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Il y a 40 ans, la pression de la rue força le chah à fuir l’Iran

Il y a 40 ans, les yeux en larmes, le dernier chah d'Iran abandonnait son trône et quittait définitivement le pays le 16 janvier 1979 sous la pression de la rue, rendant de ce fait le terrain fertile pour la Révolution islamique.
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Le 16 janvier marque un événement historique pour l'Iran. Il y a 40 ans, les yeux en larmes, le dernier chah d'Iran abandonnait son trône et quittait définitivement le pays en 1979 sous la pression de la rue, rendant de ce fait le terrain fertile pour la Révolution islamique. Le départ de Mohammad Reza Pahlavi scellait ainsi la fin de 2500 ans de monarchie absolue en Iran, dont les 25 dernières années avaient été particulièrement violentes avec une police secrète, la SAVAK, détestée pour sa pratique à outrance de la torture.

Le chah avait pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État fomenté par la CIA en 1953, qui visait à renverser le premier ministre d'Iran. L'«opération Ajax» fera des centaines de morts et des milliers de prisonniers parmi les intellectuels et démocrates iraniens qui avaient refusé de voir s'étendre le voile noir de la dictature dans l'antique pays. Mohammad Mossadegh, le populaire premier ministre qui avait nationalisé le pétrole iranien contre la volonté des Britanniques et des Américains, est renversé. Il sera remplacé ensuite par remplacer par le général Fazlollah Zahedi.

Une bannière dénonçant Shah Mohammad Reza Pahlavi est placée à l'entrée de l'université de Téhéran, en Iran.
AP Photo/Bernhard Frye, File
Une bannière dénonçant Shah Mohammad Reza Pahlavi est placée à l'entrée de l'université de Téhéran, en Iran.

La grande révolution de 1979

Le départ du chah accélère le mouvement populaire qui aboutira un mois plus tard à la Révolution du 11 février 1979. Celle-ci a marqué une rupture profonde avec l'ordre monarchique millénaire, promettant l'entrée de l'Iran dans l'ère démocratique.

L'euphorie céda vite la place à la déception.

Le projet de société démocratique et solidaire voulu par la Révolution de février a été dévoyé et le clergé chercha à appliquer sa propre vision du pouvoir. Le renoncement au jeu démocratique, la négation des droits fondamentaux et de la souveraineté populaire... telle était désormais la ligne de conduite des islamistes qui prenaient le pouvoir pour la première fois dans le monde musulman.

Les forces démocratiques ont refusé de céder et ont d'abord usé de moyens pacifiques pour freiner le fléau intégriste. Pour eux, l'étape de la construction de la nouvelle société des droits devait pouvoir se réaliser dans la consultation et la confrontation des idées. Et les urnes comme ultime arbitre pour assurer la paix sociale et la contribution de chacun au développement du pays.

Les forces démocrates et libérales s'unirent autour de l'Organisation des Moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), un mouvement de résistance qui avait lutté contre la dictature du chah, pour proposer une alternative différente de celle des intégristes dominant le pouvoir. Cette initiative gagna rapidement en popularité au point de menacer l'emprise du pouvoir clérical.

Voulant user jusqu'au bout tous les recours démocratiques, les démocrates iraniens participèrent aux différents scrutins. Les islamistes refusèrent dès le début de se soumettre à l'épreuve du suffrage universel dans des élections libres. Malgré les voix remportées et le soutien d'une partie très importante de la population, aucun candidat de l'opposition ne put entrer au parlement, alors que le régime se livrait à une fraude systématique.

La résistance à la dictature islamiste

Lors de la première élection présidentielle, le candidat de l'OMPI était soutenu par tous les groupes de l'opposition, les minorités ethniques et religieuses, et une grande majorité de femmes et de jeunes. Toutefois, au grand dam des Iraniens, Khomeiny, le Guide suprême des mollahs, l'élimina de la course électorale par une fatwa, au motif qu'il n'est pas fidèle à la constitution du nouveau régime. Une constitution qui prévoyait la tutelle du Guide suprême sur les affaires du pays et l'application de la charia et la loi du taillons, qui contrevenaient à toutes les valeurs d'un État démocratique et moderne.

La répression atteignit son apogée quand une manifestation pacifique d'un demi-million de personnes à Téhéran le 20 juin 1981 fut réprimée dans le sang sur ordre de Khomeiny.

Celui-ci avait ainsi décidé de fermer définitivement la voie à toute expression de l'opposition politique qui gagnait chaque jour en popularité. C'est dans la soirée de ce jour funeste que commencèrent les exécutions massives qui vont faire disparaître des dizaines de milliers d'opposants. Le pic des mises à mort sera atteint durant l'été 1988 à la fin de la guerre avec l'Irak. En quelques mois, 30 000 prisonniers politiques seront massacrés dans les prisons en exécution d'une nouvelle fatwa de Khomeiny.

Représentation de l'ayatollah Khomeiny à Téhéran.
Mohamad ESLAMI RAD via Getty Images
Représentation de l'ayatollah Khomeiny à Téhéran.

Les opposants ont annoncé à Téhéran la création du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). De nombreux partis et personnalité joignirent alors la coalition de l'opposition qui formula un programme pour l'Iran libre de demain, basé sur le suffrage universel, l'État de droit, le pluralisme, la laïcité, l'égalité des genres et le respect des minorités.

Débuta alors un long et éprouvant combat pour l'affirmation de l'alternative démocratique, face à un ennemi capable de tous les crimes et perfidies pour anéantir ses ennemis et assurer sa survie. Après 40 ans d'une république islamiste honnie par le peuple, le régime des mollahs est engouffré dans des crises inextricables. Les révoltes populaires incessantes de la dernière année laissent entrevoir la fin inéluctable du khomeynisme en Iran.

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