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Oui, je l'ai trompé; non, je n'ai pas de regrets

Après l'avoir trompé, j'ai compris que je préférais de loin des relations occasionnelles à l'enfermement dans une relation malheureuse. J'ai aussi réalisé que je ne suis pas non plus faite pour tromper: je ne pourrais pas le refaire.
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Ce blogue a été publié à l'origine sur Unwritten par Jenna Beykirch.

Pendant tout le lycée, je suis sorti avec le même mec. Appelons-le Thomas. Notre relation était pleine de super moments et de fous rires. Il donnait à tout ça la tournure d'un conte de fées. C'était tout simplement un rêve éveillé, jusqu'au moment où les autres garçons ont cessé de me prêter attention en tant que fille, pour la simple raison que j'étais déjà prise. J'étais juste un visage flouté dans cet océan de personnes, et pour être tout à fait honnête... C'était nul.

Au début, j'ai commencé à faire plus attention à ma manière de m'habiller, et je me coiffais et me maquillais pour aller en cours, mais ça n'a rien changé, je restais la fille qui a un copain. Je ne dis pas que j'étais énervée par manque d'attention, parce qu'en fait j'en avais, justement de la part de celui qui était le plus important. Je dis juste que j'aurais voulu que les autres voient encore une fille en moi.

Ce n'est qu'à l'université que j'ai enfin été perçue pour ce que j'étais et pas uniquement comme la copine de Thomas. Un grand nombre de personnes savaient que j'avais un copain (par le simple fait que je portais un collier avec son nom gravé dessus et que je l'affichais dans mes profils sur tous les réseaux sociaux), mais je n'ai jamais annoncé que j'avais un copain. Je sais que ce n'est pas bien, mais à l'époque ça me paraissait la chose à faire.

L'arrivée à l'université n'a pas été facile pour Thomas et moi - appels manqués, disputes et soupçons incessants. Rapidement, il en est arrivé à me répondre par texto seulement une fois par jour, ou même à ne pas me répondre du tout, et je ne savais donc plus du tout où nous en étions. Je n'ai jamais prévu de tromper Thomas. J'étais encore amoureuse, simplement, je n'étais pas heureuse. Je pense que je l'ai trompé en partie parce que je n'avais été célibataire que pendant de très courts intervalles, et que je n'ai donc jamais connu ces périodes où on "se lâche" sans avoir à penser aux conséquences. En même temps je savais que je ne pouvais pas me laisser aller à ça, parce que la société a poussé tout le monde à croire que les personnes qui trompent sont des gens affreux, et je savais que je n'étais pas quelqu'un d'affreux. Mais plus j'entendais parler de gens qui faisaient ces trucs sexuels dingues, plus j'étais curieuse.

J'ai trompé Thomas avec quelqu'un que je croisais tout le temps à l'association étudiante que je fréquentais en première année. Il était sympa, intelligent et canon. C'était difficile de ne pas être attirée par lui ; toutes les filles l'étaient. Je pense que c'est ce qui a rendu la chose plus excitante. Il savait que j'avais un copain, mais au bout d'un certain temps notre attirance sexuelle était de toute évidence mutuelle. Un jour il m'a demandé de venir chez lui pour l'aider pour les devoirs que nous avions à faire. Au bout d'une heure de travail, il m'a dit que j'étais vraiment jolie et que c'était nul que je ne sois pas libre.

Après quelques minutes, j'ai fini par lui dire que mon couple avec Thomas battait de l'aile et que je ne savais pas combien de temps je pourrais encore tenir. Il m'a répondu avec douceur qu'il ne me ferait jamais subir ce que Thomas me faisait subir... et dans la foulée il s'est penché et m'a embrassée. Son geste m'a excitée et m'a donné l'impression d'être désirée. De fil en aiguille, tout est allé très vite. Juste après je me suis rhabillée, j'ai fini de l'aider pour les devoirs comme si rien ne s'était passé, et je suis partie. Il n'y avait ni affection ni amour ; c'était juste l'occasion du moment. Pendant le rapport, j'ai ressenti un tourbillon d'émotions : du dégoût pour moi-même, de la colère, de l'excitation, du désir, et au final de la satisfaction pour ce que nous faisions. Ça m'a donné la possibilité de connaître des tonnes d'émotions que j'avais retenues pendant très longtemps. Ça m'a finalement permis de me rendre compte que Thomas n'était plus la personne dont j'avais besoin.

J'ai ensuite commencé à me sentir vraiment coupable. J'ai donc pris la décision de le dire à Thomas : je ne pouvais pas le lui cacher, dans la mesure où je savais qu'il n'était plus la personne que je cherchais. Après le lui avoir dit, j'ai appris qu'il me trompait depuis des mois. C'était tragique et douloureux à entendre, mais le sentiment d'avoir été moi-même affreuse a soudain disparu. Nous avons bien entendu rompu dans la foulée ; je l'ai haï pendant un certain temps, mais je me suis rendu compte qu'il représentait une bonne partie de ma vie et que ça n'avait pas tellement de sens de l'haïr.

Lorsqu'il est rentré pour les vacances, je lui ai demandé qu'on se voie pour parler. Je me suis rendu compte que j'avais cessé de l'aimer bien longtemps auparavant, j'avais juste besoin qu'il reste dans ma vie d'une manière ou d'une autre. Nous sommes restés très bons amis jusqu'aujourd'hui. Pour beaucoup de mes amis, c'est très bizarre de voir à quel point nous sommes proches maintenant, mais nous savions que nous nous appréciions en tant que personnes, alors pourquoi ne pas être amis ?

Je ne suis pas en train de dire que le fait de l'avoir trompé était justifié par ses propres écarts. Je dis juste que j'y réfléchis souvent, et que je me demande pourquoi je ne me sens pas coupable d'avoir trompé Thomas. Ma réponse est invariablement la même : c'est quelque chose que je voulais faire pour moi. Ça ne fait pas de moi une salope, ça ne fait pas de moi une mauvaise personne, sans morale. Je n'ai pas grandi dans une famille qui m'aurait déséquilibrée, et je ne suis pas insensible. Après avoir trompé, j'ai compris que je préférais de loin des relations occasionnelles à l'enfermement dans une relation malheureuse. J'ai aussi réalisé que je ne suis pas non plus faite pour tromper ; je ne pourrais pas le refaire. L'avoir trompé m'a aussi ouvert les yeux sur le fait qu'il y a dans ce monde des personnes qui me correspondent mieux que Thomas. Je suis en paix avec mes choix et lorsque je prends un peu de recul pour contempler ma vie, je ne vois absolument rien à y changer.

Ce blogue également été publié sur le HuffPost Women a été traduit de l'anglais par Mathieu Bouquet.

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