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Face à l'impact du secteur de la mode sur l'environnement, ces marques réagissent

Les entreprises du secteur de la mode et de la beauté peuvent avoir un impact terrible sur la vie sauvage, mais des marques commencent à se pencher sur le problème.
Les gens pensent rarement à la provenance des matières premières qui sont nécessaires pour fabriquer leurs vêtements et produits de beauté.
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Les gens pensent rarement à la provenance des matières premières qui sont nécessaires pour fabriquer leurs vêtements et produits de beauté.

ENVIRONNEMENT - Lorsque vous enfilez un t-shirt ou une paire de chaussures, vous ne vous demandez probablement pas d’où provient le coton ou le cuir utilisé pour les fabriquer. Ainsi, vous ne vous posez probablement pas non plus cette question lorsque vous appliquez de la crème ou que vous mettez votre parfum préféré.

Une grande partie des matières premières utilisées pour fabriquer les vêtements et produits de beauté sont issues d’exploitations agricoles ou de forêts, plus précisément de zones déboisées. Par conséquent, notre environnement en paye le prix fort. Les secteurs de la mode et de la beauté sont des acteurs majeurs de la déforestation et de la perte de biodiversité. Néanmoins, quelques grandes marques essaient de renverser la tendance.

Natura &Co, le groupe de produits cosmétiques venu du Brésil qui détient les marques Avon, Body Shop et Aesop, a annoncé des objectifs ambitieux en juin dernier pour lutter contre la déforestation de l’Amazonie en lien avec la production de ses produits cosmétiques d’ici à 2030. Son plan semble défier toute logique, puisqu’il s’agit d’“exploiter” la forêt plus que jamais.

Aujourd’hui, le groupe utilise 38 ingrédients extraits de plantes de la forêt amazonienne pour composer ses crèmes, savons et parfums. Son objectif est de compléter cette palette avec 55 ingrédients supplémentaires, de façon à multiplier son “Empreinte Forêt” quasiment par deux. La stratégie consiste à préserver la forêt en demandant aux communautés locales de récolter les graines et les fruits qui poussent sur les arbres, tout en les rémunérant mieux que si elles abattaient ces arbres.

Les ingrédients naturels destinés aux produits cosmétiques peuvent valoir des centaines de fois la valeur de l’arbre sur lequel ils ont poussé. Par exemple, l’huile de Buriti, extraite à partir du fruit du palmier-bâche et présente dans les huiles pour cheveux et savons de Natura, peut valoir 200 $ américains le kilogramme. En achetant directement le fruit, les marques épargnent les arbres, protègent la faune et la flore sauvages et préservent une terre séquestrant une quantité importante de carbone.

Le palmier-bâche pousse dans le bassin amazonien au Brésil. En Europe, l'huile de Buriti, extraite du fruit de ce palmier, est vendue 200 $ américains le kilogramme.
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Le palmier-bâche pousse dans le bassin amazonien au Brésil. En Europe, l'huile de Buriti, extraite du fruit de ce palmier, est vendue 200 $ américains le kilogramme.

“L’Amazonie est un des écosystèmes les plus riches du monde”, explique Silvia Lagnado, responsable de la croissance durable chez Natura &Co. “Avec plus de trois millions d’espèces abritées par la forêt tropicale, plus de 2500 variétés d’arbres et un tiers de tous les arbres tropicaux existant sur la Terre, elle doit être notre priorité à tous.”

Engagé dans la préservation de la biodiversité de l’Amazonie depuis 16 ans, le groupe de produits cosmétiques fait partie de ces entreprises du secteur de la mode et de la cosmétique qui passent au peigne fin leurs chaînes d’approvisionnement afin d’étudier l’impact de leurs produits sur la biodiversité. Ils font alors des promesses courageuses quant à leurs méthodes pour protéger les espèces de notre planète.

Le mal qui ronge la vie sauvage est souvent invisible pour les consommateurs.

“Le déclin de la biodiversité est une urgence planétaire”, affirme Samantha Deacon, consultante senior en management chez Ramboll, une société danoise d’ingénierie et de conseil se concentrant sur le développement durable. Les activités humaines ont engendré la disparition de plus de 80 % de la faune sauvage et de la moitié de la flore, menaçant d’extinction environ un million d’espèces.

Que ce soit l’érosion de la vie sauvage ou la déforestation, le déclin de la biodiversité engendre l’affaiblissement des écosystèmes. Cela met alors en danger la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et la fertilité des sols, tout en augmentant le risque d’émergence de maladies infectieuses, diminuant la capacité des puits de carbone naturels et aggravant ainsi la crise climatique.

