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Le gouvernement Couillard était divisé sur le registre des armes à feu, confirme une ex-ministre libérale

Selon Julie Boulet, il y avait une «scission assez profonde» entre les députés des villes et ceux des régions.
«De toute évidence, il y a une déconnection profonde avec le milieu rural», estime Julie Boulet, ex-ministre du Tourisme.
La Presse canadienne
«De toute évidence, il y a une déconnection profonde avec le milieu rural», estime Julie Boulet, ex-ministre du Tourisme.

QUÉBEC - L'idée de créer un registre québécois des armes à feu a fait l'objet d'un débat «déchirant» entre les députés libéraux des grands centres et ceux des régions du temps du gouvernement Couillard, révèle l'ex-ministre Julie Boulet.

«C'était très partagé, confirme Mme Boulet en entrevue avec le HuffPost Québec. Il y avait les gens des grandes villes qui ne voyaient pas ce dossier-là comme les gens des régions.»

Même si elle dit comprendre que «les gens ont des craintes, avec raison» à la suite des tragédies de la Polytechnique, du Collège Dawson et à la mosquée de Québec, l'ancienne ministre du Tourisme dit que la préoccupation est toute autre en région.

Le Parti libéral, c'est rendu le Parti de Montréal.Julie Boulet, ex-ministre du Tourisme

«Chez nous, la réalité, c'est les chasseurs. C'était vraiment déchirant au caucus parce qu'il y avait une scission assez profonde entre la réalité et la vision des deux mondes», dit-elle.

Mme Boulet, qui a été élue à six reprises dans la circonscription de Laviolette en Mauricie, a décidé de ne pas se représenter en 2018. Elle disait que «la motivation et l'énergie ne sont plus au rendez-vous».

Depuis, elle commente l'actualité à l'antenne du 106,9 FM en Mauricie deux fois par semaine. C'est d'ailleurs lors de sa chronique du 14 janvier dernier qu'elle a évoqué ces divisions au caucus libéral.

L'extrait a ensuite été partagé sur les réseaux sociaux par Guy Morin, un militant contre le registre des armes à feu.

Comme le note son ex-collègue Christine St-Pierre, Mme Boulet a voté en faveur de la loi pour créer un registre des armes à feu, comme tous ses collègues d'ailleurs. L'ex-premier ministre Philippe Couillard avait imposé la ligne de parti sur cet enjeu.

En entrevue, Mme Boulet dit que les députés des régions, comme elle, ont fini par se rallier aux arguments sur la sécurité défendus par M. Couillard «parfois avec un peu de scepticisme».

Le gouvernement Legault a annoncé plus tôt cette semaine des assouplissements à la Loi sur l'immatriculation des armes à feu afin de convaincre le plus grand nombre de propriétaires de s'enregistrer avant la date butoir, soit le 29 janvier.

Alain Cossette, DG de la Fédération des chasseurs et pêcheurs, s'est rallié à l'annonce de la ministre Geneviève Guilbault.
HuffPost Québec
Alain Cossette, DG de la Fédération des chasseurs et pêcheurs, s'est rallié à l'annonce de la ministre Geneviève Guilbault.

Mme Boulet reconnaît que la Coalition avenir Québec a fait un «bout de chemin» sur des éléments «contraignants» de la loi. Mais elle doute que ce sera suffisant pour que les propriétaires d'armes s'enregistrent «massivement» d'ici quelques jours.

Malgré tout, le gouvernement ne devrait pas abandonner le registre à son avis.

«Il faut lui donner une chance, voir si ça peut fonctionner. Ce sont 20 millions $ qui ont été investis, plus une récurrence de 5 millions $ à tous les ans. D'un coup qu'on a décidé que le Québec était pour mettre ce registre-là en place, il faut lui donner une chance.»

La reconstruction du PLQ passe par les régions

Malgré cette grogne apparente à l'endroit du registre des armes à feu, Mme Boulet estime qu'il s'agit d'un élément «marginal» qui a provoqué la défaite historique du Parti libéral du Québec auprès des électeurs francophones et en région.

«Il y a des dossiers qui ont fait beaucoup plus mal que ça en région, notamment les salaires des médecins spécialistes. Ça, ça a été un gros dossier», relate-t-elle. Le message de la CAQ sur l'immigration a aussi résonné auprès des électeurs hors des grands centres, à son avis.

«De toute évidence, il y a une déconnection profonde avec le milieu rural. Le Parti libéral, c'est rendu le Parti de Montréal. Il reste deux collègues en Outaouais, un à Québec...»

L'ex-ministre est catégorique: les libéraux devront entamer une «introspection profonde» et connecter de nouveau avec les réalités des régions. «Ils n'auront pas le choix.»

Elle n'exclut pas de participer à cette reconstruction. «Mais encore faut-il qu'on se sente écoutés, précise-t-elle. On avait l'impression parfois que les régions, c'était un autre univers. Il y avait les grands centres et il y avait les régions.»

Mais cette bataille, elle a toujours lieu peu importe le parti, précise Mme Boulet. «Il y a un prix à l'occupation du territoire. Il faut que les gouvernements soient sensibles parce qu'on ne peut pas tous déménager à Montréal ou à Québec.»

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