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Député, ministre, maire: des métiers qui n'inspirent pas confiance aux Québécois

Élu ou vendeur de «chars», même combat.
Difficile de dire si la gestion de la première vague de COVID-19 a aidé ou nui au sentiment de confiance des Québécois envers les politiciens. (photo d'archives)
La Presse canadienne
Difficile de dire si la gestion de la première vague de COVID-19 a aidé ou nui au sentiment de confiance des Québécois envers les politiciens. (photo d'archives)

Alors qu’ils ont eu – pour le meilleur et pour le pire – une visibilité exceptionnelle pendant la pandémie de COVID-19, les députés et ministres n’inspirent confiance qu’à moins de la moitié des Québécois. C’est ce qui ressort du premier Indicateur de confiance des métiers, un nouvel indice bi-annuel publié par l’Institut de la confiance dans les organisations (ICO) lundi.

Les députés et ministres se placent au 73e rang des 76 professions évaluées, alors qu’à peine 45,8% des répondants ont affirmé leur faire généralement confiance. C’est à peine suffisant pour dépasser les publicitaires (45,7%) et les vendeurs d’automobiles neuves (44,4%). Les vendeurs d’automobiles usagées viennent clore le peloton, avec 29,1%. Les maires ne font pas beaucoup mieux, avec 57,5%.

Le coup de sonde réalisé par BIP Recherche auprès de 1000 adultes québécois du 25 août au 2 septembre prend la relève du défunt Baromètre des professions de la firme Léger, qui n’avait pas répété l’exercice depuis 2016.

Les pilotes de ligne (95,4%), les ambulanciers (94,8%), les pompiers (94,8%), les infirmiers (94,7%) et les caissiers (94,6%) trônent au sommet de ce palmarès des professions, où l’ensemble des métiers liés au domaine de la santé fait bonne figure.

Fondé en 2013, l’ICO est un think tank indépendant et sans but lucratif qui a pour mission de renforcer la confiance dans la société et dans les organisations.

Une méfiance qui perdure envers les politiciens

Lors de l’ultime examen de Léger en 2016, qui concernait une moins grande variété de professions, le niveau de confiance envers les députés et ministres était également exécrable. Ils avaient terminé avant-derniers (24%), toujours devant les vendeurs d’automobiles usagées.

Il serait hasardeux de tirer des conclusions en comparant deux sondages réalisés avec des méthodologies différentes avec quatre ans d’écart. Mais Mireille Lalancette, chercheuse au Groupe de recherche en communication politique de l’Université Laval, y voit une preuve que le «cynisme sous-jacent et la désillusion envers la politique» - qui ne datent pas d’hier - sont encore bien vivants.

S’il est difficile d’évaluer l’impact de la gestion de la pandémie sur le niveau de confiance des Québécois envers leurs élus, la chercheuse est d’avis que la visibilité accrue dont ils ont bénéficié pendant la crise n’a pas eu que du positif pour les députés et ministres.

«Les politiciens ont été présents, mais ils n’ont pas toujours bien réagi», estime-t-elle. «Parfois, les discours ont été discordants; la communication n’a pas été toujours claire.»

Elle cite en exemple la controverse entourant la mise en place du système d’alertes régionales, qui bien qu’elle se soit déroulée après la période du sondage, illustre bien que les élus gagneraient parfois à clarifier leur message.

Des controverses qui pèsent

Le sondage de l’ICO a été réalisé à la fin août, alors que le scandale We Charity qui a éclaboussé Justin Trudeau et Bill Morneau, était encore bien frais dans les mémoires. Un autre coup de sonde de l’Institut publié jeudi soulignait d’ailleurs que les Québécois «jugent sévèrement l’éthique des personnes impliquées dans l’affaire We Charity».

Le premier ministre Justin Trudeau et le ministre des Finances Bill Morneau ont eu un été compliqué, en raison de révélations sur leur lien avec l'organisme We Charity, auquel le gouvernement fédéral avait accordé un contrat questionnable.
CHRIS WATTIE via Getty Images
Le premier ministre Justin Trudeau et le ministre des Finances Bill Morneau ont eu un été compliqué, en raison de révélations sur leur lien avec l'organisme We Charity, auquel le gouvernement fédéral avait accordé un contrat questionnable.

Selon Mme Lalancette, les divers scandales politiques finissent aussi par s’accumuler dans l’esprit des gens, ce qui mine la confiance envers les institutions. «Chaque fois qu’il y a un scandale politique, ce n’est pas juste le politicien au coeur du scandale qui paie, ce sont tous les politiciens», dit-elle.

Sans compter que d’autres politiciens hors Québec, comme le président américain Donald Trump, viennent parfois «brouiller les cartes» en prenant des décisions ou en faisant des sorties qui viennent ajouter au cynisme, ajoute-t-elle.

Un travail mal compris

Si la consolation sera probablement bien mince pour les Valérie Plante et Régis Labeaume de ce monde, les maires se classent toute de même quelques rangs devant les députés et ministres, puisqu’ils ont la confiance de plus de la moitié des Québécois.

Ce résultat pourrait s’expliquer, selon Mme Lalancette, par le fait que le travail des élus municipaux a des effets plus tangibles pour la population. «Que ce soit la création d’un nouveau parc ou le changement du parcours d’une rue, on peut avoir un meilleur aperçu de leur travail», illustre-t-elle.

C’est particulièrement vrai au palier fédéral, où les répercussions de chaque décision peuvent être difficile à visualiser pour les citoyens.

“C’est plus facile de fermer les écoles que de fermer les frontières canadiennes tout en s’assurant de continuer à avoir des fruits et légumes.”

- Mireille Lalancette, Groupe de recherche en communication politique

«On a beaucoup entendu que Legault avait été plus rapide que Trudeau, mais Legault avait des champs de compétence plus simples», affirme la chercheuse. «C’est plus facile de fermer les écoles que de fermer les frontières canadiennes tout en s’assurant de continuer à avoir des fruits et légumes et de ne pas froisser des partenaires internationaux comme Trump.»

«Les gens gagneraient à mieux comprendre le travail des politiciens afin d’être en mesure de mieux évaluer leur performance», estime Mme Lalancettte. Et peut-être qu’avec une meilleure compréhension, la confiance suivrait. Peut-être.

Le palmarès complet de l’Indicateur de confiance des professions:

Niveau de confiance très élevé:

Institut de la confiance dans les organisations

Niveau de confiance élevé:

Institut de la confiance dans les organisations

Niveau de confiance bon:

Institut de la confiance dans les organisations

Niveau de confiance moyen:

Institut de la confiance dans les organisations

Niveau de confiance faible ou très faible:

Institut de la confiance dans les organisations
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