En outre, ce n’est pas bon pour les affaires. “Les industries cosmétiques et de la mode comptent directement sur les ressources naturelles pour la production de leurs produits”, explique Samantha Deacon. À l’échelle planétaire, la génération de 44 000 milliards de dollars américains, soit plus de la moitié du PIB mondial, dépend du bon fonctionnement des écosystèmes naturels.

Alors que la surconsommation et les droits des ouvriers du textile ont attiré, à juste titre, l’attention du public au cours de ces dernières années, la manière dont les matières premières utilisées pour fabriquer les vêtements sont obtenues et la mise en danger de la biodiversité au cours du processus sont souvent “invisibles pour les consommateurs” explique Julie Stein, cofondatrice et directrice exécutive du Wildlife Friendly Enterprise Network (WFEN). “Les consommateurs n’ont pas le réflexe de se demander ce qui arrive à la vie sauvage.”

Cependant, cette réflexion est indispensable. La culture intensive du coton, tant au niveau du sol que de l’eau, exige une quantité de pesticides et d’insecticides supérieure à celle utilisée pour presque toutes les autres cultures majeures, ce qui met en péril la biodiversité du sol, pollue les rivières et les lacs, et entraîne ainsi le déclin des populations d’insectes pollinisateurs. Afin d’obtenir de la viscose, de la rayonne ou autres tissus à base de cellulose, alternatives très prisées du coton, du polyester et de la soie; 150 millions d’arbres sont abattus chaque année dans le monde entier. La forte demande d’ingrédients destinés aux soins de la peau et des cheveux a entraîné l’exploitation forestière illégale et la déforestation d’une Amazonie déjà menacée.

"Bateaux succombant à la rouille proches des bords de la mer d'Aral, entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. Il y eut un temps où ce fut le quatrième plus grand lac au monde mais le drainage intensif de l'eau pour irriguer les champs de coton a eu raison de plus de 90 % de la surface initiale de la mer d'Aral."
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"Bateaux succombant à la rouille proches des bords de la mer d'Aral, entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. Il y eut un temps où ce fut le quatrième plus grand lac au monde mais le drainage intensif de l'eau pour irriguer les champs de coton a eu raison de plus de 90 % de la surface initiale de la mer d'Aral."

“On ne fait pas souvent le lien entre la mode et l’agriculture”, explique Katrina ole-MoiYoi, spécialiste de l’approvisionnement durable pour le groupe Kering, propriétaire d’une longue liste de marques de luxe dont notamment Gucci et Yves Saint Laurent. “Compte tenu du fait que les matériaux utilisés pour la fabrication de nos vêtements proviennent d’exploitations agricoles, de pâturages et de forêts, toute notre activité dépend du bon fonctionnement de ces écosystèmes.”

Comment aborder le problème de la biodiversité.

Depuis 2012, Kering examine publiquement l’impact environnemental causé par sa chaîne d’approvisionnement. En remontant toute la chaîne de production d’un vêtement, c’est-à-dire à partir de la matière première, la transformation, la fabrication, l’assemblage et jusqu’au stockage dans les magasins et entrepôts, le groupe a pu mesurer l’impact total de chaque étape sur les émissions, la consommation d’eau, la pollution et les déchets.

Il s’avère que l’obtention des matières premières représente l’impact le plus important dans la plupart des cas. À travers le monde entier, de la Suède à la Nouvelle-Zélande en passant par la Mongolie, le groupe a comptabilisé 330 000 hectares de terres cultivées, pâturages, sites miniers et autres espaces exploités pour produire ses matières premières, y compris la laine de mouton, le cachemire, la viscose, l’or et les pierres précieuses.

En juillet, Kering a présenté une stratégie pour réparer les dommages causés à la faune et la flore dans ces régions et ailleurs. L’un de ses objectifs est l’engagement pour un impact “positif net” sur la biodiversité d’ici à 2025 en “réhabilitant et protégeant une superficie six fois supérieure à l’empreinte totale laissée par toute [sa] chaîne d’approvisionnement.”

En collaborant avec des universitaires et des organisations environnementales, le groupe a mis au point un programme axé sur la reforestation ; la surveillance de la qualité des sols, de la croissance des arbres et des niveaux de séquestration du carbone ; la diminution de l’utilisation de produits agrochimiques ; la restauration d’anciennes mines d’or ; et la plantation d’espèces fixatrices d’azote qui favorisent la fertilisation du sol.

Cette stratégie amène également le groupe Kering à transformer un million d’hectares d’exploitations agricoles et de pâturages en espaces d’agriculture régénératrice d’ici à 2025. Cela signifie travailler avec des agriculteurs à travers le monde entier pour mettre en place des manières de cultiver dont la priorité est la santé des sols, la gestion de l’eau, la rotation des cultures, la diversité des espèces et l’amélioration des ressources naturelles au lieu de l’épuisement.

