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Cafouillage anti-démocratique au sein d’associations étudiantes

La tenue d’une GGI, avant même le dépôt du ministre de l’Éducation et la production de rapports sur la question, témoigne d’un manque flagrant d’imagination des associations étudiantes.
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Les étudiants ont fait part de plusieurs revendications, sous forme de grèves ou de manifestations qui ont eu cours dernièrement au Québec, dont celles plaidant pour de meilleures politiques environnementales, à Montréal, le 22 février 2019.
JULIEN BESSET/AFP/Getty Images
Les étudiants ont fait part de plusieurs revendications, sous forme de grèves ou de manifestations qui ont eu cours dernièrement au Québec, dont celles plaidant pour de meilleures politiques environnementales, à Montréal, le 22 février 2019.

Afin de faire pression sur le gouvernement Legault, des dizaines de milliers d'étudiants du Québec seront en grève durant la semaine du 18 mars. Une partie considérable de ces mêmes étudiants enclenchera ensuite un processus menant à une grève générale illimitée (GGI).

Assisterons-nous à une tendance au ralliement ou plutôt à la défection?

Interrogation des plus intéressantes. Toutefois, ce qui me préoccupe davantage concerne la primauté des intérêts collectifs et le respect de la démocratie. En effet, bien que les associations étudiantes aient gagné leur pari en réunissant une bonne partie des instances étudiantes du Québec, plusieurs membres ont tout de même le sentiment d'avoir été censurés au cours du processus. Tel est mon constat.

L'amélioration des conditions de stage au Québec est un enjeu sociétal majeur. Les stages non rémunérés constituent en soi un travail bénévole. Cela force donc des milliers d'étudiants à exercer des horaires intenables et constitue un facteur de stress et d'iniquité qui n'a pas sa place chez les jeunes Québécois.

Les discussions entourant la question se doivent d'être davantage alimentées. Il est impératif de tendre vers un consensus aboutissant à des résultats améliorant significativement les conditions des stagiaires. Pour ce faire, les associations doivent se positionner et établir leur plan de match.

Dans ce genre de situation, ces instances sont habituellement responsables, plutôt informellement que de façon formelle, de procéder à une concertation afin d'obtenir une vue générale de l'opinion de ses membres; l'objectif étant de s'orienter par le biais d'un vote en assemblée générale. Tous les membres sont convoqués à ces exercices démocratiques. Nous en conviendrons, un consensus absolu n'est que rarement atteignable, les réfractaires sont parfois plus que nombreux et nous en fûmes d'ailleurs témoins en 2012.

Les assemblées veulent être des lieux d'échanges et de débats qui permettent aux étudiants de se positionner et de voter en connaissance de cause.

Pour que les différents votes puissent s'exercer de façon libre et éclairée, les présidents et exécutants d'associations se doivent, de facto, d'être impartiaux, objectifs.

Qu'en est-il de la réalité?

La transmission de l'information, la mobilisation et la discussion entourant la grève ont-elles été influencées par la non-objectivité de ces derniers? Y a-t-il eu manque démocratique?

Pour ma part, ces questions se sont concrétisé davantage le 11 février 2019, date de la tenue de l'assemblée générale de mon association étudiante, l'Association facultaire des étudiantes et étudiants des sciences humaines de l'UQAM (AFESH).

Alors que l'UQÀM veut être une université juste, inclusive et valorisant une participation et une implication active, l'AFESH ne semble pas vouloir emprunter le même chemin.

En effet, j'ai pu constater, lors de cette soirée, une certaine limitation, voire une censure du droit de parole des membres ayant une approche différente de celle des exécutants. Plusieurs étudiants soulevèrent divers arguments dans le but de discuter du momentum ainsi que de la pertinence de tenir une GGI dès l'hiver. Ils furent, pour la plupart, muselés, voire attaqués à coup d'arguments vides visant à clore le débat sans échanges réels.

Propositions non recevables, partisanerie du présidium, monopolisation des tours de paroles par un groupe défendant la même position que l'association et plusieurs mesures pouvant être considérées comme entraves à la démocratie furent utilisées par l'AFESH afin d'orienter le débat.

La discussion a-t-elle encore sa place?

J'en doute. Considérant déjà le faible taux de participation, alors que ce sont moins de 500 étudiants qui ont pu juger des démarches à entreprendre au nom des 4200 membres, il me semble plus que déplorable d'y opérer, de surcroît, une forme de contrôle procédural antidémocratique. Même si ce ratio respecte les statuts et règlements de l'organisation, il se veut, placé dans un tel contexte, démonstratif de la non-représentativité de la décision prise lors de cette soirée.

Sans compter que hâtivement demandée, la question préalable vint aussitôt clôturer au débat. Dans les faits, il ne fut possible que de discuter d'une proposition initiale de grève faite par l'AFESH, ainsi que sur différents amendements dans leur unicité avant de les adopter. Par la suite, plutôt que de discuter sur la proposition amendée à maintes reprises, nous fûmes, contrairement à ce que permettent les procédures, prématurément soumis au vote.

Manque d'objectivité du présidium? Tentative de muselage? D'après moi, sans aucun doute!

Cette situation est plus que désolante! Plusieurs associations réussissent à trouver des solutions pertinentes et efficaces pour soutenir la lutte en faveur de la rémunération des stages, alors que d'autres semblent contraindre leurs membres à voter un mandat de GGI préfabriqué oubliant qu'une réelle concertation pourrait être plus représentative et plus propice au ralliement.

C'est ce genre de situation qui, selon moi, mène à la défection, au cynisme et à la démobilisation de la classe étudiante dans son intégralité.

Bien que les associations étudiantes aient réussi à mettre en grève des milliers d'étudiants au Québec et à sensibiliser les gens sur la question de la rémunération des stages, c'est seulement la mobilisation à long terme qui fera une pression réelle sur le gouvernement et qui permettra un changement.

Loin de moi l'idée de faire de ce constat une généralisation et de pointer du doigt toutes les associations étudiantes du Québec, mais je suis tout de même convaincu qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé. Je suis également certain d'une chose. C'est davantage par la poursuite de la discussion et par une réelle consultation qu'il sera possible de préparer un plan d'actions et de mobilisation suivant réellement une escalade percutante des moyens de pression.

La tenue d'une GGI avant même le dépôt du ministre de l'Éducation et la production de rapports sur la question témoigne d'un manque flagrant d'imagination des associations étudiantes.

J'invite donc tous les étudiantes et étudiants à considérer l'existence d'une avenue aboutissant à de meilleurs résultats, pour la rémunération et la reconnaissance des stages, pour la solidarité, la démocratie et la représentativité des associations étudiantes, pour une utilisation efficace et cohérente de l'escalade de nos moyens de pression, pour les étudiantes et étudiants du Québec!

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