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Coronavirus: le monde est confiné, les guerres continuent

Alors qu'une grande partie du monde est occupée à lutter contre la COVID-19, de nombreux conflits ont toujours lieu, voire s'intensifient en pleine pandémie.
Photo diffusée par Sana, l'agence d'État de la Syrie, montrant un enfant dans les décombres d'une maison qui aurait été détruite par un raid israélien le 27 avril.
ASSOCIATED PRESS
Photo diffusée par Sana, l'agence d'État de la Syrie, montrant un enfant dans les décombres d'une maison qui aurait été détruite par un raid israélien le 27 avril.

La pandémie de coronavirus a fait plus de 210 000 morts dans le monde au 28 avril, et forcé la moitié de l’humanité au confinement. Mais les conflits nés avant la COVID-19 n’ont pas pour autant été mis sur pause.

En Syrie, en Libye ou au Yémen, cette crise sans précédent ne fait qu’ajouter une urgence supplémentaire à une situation sanitaire et humanitaire déjà catastrophique. Ces dernières semaines, l’ONU a maintes fois appelé à des cessez-le-feu partout dans le monde pour aider à endiguer la progression de la maladie et éviter de nouveaux drames pour les populations victimes de ces conflits.

Ces mises en garde interviennent dans le contexte d’une course à l’armement plus intense que jamais à travers le monde. Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) publié lundi 27 avril, les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2019 leur plus haut niveau depuis la fin de la Guerre froide. La crise sanitaire pourrait toutefois pousser les pays occidentaux, durement touchés, à réduire leurs dépenses militaires... mais aussi à se détourner des processus de négociations à l’étranger.

Le HuffPost fait le point sur les conflits toujours en cours à travers le monde.

En Syrie, les raids continuent

Le nouveau coronavirus a commencé à prendre une ampleur internationale au moment où une nouvelle trêve entrait en vigueur début mars dans la province d’Idleb et ses environs du Nord-ouest syrien entre le régime et son allié russe d’un côté, les groupes jihadistes et rebelles - dont certains pro-turcs - de l’autre.

Les trois millions d’habitants de cette région avaient peu d’espoir de voir l’accalmie durer, épuisés par la dernière offensive meurtrière de Damas. Mais les craintes face à l’épidémie semblent contribuer à préserver cette trêve.

Aucune aide sanitaire n’est en revanche espérée dans cette région de la part de Damas. “Nul ne peut imaginer que le régime, qui a systématiquement visé les hôpitaux il y a trois semaines, fournira à ces mêmes hôpitaux des équipements médicaux la semaine prochaine”, a ironisé Mazen Gharibah, chercheur associé à la London school of economics (LSE), interrogé par l’AFP.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 380 000 morts.
AFP
Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 380 000 morts.

Près de la capitale, la situation est toujours très tendue. La Sana, un média d’État syrien, a annoncé lundi que trois civils avaient été tués dans des raids israéliens nocturnes dans la banlieue de Damas. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les raids ont ciblé des forces iraniennes et des combattants du Hezbollah libanais, des ennemis de l’État hébreu. Quatre combattants ont été tués, indique l’OSDH.

L’agence Sana évoquait encore le 20 avril des tirs de missiles qu’elle a imputés à Israël contre des cibles dans le désert central de Palmyre, ayant tué trois combattants syriens et six autres étrangers, selon l’OSDH. Israël, qui confirme rarement ses opérations en Syrie, martèle régulièrement qu’il ne laissera pas le pays devenir la tête de pont de Téhéran et continuera ses raids.

“Il y a un désastre en gestation”, affirme Emile Hokayem, chercheur à l’Institut international des études stratégiques (IISS) de Londres, constatant la “faiblesse flagrante des discussions pour geler, même momentanément, les conflits dans la région”.

En Libye, “un conflit qui s’intensifie”

Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée aujourd’hui par une lutte de pouvoir entre Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen appuyé par un parlement, et le gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l’ONU. Le maréchal Haftar tente depuis un an de s’emparer de Tripoli, et le conflit a fait jusqu’ici des centaines de morts, dont des dizaines de civils, ainsi que plus de 200 000 déplacés.

La Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a dénoncé mi-avril une escalade dans les violences, dont des actes de représailles dans des villes de l’ouest du pays, conquises par les forces du GNA. “Nous avons maintenant (...) un conflit qui s’intensifie, directement alimenté par des parties externes”, affirmait le 23 avril l’adjointe de l’émissaire de l’ONU, Stephanie Williams, évoquant des violations de l’embargo sur les armes par des pays accusés d’approvisionner les deux camps.