Les effets que vont avoir ces programmes sont encore inconnus. Dans un rapport, le groupe a annoncé que la prochaine étape était de “mettre au point un plan opérationnel” et de rendre compte des domaines clés en matière de progrès.

“Il est nécessaire que les marques s'engagent à acheter réellement des matériaux produits selon les normes les plus strictes, d'un point de vue écologique ou social”

- Ray Victurine, cofondateur de WFEN et directeur de la Wildlife Conservation Society

“Une telle attention accordée à la biodiversité est bel et bien importante”, explique Ray Victurine, cofondateur de WFEN et directeur de la Wildlife Conservation Society. “Il est nécessaire que les marques soutiennent des approches de production durable et s’engagent à acheter réellement des matériaux produits selon les normes les plus strictes, que ce soit d’un point de vue écologique ou social.”

Pour que ces efforts soient réellement récompensés, l’ensemble de l’industrie doit se mobiliser. C’est pour cette raison que Kering est à l’origine du Fashion Pact lancé en 2019, une promesse faite par 250 marques de la mode et du textile à travers le monde pour l’enrayement du réchauffement climatique, la protection des océans et la restauration de la biodiversité.

Selon Katrina ole-MoiYoi, “collaborer avec nos pairs pour encourager les bonnes pratiques et atteindre les objectifs concernant la biodiversité est vital.”

Ray Victurine est d’accord : “Si nous nous concentrons trop sur une seule marque, cela ne sera pas durable.” Il a ajouté qu’il était absolument essentiel que les organisations non gouvernementales et les gouvernements coopèrent, afin d’établir et d’appliquer des normes de durabilité au niveau national.

Tout comme Natura &Co, Kering souhaite protéger la biodiversité en rallongeant la liste des matériaux utilisés par la marque. Cela signifie qu’elle pourra choisir parmi une palette plus large de matériaux pour sa production et dépendra moins de ceux qui sont déjà fortement sollicités.

“Il faut absolument diversifier les matériaux, afin de réduire la pression exercée sur les ressources”, a déclaré Lee Holdstock de la Soil Association Certification, fournisseur leader au Royaume-Uni de services de certification biologique.

Les stratégies qui ont pour but de préserver les habitats naturels permettent souvent, par la même occasion, de préserver le commerce traditionnel et de soutenir les économies locales. Veja, la marque française de chaussures écologiques issues du commerce équitable, achète pour les semelles de toutes ses baskets du caoutchouc provenant de l’Amazonie brésilienne, au nord-ouest du pays, où les seringueiros (extracteurs de caoutchouc) récoltent le latex (le caoutchouc sous sa forme liquide) en saignant les arbres selon une tradition indigène vieille de centaines d’années.

Dès lors que le caoutchouc synthétique fabriqué à partir du pétrole a fait son apparition sur le marché dans les années 1980, le prix du caoutchouc naturel a chuté, explique Sebastian Kopp, cofondateur de Veja. “De nombreux seringueiros ont laissé tomber ce travail, car trop peu rentable financièrement, et ont préféré élever du bétail.”

Cependant, l’élevage bovin est une des principales causes de la déforestation. Dans le but d’aider les communautés locales qui poursuivent leur activité d’extraction de caoutchouc et de préserver les arbres, Veja achète le caoutchouc aux seringueiros deux fois le prix du marché.

“En valorisant économiquement ce qui reste de la forêt, nous leur montrons que l’extraction de caoutchouc leur rapportera plus d’argent que l’élevage bovin”, ajoute Sebastian Kopp. C’est exactement la même approche que celle de Natura &Co : protéger la forêt en créant des opportunités économiques durables pour la population locale.

D’après Lee Holdstock, il est absolument vital de ne pas dissocier préservation de la nature et moyens de subsistance de la population. « Nous ne tenons pas compte, à nos risques et périls, du lien qui existe entre la biodiversité et la vie humaine », explique-t-il. « Bien qu’il y ait des organisations qui veulent encourager la préservation de la biodiversité, si elles ne s’assurent pas que les gens, tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement, sont considérés et obtiennent un salaire équitable, cela pourrait ne pas être efficace. »

Ce n’est certainement pas un parcours sans embûches et les secteurs de la mode et de la beauté ont encore beaucoup de chemin à faire.

