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Voici le genre d'insultes que les députées de Québec solidaire reçoivent en ligne

La députée Christine Labrie donne un échantillon de messages haineux reçus par ses collègues féminines pour sensibiliser à la violence en ligne contre les femmes.

«Pauvre dinde», «maudite folle», «quelle conne», «calisse de prostituée»... Voilà quelques exemples des insultes que les députées de Québec solidaire ont reçu par le biais des médias sociaux.

La députée de Sherbrooke, Christine Labrie, a tenu à prononcer ces mots difficiles pour sensibiliser l’Assemblée nationale à ce à quoi s’exposent les femmes actives en politique.

Lors d’un débat pour adopter une motion visant à faire reconnaître par l’Assemblée nationale une étude sur la violence en ligne contre les femmes, mercredi matin, dans le cadre de la campagne de sensibilisation «12 jours d’action contre la violence envers les femmes», Christine Labrie a révélé un bref échantillon de ce qu’elle et ses collègues féminines ont reçu dernièrement sur les réseaux sociaux... et c’est franchement dérangeant. Pas étonnant que la députée, qui a tenu à s’excuser à l’avance pour les mots qu’elle allait employer, ait eu du mal à cacher son émotion en lisant des attaques aussi violentes.

“«Je m’excuse d’avance pour les propos vraiment difficiles à entendre que je vais lire, sachez que c’est aussi très difficile pour moi de prononcer ces mots-là.»”

- Christine Labrie, députée de Sherbrooke

«Tu devrais décrisser car tu n’es qu’une pollution à voir», «Ostie de plote sale criminelle et corrompue», «allez vous rhabiller ou suicidez-vous» et «va te faire enculer crisse de salope» sont parmi les remarques les plus agressives.

La députée termine son énumération par celle-ci, particulièrement troublante: «Tu devrais disparaître, tu es une honte envers le peuple québécois, tu auras ta leçon après les Fêtes et ce sera un dossier de réglé.»

Des députés ébranlés

«J’ai d’ailleurs senti que les députés étaient très ébranlés par l’ampleur de cette violence et plusieurs femmes étaient émues de voir le problème enfin dénoncé, car on le vit toutes. Ce n’est pas parce qu’on devient une personnalité publique qu’on doit subir ça sans rien dire», a-t-elle écrit par la suite sur sa page Facebook.

Bien sûr, les hommes parlementaires reçoivent aussi leur lot d’insultes et de messages haineux, «sauf que c’est largement documenté que les femmes subissent plus de violence en ligne que les hommes, jusqu’à 27 fois plus, selon certaines estimations», a aussi affirmé Christine Labrie, pendant son allocution à l’Assemblée nationale.

Selon elle, les parlementaires doivent montrer l’exemple et ne jamais avoir recours aux attaques personnelles entre eux, afin de faire leur part pour contrer ce fléau qu’est la violence en ligne.

Tous les partis unis

La vice-présidente de l’Assemblée nationale, députée caquiste de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, a renchéri pour affirmer que l’hostilité manifestée en ligne envers les femmes était une cause directe de leur hésitation à s’engager en politique.

«Les candidates potentielles craignent un jour d’être victimes de cyberviolence, mais surtout appréhendent l’impact qu’elle pourrait avoir sur leurs proches, qui finiront nécessairement par en être témoins», a-t-elle commenté.

La députée libérale de Bourassa-Sauvé, Paule Robitaille, s’est questionnée à savoir «combien d’entre nous, politiciennes, femmes publiques, femmes qui osent sortir du lot, femmes qui portent le voile ou la mini-jupe, adolescentes, jeunes filles, sommes-nous à être ciblées de la vindicte misogyne du Web? C’est un tweet haineux à une femme à chaque 30 secondes».

Elle aussi a dénoncé cette «charge d’une armée de trolls forts de leur anonymat qui dénigrent, ridiculisent et détruisent».

Les médias sociaux sont malheureusement un terrain fertile pour les calomnies et l’intimidation, dont les femmes sont plus souvent qu’autrement les premières victimes, a observé de son côté la députée péquiste de Gaspé, Méganne Perry Mélançon.

«Ce qui distingue la cyberviolence, lorsqu’elle vise une femme, c’est qu’elle est souvent axée sur le corps, sur la sexualité. Ne cherchez pas les arguments valables ici, cette forme de violence vise d’abord à humilier gratuitement. D’un seul clic, on diffuse une photo intime. D’un seul tweet, on s’en prend au physique d’une femme pour la discréditer», a-t-elle ajouté.

– Avec La Presse canadienne

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