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Gilles Cloutier et les colonnes du temple

Le nouveau témoin de la commission Charbonneau, Gilles Cloutier, secoue les colonnes du temple en ce qui a trait au financement des partis politiques. En quelques heures de témoignage , il a étalé sur la place publique les méthodes utilisées depuis des décennies pour faire circuler l'argent illégal dans les coffres des partis, au municipal d'abord, mais également au provincial.
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Radio-Canada

Le nouveau témoin de la commission Charbonneau, Gilles Cloutier, secoue les colonnes du temple en ce qui a trait au financement des partis politiques.

En quelques heures de témoignage, il a étalé sur la place publique les méthodes utilisées depuis des décennies pour faire circuler l'argent illégal dans les coffres des partis, au municipal d'abord, mais également au provincial.

À son tour, il contribue à faire volet en éclats la grande illusion voulant que la politique au Québec soit plus propre qu'ailleurs dans le monde, ou qu'on ait tout réglé il y a 30 ans.

Gilles Cloutier a 73 ans et a débuté dans l'organisation d'élections à l'époque de Maurice Duplessis où on achetait des votes avec des vaches, des électroménagers, ou en promettant un bout d'asphalte.

Les méthodes ont évolué, a-t-il expliqué, mais le financement occulte est plus vivant que jamais.

Il a travaillé pendant 10 ans, de 1995 à 2005, pour le groupe Roche avant de traverser chez son concurrent Dessau qui le trouvait très efficace dans le «développement des affaires».

Dès 1977, les entreprises ont appris à contourner la toute nouvelle loi sur le financement des partis politiques en recourant massivement aux prête-noms. Ceux-ci étaient faciles à recruter, car grâce aux crédits d'impôt, c'était payant.

Pendant tout ce temps, personne, y compris le DGE, n'a rien vu?

Lorsque le gouvernement, en 2006, a mis fin à l'attribution des contrats de gré à gré dans les villes et instauré la notion de plus bas soumissionnaire, les firmes de génie-conseil et les entrepreneurs ont mis au point le système collusionnaire et présenté des soumissions-bidon.

Pourquoi s'arrêter en si bon chemin? On a donc développé le concept d'élections clé en main. Un candidat à la mairie fait appel à Gilles Cloutier qui organise l'élection. Devant la Commission, Gilles Cloutier a démonté cette mécanique électorale qui lui aurait permis de tremper dans une soixantaine de campagnes.

Après la victoire, c'est le retour sur l'investissement et on se partage la galette. Gilles Cloutier a même souligné, qu'au début, il était trop gourmand et s'emparait de tous les contrats ce qui éveillant des soupçons!

Voilà en vrac les révélations du témoin.

Les partis provinciaux et municipaux sont financés très majoritairement par de l'argent sale qui provient des entreprises. Bien des formations politiques tiennent une double comptabilité - le budget 1 et le budget 2 - pour payer des dépenses avec du comptant.

Les bénévoles se font rarissimes et se font payer souvent en dessous de la table. Des entreprises prêtent des pseudo-bénévoles qui demeurent sur la liste de paie.

En 1980, le camp du NON a utilisé de l'argent illégal pour se payer des panneaux publicitaires. Frank Zampino, le n° 2 de Montréal, aurait contacté le Groupe Richer et Marc-Yvan Côté, ex-ministre libéral passé chez Roche, pour faire sonner la caisse électorale.

Non satisfait d'expliquer la mécanique Gilles Cloutier donne des noms, Marc-Yvan Côté, Gilles Vailancourt, Frank Zampino, Gérald Tremblay, Guy Ouellette (qui l'a congédié)...

Surtout, avec lui, on pénètre dans les coulisses de la politique et constate comment les firmes de génie-conseil ont «organisé» la démocratie.

Les politiciens sont toujours prompts à accoucher d'une législation pour corriger un problème. C'est particulièrement vrai avec le gouvernement Marois qui se vante, tous les jours, d'avoir enrayé la corruption en multipliant les lois.

Un témoignage comme celui de Gilles Cloutier souligne qu'il faut y ajouter la police, la justice et une vigilance constante.

Depuis plus de 30 ans, nous serions donc victimes d'un aveuglement volontaire collectif.

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Tony Accurso

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