Veja continue d’utiliser du cuir, qui est un autre facteur de déforestation. Sebastian Kopp a déclaré que la marque s’assure toujours que les matériaux ne proviennent pas de zones déboisées, mais a également admis que la traçabilité au sein de la chaîne d’approvisionnement du cuir est compliquée. “Elle peut clairement manquer de transparence et les fournisseurs peuvent être nombreux, des exploitations agricoles jusqu’aux tanneries”, où la peau est transformée en cuir, a-t-il explicité avant d’ajouter que Veja prévoit de publier bientôt un rapport détaillé sur son site Web.

Le groupe collabore avec le Leather Working Group, une organisation à but non lucratif travaillant sur les pratiques durables, afin de s’assurer que les produits chimiques utilisés dans ses processus de tannage ne nuisent pas à l’environnement.

Kering, qui utilise également du cuir, déclare dans sa stratégie pour la biodiversité que le groupe ne travaille pas avec des fournisseurs s’approvisionnant dans des exploitations agricoles impliquées dans la déforestation de l’Amazonie. La société a réussi à tracer 90 % de son cuir jusqu’aux pays où les bovins ont été élevés ainsi qu’aux abattoirs et cherche, selon Katrina ole-MoiYoi, à atteindre les 100 % d’ici à 2025.

Concernant ses bracelets de montres, chaussures et sacs, Kering continue également d’utiliser le cuir de crocodile, c’est-à-dire la peau des crocodiles, alligators et caïmans. Elles proviennent de pays tels que Madagascar et les États-Unis, et sont transformées dans les tanneries appartenant à la société, situées en Normandie.

Le fait de tuer des animaux peut paraître contraire aux objectifs fixés pour préserver la nature, mais certains experts de la protection de l’environnement affirment que l’élevage géré avec prudence peut avoir des avantages nets pour la biodiversité. Une espèce qui a beaucoup de valeur aux yeux de l’homme peut aussi entraîner la protection de son habitat, a révélé Daniel Natusch, membre du groupe d’experts crocodiles, boas, pythons et lézards de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Par exemple, en Louisiane, il existe un endroit connu pour l’élevage d’alligators, où 20 nids seulement peuvent rapporter des dizaines de milliers de dollars chaque année. Il est donc rentable pour les propriétaires d’investir 150 000 $ américains par demi-hectare dans la restauration et la préservation des zones humides dégradées au fil des années par l’exploitation pétrolière, dans le but d’y accueillir de nouvelles générations d’alligators.

Daniel Natusch admet qu’il peut être contrariant, pour les amis des animaux comme lui, de “savoir qu’un si bel animal va être capturé... pour en faire un sac à main.” Cependant, il a constaté que le taux de mortalité des jeunes alligators dans la nature est de 90 % alors que les agriculteurs prennent seulement 80 % des œufs.

Un taux de mortalité plus faible et un habitat régénéré sont “une bonne nouvelle pour les alligators”, a-t-il affirmé, “mais c’est également extraordinaire pour les tortues serpentines, les poissons et tout le reste de la biodiversité présents dans cet habitat. L’UICN apporte donc son soutien car les zones humides séquestrent 50 fois plus de carbone que la forêt amazonienne en moyenne.”

Il est temps d’agir.

Alors que les points de départ, les priorités et les objectifs peuvent varier, toutes les personnes interrogées par le HuffPost étaient d’accord pour dire qu’il est indispensable que les secteurs de la mode et de la beauté agissent pour sauver la biodiversité. “Honnêtement, je ne pensais pas que cela se ferait de mon vivant”, confie Julie Stein.

Selon elle, la stratégie mise en place par Kering est particulièrement innovante, en partie grâce aux experts de la vie sauvage qui sont membres de l’équipe.

Julie Stein a également mentionné de potentiels défis et oublis dans les stratégies pour la biodiversité des marques dans l’ensemble : les programmes des entreprises sont souvent quelque peu superficiels lorsqu’il s’agit de définir et d’établir les objectifs. Ils ne se penchent pas assez sur des problèmes comme le besoin immédiat de protéger les espèces menacées et n’intègrent pas réellement les recommandations des experts des quatre coins du monde.

Cependant, elle souligne que les actions menées par les secteurs de la mode et de la beauté jusqu’à présent sont un bon début.

“Chacun d’entre nous doit faire tout son possible, et ce immédiatement”, affirme Samantha Deacon. “Si nous attendons cinq ou dix ans, ce sera trop tard. Aujourd’hui, il faut penser à la nature.”

La rubrique ”Work In Progress″ du HuffPost se focalise sur l’impact du commerce sur la société et l’environnement, et est soutenue par Porticus. Elle fait partie de la rubrique ”This New World″. Tous ces contenus sont indépendants sur le plan éditorial.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost États-Unis a été traduit de l’anglais.

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