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Hydrocarbures québécois: quels scénarios possibles?

Plusieurs scénarios s’offrent au gouvernement du Québec, lui qui nous a habitués à des prises de décisions équilibrées et pragmatiques sur plusieurs dossiers. Espérons qu’il en sera de même pour celui-ci.
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Il existe des possibilités de réservoirs conventionnels de pétrole et de gaz naturel au Québec, notamment dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
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Il existe des possibilités de réservoirs conventionnels de pétrole et de gaz naturel au Québec, notamment dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.

Dans un précédent billet, je rappelais les deux raisons fondamentales d’exploiter nos propres ressources de pétrole et de gaz naturel au Québec.

En résumé, j’y stipulais qu’afin de maintenir notre niveau de vie, nous aurions réalistement encore besoin d’hydrocarbures pour plusieurs années. Dans ce contexte, il serait judicieux d’exploiter nos propres richesses naturelles puisque nous profiterions des bénéfices économiques liés à leur exploitation plutôt que d’importer 100% des ressources dont nous avons besoin. De surcroît, nous pourrions directement gérer les impacts environnementaux liés à la production du pétrole et du gaz naturel que nous consommons.

Mais voilà! La ruée vers le gaz de schiste de 2010 et la controverse qui s’en est suivie a causé une levée de boucliers qui a nettement fait ralentir la progression que l’industrie aurait dû connaître. Et c’est ce pour quoi, au Québec en 2019, nous n’exploitons toujours pas nos propres hydrocarbures.

Impératifs environnementaux

Il faut ajouter au portrait global de la situation la préoccupation de plus en plus prégnante au sein de la population québécoise en ce qui concerne la protection de l’environnement et la lutte aux changements climatiques.

Convenons-en, ce n’est pas ici qu’un effet de mode, mais plutôt un sentiment ancré dans des valeurs et des intérêts: ceux de voir les prochaines générations être en mesure de jouir d’une maison commune en aussi bon état que nous l’avons connu nous-mêmes.

Nombre d’initiatives de la part de citoyens, d’entreprises et des gouvernements tentent de répondre le plus adéquatement possible à cet espoir populaire.

J’y suis moi-même allé d’une proposition en ce sens, dans mon dernier billet de blogue. Afin de résoudre le problème climatique de façon efficace et juste, je rappelais l’importance d’un accord contraignant sur le climat et soulignais l’importance de penser ledit problème dans une perspective internationale.

Après tout, on juge un arbre à ses fruits, et non à la hauteur des sentiments dont il nous imprègne. Le contraire ne reviendrait qu’à fuir le réel.

Ainsi, derrière la sensibilité écologique sincère se cache une espérance qu’il ne nous faut pas trahir, sans quoi les gens perdront espoir.

Les Québécois pragmatiques

Malgré tout, le 19 décembre 2018, un sondage effectué par la firme Léger pour le compte de l’Institut économique de Montréal (IEDM) stipulait que 53% des répondants croyaient qu’il serait préférable que le Québec exploite ses propres ressources pétrolières plutôt que de continuer de les importer. Chez les électeurs de la CAQ, cet appui grimpe à 68%, faisant des sympathisants du parti de François Legault — de loin — les Québécois les plus favorables à l’exploitation des hydrocarbures d’ici.

C’est donc dire que, malgré la controverse de 2010, bien que les Québécois soient résolument favorables à la lutte aux changements climatiques, bien qu’ils souhaitent mettre les bouchées doubles pour effectuer la transition énergétique, ils demeurent convaincus que, tant que nous consommerons des hydrocarbures, il est tout à fait raisonnable d’exploiter les nôtres plutôt que de les importer.

L’heure des choix

Ce sur quoi il faut également insister, c’est qu’il est temps pour le Québec de trancher sur la question de l’exploitation de ses richesses naturelles, car il serait illusoire que l’on puisse remettre à bien plus tard l’exploitation de ressources d’hydrocarbures alors que l’on souhaite effectuer une ambitieuse transition énergétique.

En effet, les engagements du gouvernement du Québec sont d’avoir réduit de 80% à 95% nos émissions de GES en 2050 par rapport à celles de 1990. Cela ne nous laisse pas l’éternité pour décider si nous souhaitons aller de l’avant avec l’exploitation de nos richesses naturelles.

Croire que le statu quo est une position neutre dans ce débat est inepte, puisqu’il revient à choisir la voie de la non-exploitation.

À cela s’ajoute la nécessité de revoir les règlements devant appliquer la loi sur les hydrocarbures, puisque plusieurs «... de ces règlements limitent considérablement la portée de la loi à certains égards et rendent le travail des compagnies d’exploration presque impossible, constituant en quelque sorte un moratoire déguisé.»

En somme, nous n’avons plus le temps de tergiverser sur la question. Il faut trancher.

Compte tenu de ce contexte, quelle position adoptera le gouvernement du Québec?

Scénarios possibles

En gros, il y a trois scénarios envisageables pour le gouvernement, et qui dépendent de deux grandes questions auxquelles il doit répondre.

D’abord, le gouvernement doit trancher à savoir s’il est ouvert ou non à une exploitation des ressources d’hydrocarbures québécoises. Ensuite, il doit se positionner à savoir s’il souhaite — oui ou non — permettre la fracturation hydraulique.

1) S’il permet une exploitation ainsi que la fracturation hydraulique, il pourra donc y avoir de la production conventionnelle ainsi que non conventionnelle d’hydrocarbures au Québec.

2) Dans le cas où l’exploitation serait permise, mais pas la fracturation hydraulique, seules les réserves conventionnelles d’hydrocarbures pourraient être exploitées, et le gouvernement devrait racheter les permis nécessitant la fracturation hydraulique.

Il est à noter qu’il s’agit d’un scénario plausible, puisqu’il existe des possibilités de réservoirs conventionnels de pétrole et de gaz naturel au Québec, notamment dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.

Qui plus est, c’est ce pour quoi les questions i) de l’exploitation; et ii) de la fracturation hydraulique doivent être traitées séparément.

3) Dans le cas où l’exploitation ne serait carrément pas permise, le gouvernement se devrait de racheter l’ensemble des permis qu’il a mis en circulation au Québec, comme il l’avait fait sur l’île d’Anticosti.

Voici un graphique résumant les différents scénarios possibles:

Jean-François Thibault

En définitive, le Québec est à l’heure des choix, en ce qui concerne l’exploitation de ses ressources d’hydrocarbures.

Plusieurs scénarios s’offrent au gouvernement du Québec, lui qui nous a habitués à des prises de décisions équilibrées et pragmatiques sur plusieurs dossiers. Espérons qu’il en sera de même pour celui-ci.

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