres étaient là en premier.»

De l’art-thérapie

Dans son mémoire intitulé «A Two-Spirit Journey» (Publié en français sous le titre Un parcours bispirituel, récit d’une aînée ojibwé-crie lesbienne), Ma-Nee raconte les défis auxquels elle a dû faire face toute sa vie: fuir un conjoint violent, déménager à 20 ans à Thunder Bay avec ses enfants, combattre l’alcoolisme, vivre avec une déficience visuelle, faire son coming-out comme lesbienne et comme personne Two-spirit.

«Je suis en paix avec moi-même maintenant que j’ai admis et accepté qui je suis. Avant, c’était comme si toujours quelque chose manquait, c’était très douloureux, alors je buvais pour oublier, mais maintenant, je me sens bien dans mon entièreté. Et je suis sobre depuis 1975», dit celle qui, en 2013, a même dirigé le tout premier défilé de la Fierté LGBTQ2+ à Thunder Bay.

Avec son livre, elle veut encourager les Premières Nations à raconter leur histoire.

«Quand j’ai décidé d’écrire ce livre, beaucoup d’aînés mourraient et les histoires du passé se perdaient. En plus, dans les livres, on est dépeints comme des sauvages: il y a les gentils cowboys et nous, les méchants indiens», dit celle qui s’est aussi impliquée comme intervenante auprès de toxicomanes, de sans-abris et de mères en difficulté.

Ma-Nee a tiré plusieurs peintures des histoires de son livre. Des peintures qui l’ont aidée à guérir. «Elles ont été mon docteur, m’ont aidée à m’accepter comme je suis», dit-elle.

Maintenant, elle dit être enfin en paix. Elle est bien avec elle-même, avec qui elle est. «Je suis très, mais vraiment très heureuse. Il n’y a pas d’autre mot que heureuse qui me vienne en tête.»

S’aimer comme on est

Le 18 août prochain, elle participera au défilé de la Fierté à Montréal. Elle fera le voyage exprès pour l’occasion. Pour elle, c’est extrêmement important.

Ma-Nee va participer au défilé de la Fierté à Montréal en août.
Navid Baraty / Getty Images via Getty Images
Ma-Nee va participer au défilé de la Fierté à Montréal en août.

«Des jeunes peuvent encore avoir honte de qui ils sont. C’est mieux que lorsque j’ai fait mon coming-out en 1988. C’est dur d’être membres des Premières Nations, bispirituelle ET lesbienne. J’ai du me battre pour mes droits. Donc oui, c’est mieux, mais il y a encore trop peu de changements.»

Ce qu’on peut lui souhaiter pour le futur?

«De voyager, j’aimerais voir le monde, je ne l’ai parcouru que trop peu. Mais je suis pauvre, alors il faut que je commence à mettre de l’argent de côté.»

Et toujours, elle se rappelle les mots de sa grand-mère: reste forte, crois en toi, garde la tête haute.

«Je voudrais dire la même chose aux jeunes, aujourd’hui: acceptez-vous comme vous êtes, aimez-vous, vous êtes magnifiques exactement comme vous êtes!»

MISE À JOUR (18/09/2019): Ajout du titre et du lien vers la version française de la publication de Ma-Nee.

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