L’Allemagne, la France, l’Italie et le haut représentant de l’Union européenne ont appelé samedi à une “trêve humanitaire” à l’occasion du ramadan. “Le conflit se poursuit avec la même intensité et les développements des dernières semaines suscitent des inquiétudes accrues, en particulier pour la population libyenne, qui souffre depuis trop longtemps”, regrettent-ils dans un communiqué.

Mais le maréchal Khalifa Haftar a promis lundi de poursuivre son offensive contre Tripoli, assurant avoir obtenu le “mandat du peuple” pour gouverner la Libye. Le GNA a dénoncé une “farce et un nouveau coup d’État qui s’ajoute à une série d’autres ayant commencé il y a des années”.

En Afghanistan, la trêve “humanitaire” refusée

Les talibans ont refusé dimanche de mettre en place un “cessez-le-feu humanitaire” en Afghanistan, demandé quelques heures plus tôt par l’émissaire américain chargé de négocier avec eux pour faciliter la lutte contre un “ennemi commun”: le coronavirus.

“Le ramadan est l’occasion pour les talibans d’accepter le cessez-le-feu humanitaire afin de réduire la violence et de suspendre leurs opérations d’offensive militaire jusqu’à la fin de la crise sanitaire.”

Selon l’accord américano-taliban signé fin février, Washington a promis un retrait total des forces étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, à condition que les insurgés respectent des engagements sécuritaires et entament un dialogue avec Kaboul. Mais les talibans sont en conflit avec Kaboul depuis des semaines au sujet d’un échange de 5000 prisonniers talibans contre 1000 membres des forces afghanes, un point clé de l’accord signé fin février, mais non ratifié par les autorités afghanes.

Les insurgés ont récemment intensifié leurs attaques contre les forces afghanes, tuant des dizaines de soldats et policiers dans une série d’attaques la semaine dernière.

Au Yémen, un accord de paix rompu

Les séparatistes du sud du Yémen ont proclamé dimanche l’autonomie après l’effondrement d’un accord de paix avec le gouvernement, compliquant le conflit qui sévit depuis des années dans ce pays exsangue, théâtre d’une grave crise humanitaire.

Le principal affrontement armé au Yémen oppose les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et qui contrôlent notamment le nord du pays dont la capitale Sanaa, aux forces gouvernementales, appuyées militairement par une coalition emmenée par l’Arabie saoudite. Mais le camp loyaliste est aussi le théâtre de profondes divisions, entre le gouvernement en exil à Aden (sud) et un mouvement séparatiste, le conseil de transition du sud (STC).

Si un accord avait été trouvé à l’automne pour geler ce différend, le STC a accusé dimanche le gouvernement de ne pas avoir rempli ses obligations et d’avoir “conspiré” contre la cause du Sud.

La rupture entre ces ex-alliés intervient alors que la coalition dirigée par Riyad a prolongé un cessez-le-feu unilatéral vis-à-vis des Houthis, afin selon elle de freiner la pandémie de nouveau coronavirus. Cette offre a toutefois été rejetée par les Houthis, et les combats se sont poursuivis dans ce pays ravagé par la guerre.

Israël prépare l’annexion de pans de la Cisjordanie

Depuis 1967, la Cisjordanie est occupée illégalement, au regard du droit international, par Israël. La semaine dernière, et après des mois de crise politique, le pays s’est engagé sur la voie d’un gouvernement d’union qui prévoit notamment la “souveraineté” d’Israël dans les “implantations en Judée et Samarie”, expression utilisée pour évoquer l’annexion des colonies et de régions en Cisjordanie.

Une réunion d’urgence extraordinaire (par visioconférence) des ministres des Affaires étrangères arabes, convoquée par l’Autorité palestinienne, se tiendra jeudi au Caire à ce sujet. Elle doit évoquer “les mesures que pourraient prendre les États arabes en cas (...) d’annexion par Israël de la Cisjordanie ou de certaines zones” de ce territoire, selon Hossam Zaki, secrétaire général adjoint de l’institution.

Le coordinateur spécial de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a mis en garde contre la mise en œuvre des projets d’annexion, qui représenterait un “coup dévastateur à la solution à deux États” préconisée par la communauté internationale. Malgré la pandémie de COVID-19, “la confrontation et les combats se poursuivent avec un bilan humain de la guerre qui continue de croître”, a-t-il déploré.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

À VOIR: attentat au camion-citerne en Syrie

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