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Gatineau : un parti politique, «kessé» ça donne?

Pour la première fois de son histoire récente, Gatineau a connu une administration municipale sous la gouverne d'un parti politique.
Newzulu

Pour la première fois de son histoire récente, Gatineau a connu une administration municipale sous la gouverne d'un parti politique. Quatre ans plus tard, quel est le bilan du maire Maxime Pedneaud-Jobin? A-t-il réussi à concrétiser ses principales promesses?

NDLR: Le HuffPost Québec a dressé le bilan des promesses phares des maires des cinq plus grandes villes du Québec: Montréal, Québec, Laval, Gatineau et Longueuil. Les entrevues ont été diffusées au cours des derniers jours.

M. Pedneaud-Jobin a créé des remous en 2013 lorsqu'il a créé son parti, Action Gatineau. Pour une fois, les électeurs gatinois avaient un programme clair et complet sur lequel ils pouvaient s'appuyer pour exprimer leur vote.

«On était la dernière grande ville du Québec qui n'avait pas de parti. Mais les pouvoirs locaux prennent de plus en plus de place. Le gouvernement de proximité a de plus en plus de responsabilités. Ça prend des programmes beaucoup plus vastes qu'avant», affirme le maire en entrevue au HuffPost Québec.

M. Pedneaud-Jobin n'a remporté que cinq sièges sur les 18 en jeu. N'empêche, il a réussi à faire adopter la plateforme de son parti, qui est devenu le Programme du conseil municipal 2014-2017.

Alors, ce programme, qu'en est-il devenu?

Mettre Gatineau sur la map

À l'instar de Denis Coderre, qui affirme à qui veut l'entendre qu'il a «remis Montréal sur la map», M. Pedneaud-Jobin a voulu augmenter l'influence de Gatineau sur les scènes régionale, provinciale et fédérale. À ce sujet, il a promis de nommer un responsable des affaires gouvernementales.

Promesse tenue? Non. Ce qui ne l'empêche pas de déclarer victoire.

«On a quand même obtenu que Gatineau ait un siège dans la Commission de la capitale nationale. On a signé une entente transport avec Ottawa. On a été présents dans le dossier de la lutte à la collusion. J'ai présidé le caucus des grandes villes de l'Union des municipalités du Québec.»

M. Pedneaud-Jobin promet de nommer un responsable des affaires gouvernementales au cours du prochain mandat. Entre-temps, les responsabilités sont partagées entre les membres de son cabinet.

Revenus fiscaux limités

Le maire sortant de Gatineau prévoyait utiliser son influence accrue pour réclamer une diversification des sources de revenus. Actuellement, les municipalités dépendent principalement des taxes foncières, qui constituent 87% des revenus de Gatineau.

«Plus de la moitié de nos services sont des services à la personne, comme les loisirs et la culture, alors que le système de taxation est basé sur les services à la propriété», souligne M. Pedneaud-Jobin.

Les résultats sont moins reluisants qu'espérés. Certes, le projet de loi 122 a donné un pouvoir général de taxation aux municipalités... avant de dresser une liste de choses qui ne peuvent être taxées.

M. Pedneaud-Jobin réclamait qu'une portion de la taxe de vente soit transférée aux municipalités. Peine perdue.

«Il y a eu des gains de faits, note le maire. On peut taxer les stationnements et facturer les frais de croissance [NDLR: ces frais couvrent l'augmentation du coût des services dus à l'augmentation de la population après un projet résidentiel]. Mais la diversification des revenus doit venir avec des revenus considérables. Un seul point de la TVQ représenterait 50 M$ par année pour une ville comme Gatineau.»

Lutte à la collusion

Lors de la Commission Charbonneau, Gatineau est ressortie comme étant l'une des nombreuses victimes des stratégies de collusion des firmes de génie-conseil. M. Pedneaud-Jobin a promis d'analyser l'ensemble des contrats octroyés par la Ville entre 2002 et 2013. Le but: récupérer l'argent versé en trop aux collusionnaires qui gonflaient les factures.

Moins d'un an après son élection, il dévoilait les résultats du rapport: la Ville aurait payé près de 30% trop cher jusqu'en 2009.

M. Pedneaud-Jobin a d'ailleurs poussé pour obtenir le Programme de remboursement volontaire, qui permet aux firmes de rembourser une partie de l'argent sans passer par les tribunaux.

«Nous avons investi beaucoup d'énergies pour recouvrir l'argent des collusionnaires. [...] Je ne crois pas avoir le droit de dire combien d'argent a été recueilli jusqu'ici, mais ce qu'on sait, c'est qu'il y a des firmes qui se sont avancées pour le rembourser volontairement», affirme-t-il.

Les résultats du programme volontaire seront dévoilés par le gouvernement provincial en 2018.

Pas d'Office de consultation publique

«Un de mes regrets de ce mandat, c'est de ne pas avoir réussi à concrétiser l'office consultation publique. On va le faire dans le prochain mandat», affirme d'emblée Maxime Pedneaud-Jobin.

Le chef d'Action Gatineau avait promis un office de consultation sur le modèle de ce qui se fait à Montréal et ailleurs, mais il n'a pas pu le livrer. Ce qui ne veut pas dire que rien n'a été fait en ce sens. La Ville a bel et bien mené des consultations publiques, mais celles-ci ont été dirigées par les services municipaux concernés.

«Un office serait un moyen de consulter à distance de la Ville. Il faut qu'il y ait une distance entre la consultation et les autorités qui travaillent sur le projet», affirme-t-il.

L'administration de M. Pedneaud-Jobin est d'ailleurs une des seules au Québec qui souhaite maintenir les référendums municipaux. Québec a récemment permis aux villes d'abolir ce mécanisme de démocratie directe.

Un réseau cyclable utilitaire

Gatineau a de très belles pistes cyclables, notamment le long de la rivière des Outaouais et du parc de la Gatineau. Mais M. Pedneaud-Jobin a promis de créer un réseau cyclable utilitaire afin de faciliter l'utilisation du vélo pour les déplacements quotidiens.

«Gatineau a des pistes cyclables, mais il faut brancher les pistes les unes aux autres, illustre le maire. Il y a des pistes où il manque seulement un tronçon de 30 mètres pour se rendre sur une autre.»

Réussite? Dur à dire. Le plan directeur vélo n'a été soumis que récemment à une consultation publique et le rapport ne sera dévoilé qu'en 2018. Mais le budget alloué au réseau cyclable est passé de 1 M$ à 4 M$.

Alors, kessé ça donne?

M. Pedneaud-Jobin estime que les partis politiques municipaux sont désormais nécessaires. Il estime même avoir innové en la matière.

«On a beaucoup innové dans la structure du parti. La ligne de parti se limite strictement au Programme du conseil municipal que nous avons signé. Pour le reste, les gens font ce qu'ils veulent. J'ai perdu des votes au sein de ma propre équipe», affirme-t-il.

Les partis seront-ils un phénomène permanent ou un feu de paille? Les électeurs gatinois auront le dernier mot le 5 novembre.

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