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J’ai fait une grève de la faim pour la planète

J'essaie de ne pas être alarmiste, mais c'est alarmant.
Denis Daviault a participé à la grève de la faim initiée par Extinction Rébellion.
Courtoisie/Denis Daviault
Denis Daviault a participé à la grève de la faim initiée par Extinction Rébellion.

Les propos de ce témoignage ont été recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.

Je m’implique depuis plusieurs années pour l’environnement par mes réflexions et par mon mode de vie. J’essaie de consommer moins, d’acheter local, d’éviter le suremballage, d’acheter en vrac.

Ça fait longtemps que je réfléchis sur la consommation. Quand j’avais 18 ans, c’était l’époque des hippies. On prônait un changement dans l’alimentation par un retour à la terre. Ça nous a fait prendre conscience qu’on pouvait manger beaucoup moins si on mangeait mieux.

J’ai vu dans les derniers mois sur Facebook qu’Extinction Rébellion organisait une grève de la faim à travers le monde du 18 au 25 novembre dernier. Ça m’a vraiment interpellé. J’ai participé en espérant que ça éveille des consciences.

Je n’ai pas arrêté de manger du jour au lendemain. Le processus a duré 28 jours en tout. Pendant les 14 premiers jours, je me faisais des smoothies avec des fruits et des céréales et le soir je mangeais une petite assiette de légumes. Après, c’était ma semaine de jeûne, où je ne prenais que de l’eau et des tisanes. Les sept derniers jours, j’ai recommencé avec les smoothies le matin et l’assiette de légumes le soir. J’ai ensuite recommencé à manger normalement.

“Je voulais que ce geste-là devienne un acte d’appel, de dénonciation et de réflexion.”

Il y a eu des moments lors de mon jeûne où l’envie d’un petit repas me passait par la tête. Mes proches me disaient: «Va donc manger!» Ils mangeaient à côté de moi pendant que je buvais de l’eau.

J’ai perdu 27 livres pendant ces 28 jours. J’ai pris conscience que l’on consomme vraiment trop d’aliments pour rien. Depuis, je mange beaucoup moins qu’avant. Et ce n’est pas parce que je n’ai pas faim. Mais quand mon appétit est rassasié, j’arrête de manger. Avant ça, je pouvais manger plus parce que je trouvais ça bon.

Pour moi, prendre part à cette action, c’était le summum de l’implication personnelle; c’est-à-dire de prendre une pause et d’arrêter de consommer et de produire. Je voulais que ce geste-là devienne un acte d’appel, de dénonciation et de réflexion sur la consommation, l’extinction et l’extraction qui sont en cours sur la planète depuis des centaines d’années.

“Nous sommes devant une catastrophe annoncée.”

Cette grève de la faim m’a permis de sentir dans ma chair la perte de la biodiversité qui nous envahit et nous tue à petit feu. Pendant mon jeûne, j’ai pu prendre le temps de réfléchir énormément et de lire sur le sujet. Ma prise de conscience s’est raffermie.

Nous sommes devant une catastrophe annoncée.

J’essaie de ne pas être alarmiste, mais c’est alarmant.

Si tout le monde commence tranquillement à consommer un petit peu moins, ça va faire boule de neige. Il faut éliminer les Black Friday et les Boxing Day de ce monde. C’est ridicule d’inciter les gens à consommer de plus en plus.

Si on reste seul chez soi et qu’on pense à tout ça, c’est sûr qu’on devient anxieux. Je pense que l’écoanxiété peut être estompée par l’action. Il faut que les gens se prennent en main et réalisent qu’ils ont un poids politique, économique et social entre les mains et qu’ils doivent l’utiliser.

Il y a tellement d’espèces qui meurent. Il faut que ça nous interpelle et que ça nous dérange. Ça nous tue petit peu par petit peu. Quand nous n’aurons plus ce qu’il faut pour manger, boire et respirer, nous serons assez mal placés pour survivre. Et ce sera aussi le cas pour les 1%, les plus riches. Ils seront dans leur bunker ou sur leur petite île éloignée, mais ils vont couler comme tout le monde.

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

Propos recueillis par Florence Breton.

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