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La Plus Haute Autorité: Monsieur Jacques Parizeau (5/8)

C'était en 1993, donc un an après le mariage de Lisette Lapointe et Jacques Parizeau. Souvenez-vous du tintamarre que cela fit dans les gazettes quand Monsieur Parizeau en fit sa «conseillère spéciale».
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C'était en 1993, donc un an après le mariage de Madame Lisette Lapointe et de Monsieur Jacques Parizeau. Tout comme Monsieur Parizeau, Madame Lapointe avait vécu de profonds deuils, dont elle était sortie grâce à un courage et une détermination hors du commun - cette femme avait dit un OUI total à la vie - et ce OUI total lui donnait une énergie telle qu'elle n'avait pour ainsi dire par le choix d'être cette grande combattante qu'elle est devenue aux côtés de Monsieur Parizeau.

Souvenez-vous du tintamarre que cela fit dans les gazettes quand Monsieur Parizeau en fit sa "conseillère spéciale", avec, comme mandat prioritaire, de faire la grande tournée de toutes les régions du Québec afin de mieux connaître comment et de quoi ses habitants vivaient.

C'est ainsi que Madame Lapointe, en cette fin de bel été, débarqua aux Trois-Pistoles afin de tenir réunion avec toutes celles et tous ceux qu'on appelait alors "les intervenants culturels". Je ne fus pas convoqué à cette réunion malgré le fait que la Maison de VLB et le Caveau-Théâtre attiraient en ce temps entre 25 000 et 30 000 visiteurs durant l'été. Une étude commandée par les autorités municipales sur les retombées économiques qu'apportaient tous ces visiteurs démontrait qu'elles étaient de l'ordre de trois millions de dollars. Ce n'était pas si mal si on considère que la MRC des Basques ne compte qu'une dizaine de milliers d'habitants.

Quand Madame Lapointe apprit que je n'avais pas été invité à cette réunion, elle exigea que j'y assiste... sinon, pas de réunion. On vint donc m'en aviser à la maison. Fâché d'avoir été "oublié" par les organisateurs locaux, vous comprendrez la fâcherie qui fut la mienne. Mais il était et est toujours si rare qu'en Haut Lieu on prenne le temps de visiter les petites municipalités dites "dévitalisées" que je mis ma colère de côté et me rendis à la réunion.

J'appréciai le fait que Madame Lapointe avait, comme le dit le lieu commun, "fait ses devoirs" avant de venir aux Trois-Pistoles: même si elle savait ce qui allait et ce qui n'allait pas, elle écoutait avec attention ce que chacune et chacun lui disaient, et ne cessait pas de prendre des notes. Sans prétention et chaleureuse était-elle - et moi qui, à force d'avoir lu les gazettes et ce qu'elles disaient d'elle, la croyais prétentieuse et hautaine!

La réunion terminée, j'emmenai à sa demande Madame Lapointe visiter la Maison de VLB et le Caveau-Théâtre. Un moment rare c'est, dans l'existence, quand une amitié se noue aussi rapidement - comme ce fut le cas entre Madame Lapointe et moi. Quand bien même on essaierait d'expliquer pourquoi il en est ainsi, on y perdrait sa peine et, comme le dit Nietzsche, l'éjouissance qu'on y trouve. Je n'aurais pas revu Madame Lapointe que cela n'aurait rien changé par-devers les sentiments que j'avais pour elle.

Quelque temps après sa venue aux Trois-Pistoles, je reçus d'elle un appel téléphonique: dans sa tournée des régions, elle se trouvait alors à Sainte-Flavie pour y rencontrer un groupe d'handicapés. Sachant que j'avais eu la polio, elle me demanda si j'accepterais de dire quelques mots à toutes celles et à tous ceux-là que la vie avait blessurés. Je ne pouvais pas refuser: je laissai là l'écriture du téléroman sur lequel je travaillais et me rendis à Sainte-Flavie. La véritable amitié est ainsi qu'elle en est pour ainsi dire intemporelle: quand je revis Madame Lapointe, j'eus l'impression qu'on s'était rencontrés la veille.

Et c'est ainsi depuis. Et ce sera toujours ainsi.

Voilà, en toute simplicité, ce que je tenais à vous dire ce matin: sans cette amitié entre Madame Lapointe et moi, aurais-je accepté de participer activement à la Commission sur l'avenir du Québec, puis à m'engager comme je l'ai fait lors du référendum de 1995?

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