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Ce qu'on ne comprend pas ne nous tue pas

Avoir la possibilité de cocher «parents» au lieu de «pères/mères», de choisir «X» pour son genre au lieu de «F/H» ou encore d'aller dans une toilette non-genrée ne cause tord à personne.
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Des toilettes neutres dans un aéroport, avec l'inscription suivante: «Tout le monde peut utiliser ces toilettes, sans égard à l'identité ou l'expression de leur genre.»
David Madison via Getty Images
Des toilettes neutres dans un aéroport, avec l'inscription suivante: «Tout le monde peut utiliser ces toilettes, sans égard à l'identité ou l'expression de leur genre.»

J'en conviens, il peut devenir rapidement difficile de saisir ce qu'une personne vit intrinsèquement. Comment une personne peut-elle être triste alors qu'il fait soleil? Comment une autre peut-elle être heureuse lorsque tout semble s'écrouler autour d'elle?

On n'a pas toujours la réponse, mais on finit tout de même par accepter l'émotion vécue par l'autre, sans l'attaquer ni la juger. J'ai rarement entendu quelqu'un nier l'existence d'une personne en raison des émotions vécues par celle-ci, même en l'absence de fondements qui semblent logiques. Personne ne «tolère» les émotions d'une personne, on les comprend. C'est pourtant l'inverse qui se produit, de façon analogique, avec les personnes s'identifiant à la diversité sexuelle et de genre.

D'entrée de jeu, une orientation sexuelle (l'attirance sexuelle envers un ou plusieurs genres d'une personne), une identité de genre (la perception d'une personne envers son propre genre) ou encore l'expression de genre (la façon dont la personne choisit d'exprimer son genre) ne sont pas des émotions.

L'orientation sexuelle, l'identité de genre et l'expression de genre sont en fait le contraire d'une émotion: c'est permanent, ça ne varie généralement pas et c'est de naissance.

Une émotion est passagère. Une émotion peut varier. Une émotion ne naît pas avec la personne qui la vit. L'orientation sexuelle, l'identité de genre et l'expression de genre sont en fait le contraire d'une émotion: c'est permanent, ça ne varie généralement pas et c'est de naissance. Pourquoi comprenons-nous alors quelque chose de passager, variable et qui n'est pas inné, et non le contraire?

L'acronyme 2sLGBTQ+ (qui peut s'allonger dans certains cas jusqu'à LGBTQQIP2sAA) apporte son lot d'incompréhensions. Comment une personne s'identifiant d'un genre X peut-elle ressentir de l'attirance pour le même genre? Comment une personne peut-elle ressentir de l'attirance pour plusieurs genres? Comment une personne peut-elle ne ressentir aucune attirance? Comment une personne née avec les caractéristiques biologiques d'un genre X peut-elle se sentir d'un genre Y? Comment une personne peut-elle ne s'identifier à aucun genre?

Toutes ces interrogations ont nécessité. Dans plusieurs cas, des années avant d'être découvertes par les principaux.les intéressé.e.s. Imaginez le temps qu'il faudrait pour trouver ces réponses. Les aspects biologiques, génétiques, héréditaires ou même encore décisionnels ont été explorés. Personne ne s'attend à ce que vous y trouviez une réponse. On s'attend à de l'ouverture.

Ce que vivent les gens s'identifiant à la diversité sexuelle et de genre est quelque chose d'intrinsèque. Quelque chose qui a souvent été découvert par un processus douloureux, parsemé de jugements, d'exclusions et d'incompréhension. Ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas ici de se victimiser. Simplement de contextualiser. Ces gens ont l'habitude des regards méprisants ou du rejet. Soyez le changement. Une question afin de mieux comprendre ce qu'une personne vit sera toujours mieux reçue qu'un jugement. Parce qu'encore, jugeriez-vous une personne qui est triste ou vous tenteriez de comprendre comment elle en est arrivée à être triste? L'analogie est valable en l'espèce.

Le seul choix que font ces personnes est celui d'affirmer ce qu'elles sont. Intrinsèquement, je le répète.

Évidemment, avant de comprendre, il faut admettre qu'il ne s'agit pas d'un choix. Le seul choix que font ces personnes est celui d'affirmer ce qu'elles sont. Intrinsèquement, je le répète. Personne ne choisit de se marginaliser, de se faire juger ou encore de se faire discriminer. Ceci étant dit, l'incompréhension est possible. Je ne comprends pas toujours les émotions d'autrui. Je n'ai pourtant jamais discriminé quelqu'un en raison de ma propre incompréhension d'une situation.

À celleux (contraction des déterminants «ceux» et «celles») qui y verront l'écroulement de la société traditionnelle, binaire et hétérosexuelle, ouvrez vos esprits. Plus de reconnaissance pour certaines personnes n'en apporte pas moins pour les autres. Des adaptations pour permettre à toustes (contraction des adjectifs «tous» et «toutes») de se sentir confortables ne sont pas un recul. Il s'agit d'une avancée.

Avoir la possibilité de cocher «parents» au lieu de «pères/mères», celle de choisir «X» pour son genre au lieu de «F/H» ou encore celle d'aller dans une toilette non genrée ne cause tord à personne. L'inverse n'est malheureusement pas vrai. Et encore à celleux qui ressentiront un sentiment d'incompréhension: ce qu'on ne comprend pas ne nous tue pas.

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